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THUNDER ROAD

de Jim Cummings ****

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Avec Jim Cummings (II), Kendal Farr, Nican Robinson

Jimmy Arnaud, policier texan fraîchement divorcé essaie tant bien que mal d'élever sa fille alors que le décès récent de sa mère l'a anéanti.

Qu'est-ce qui m'a incitée à voir ce film ? 
Cette petite phrase dans Télérama :

"Portée à bout de bras par Jim Cummings, acteur prodigieux, mais aussi réalisateur, scénariste et producteur, cette chronique réussit à garder intactes, pendant une heure et demie, la tension et la folie du plan-séquence d’anthologie qui ouvre le film". Moi qui aime les performances, je ne voulais à aucun prix rater ce plan séquence et je souhaitais plus que tout découvrir un acteur prodigieux. Comme quoi il est parfois utile de lire une critique avant d'hésiter à aller voir un film. Merci Jérémie Couston.

J'avoue que, compte tenu de l'affiche, je m'attendais plutôt à une farce lourdingue. Mais ce film fait mentir quelques certitudes que j'ai pu asséner. Je dis souvent regretter quand un réalisateur hésite entre drame et comédie et qu'on ne sait plus à quel saint se vouer pour réagir et ressentir. Ici d'un instant à l'autre on bascule d'une émotion à l'autre, voire on les éprouve simultanément. Ce qui n'est pas rien et pas forcément confortable. On rit et on a le cœur serré. On est prêt à pleurer et le rire survient brusquement. Déjanté et bouleversant, ce film m'a enthousiasmée au plus haut point.

J'ai parfaitement conscience qu'il ne peut faire l'unanimité. Je crois même qu'on ne peut que l'adorer ou le détester tant il est étrange et déroutant et que certains l'ont même trouvé embarrassant. Je suis vraiment ravie, et plus que cela, de faire partie de la première catégorie. Quel bonheur de découvrir un film tellement différent, totalement barré, excessif mais aussi unique en son genre ! Et pourtant il ne traite pas de sujets légers et je ne vous révèlerai pas la liste des ennuis maousses que le personnage principal doit affronter. C'est une espèce de cascades d'emmerdes et de déconvenues qui s'abattent sur lui. J'y ai cru parce que la vie parfois, c'est ça. Mais ce n'est évidemment pas uniquement le réalisme tout relatif qui m'a séduite. Jimmy pourrait être un taré de plus. Dans cette Amérique qui l'autorise à tout citoyen, il possède une arme. C'est d'autant plus justifié qu'il est flic alors que son état mental alarmant fait craindre qu'il l'utilise à mauvais escient.

Thunder Road est le titre d'une chanson du Boss que chantait la mère de Jimmy pour l'endormir. On ne l'entendra hélas pas dans le film bien que Bruce Springsteen ait donné son accord pour l'utiliser. Autre pied de nez du réalisateur farfelu. Cette chanson évoque les "travailleurs dans des petites villes qui ne s’en sortent pas… Ils n’ont pas un rond, ils conduisent leurs bagnoles, vont chercher leurs copines ; ils galèrent, sans trop savoir quoi faire de leur vie". C'est lorsqu'il a enfin compris les paroles qu'il connaissait par cœur sans les avoir jamais vraiment écoutées que  l'idée est venue à Jim Cummings de raconter l'histoire d'un loser à la fois ordinaire et hors du commun. Ordinaire parce qu'il aime son travail, l'effectue consciencieusement malgré les tourments de sa vie privée. Hors du commun car il est un homme déclaré dyslexique dans son enfance qui a un mal de chien à gérer ses émotions et peut s'effondrer ou céder à une extrême violence alors que l'instant d'avant il était calme et posé, lorsque par exemple on lui annonce que sa fille est peut-être atteinte du même mal. Le réalisateur souhaitait faire rire et pleurer en même temps. Pari réussi sur ma petite personne. Rire et pleurer devant un film ? Deux des raisons qui me font aimer le cinéma.

Jimmy est un hyper sensible et la première scène, plan séquence anthologique annoncé (plus de 10 minutes) tient ses promesses et reste bien ancrée dans la mémoire. Aux obsèques de sa mère, il passe sans transition du rire aux larmes et se comporte comme il n'est pas admis de se comporter à un enterrement. C'est hilarant et bouleversant. Le reste du film soufflera constamment le chaud et le froid et ce sont sans doute les nombreux plans-séquences qui permettent cette alternance parfois dans la même scène, dans la même phrase. La performance de l'acteur-réalisateur est formidable. J'imagine que certains la trouveront excessive et ridicule. Elle l'est. Jim Cummings, performer génial ne s'épargne pas tout en mettant en évidence et valeur son physique franchement plutôt avantageux, qu'une moustache ridicule et "fliquesque" ne parvient pas à dissimuler. Egocentrique et cabotin certes, mais terriblement touchant et attachant. Si je devais trouver une parenté, je dirais qu'il pourrait être le fils de Jim Carrey, un clown souvent pathétique, au physique de rêve, au corps et au visage élastiques.

Les collègues ou l'entourage de Jimmy s'inquiètent de son moral, voire de sa santé mentale. Pour les rassurer il a ce mantra implacable :

"Si tu me vois me battre contre un alligator, aide l'alligator".

Car oui, les dialogues sont aussi aux petits oignons et j'ai trouvé les tirades qu'il éructe parfois exceptionnelles de vérité et de drôlerie.

Je n'en dirai pas plus, les scènes entre Jimmy sa fille et son meilleur ami sont également formidables.

Je suis complètement d'accord avec ces avis dont j'ai oublié les auteurs (qu'ils me pardonnent) :

"Venez découvrir avec bienveillance l’étonnante sensation du moment où, à travers le portrait tragi-comique d’un homme au bord de la crise de nerfs, c’est le reflet de toute une partie de l’Amérique qui trébuche, ne rêvant que de jours meilleurs en empruntant Thunder Road. Tendre. Bancal. Touchant".

"Thunder Road", c'est la révélation fracassante de Jim Cummings, réalisateur de talent mais surtout acteur incroyable, véritable tornade émotionnelle d'une sincérité, d'une violence et d'une tendresse ahurissantes".

Je ne suis pas surprise que Sandrine Kiberlain et son jury aient récompensé ce film au dernier Festival du Film Américain de Deauville. Merci à eux de couronner un inconnu au talent explosif qui bouscule un peu le cinéma avec sincérité et sans  gros moyens.

J'aime ce film, vous l'avez compris ? "Tornade émotionnelle", voilà ce qui le résume le mieux.
A vous de jouer !

Commentaires

  • Hou la la... tu donnes vraiment envie... J'espère être dans la première catégorie, moi aussi... Avec un titre comme celui-là, dommage effectivement qu'on entende pas The Boss...

  • Pour ce que je connais de toi, tu pourrais, tu devrais faire partie de la première catégorie :-)
    On a envie d'écouter le Boss en sortant et on le fait. Merci les internets.
    Et puis, la façon dont il évoque la chanson est EXCEPTIONNELLE (scène d'ouverture).

  • C'est un joli petit bonbon en effet :) Merci pour le conseil.

  • Un joli petit bonbon ?? Je n'aurais pas vu ça comme ça !

  • Je vais baisser la vitre et laisser le vent souffler, dans les jours qui viennent probablement. ;-)

  • Me chante, enfin d'après le Boss ;-)

  • Je suis très partagée sur ce film. Des moments m'ont vraiment plu (dont la première scène en plan séquence qui est énorme), ça fourmille parfois de bonnes idées, le projet est intéressant mais je trouve le film assez égocentrique et je n'ai pas totalement adhéré à ce cabotinage même si je comprends que ce choix ait pu plaire à des spectateurs. Et la fin m'a définitivement pas convaincue.

  • Ca y est, c'est vu. L'acteur est formidable. On ressent plusieurs fois un sentiment de gêne pendant le film mais c'est voulu. Un film touchant à défaut d'être mémorable. J'en dirai deux mots.

  • Le film ne sera pas un classique mais la prestation et l'émotion, je ne les oublie pas.

  • 'Tornade émotionnelle' - Tout pareil, pitin l'éclate ;-)
    (Le magneto qui fonctionne pas & le gus qui suggère qu'il faudrait appeler le revendeur) j'en pleure encore de rire.
    A voir en vo pour profiter à donf des So sorry perpétuels du gazier.

  • Je rêve ???? Tu as aimé un film ??
    Dieu existe !
    J'ai ri mais pas seulement...
    Je l'ai revu la semaine dernière à Annonay. Encore meilleur.

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