FESTIVAL EFFERVESCENCE MÂCON
GUY d'Alex Lutz ***(*)
Sélection Le sens de l'humour
Avec Alex Lutz, Pascale Arbillot, Tom Dingler, Nicole Calfan, Elodie Bouchez, Dani
Synopsis : Gauthier, un jeune journaliste, apprend par sa mère qu'il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90.
Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts de province, pour en faire un portrait documentaire.
Je ne dirai pas que Guy est un film comme je les aime parce que précisément il ne ressemble à aucun autre et que je démontre, il me semble, mon éclectisme en matière de cinéma tout au fil de ces pages et de ces années... Mais il m'a totalement cueillie. Je m'attendais à une bio plus ou moins déguisée de Claude François tant la ressemblance entre Alex Lutz et Claude François me parait évidente et que la bande-annonce le laissait vaguement supposer. Il n'en est rien, et j'ai plutôt trouvé Belmondo que Cloclo sous le maquillage et la mélancolie qui point souvent sous l'enthousiasme et l'énergie. A propos du maquillage, il faudrait élever une stèle aux maquilleuses qui ont fait un travail époustouflant. A aucun moment on ne voit le "couscous", les rides, les plis, les taches... tout semble naturel. Sans parler des cheveux qu'Alex Lutz a volumineux et très rebelles... Je vous laisse savourer le "sketche" à propos de la laque Elnett, la meilleure en efficacité, la pire en terme d'odeurs... une arme de destruction massive :-)
Faut-il aimer Alex Lutz pour aimer ce film (il est de quasi TOUS les plans) ? Sans doute. Ou pas, je n'en sais rien. Personnellement je suis fan inconditionnelle, ça aide sans doute. J'ai toujours adoré Catherine et Liliane et j'ai vu deux des spectacles d'Alex. Qui sans doute lui ressemblent : infiniment drôles, touchants et jamais inutilement ni bêtement méchants.
Sous couvert d'un faux-documentaire, Alex Lutz raconte en caméra subjective la vie présente d'un chanteur à minettes vieillissant qui a gardé son public et continue de parcourir les villes et les petites salles dans un bus accompagné de ses choristes et musiciens. Il ne joue ni les stars ni les divas mais a quelques exigences qui le rendent plus ridicule qu'agaçant ou désagréable. Il n'hésite pas non plus au cours de sa tournée de promotion d'un album de reprises à jouer les séducteurs.
A la campagne l'attend sa compagne fidèle et très dévouée, beaucoup plus jeune que lui évidemment, comme c'est encore souvent le cas dans le show-biz. Sans doute était-ce une fan, un peu écervelée mais aussi comédienne qui tient des rôles à poigne à la télé alors que dans la vie, elle est scotchée à ses chiens de 20 cms de haut et semble plutôt gnangan. Guy l'appelle "l'autre", simule un certain mépris à son égard, tout en ne pouvant se passer d'elle.
Curieusement (ou est-ce dû à mon hyper sensibilité actuelle) j'ai été émue d'un bout à l'autre voire bouleversée par moments. Ce portrait sonne juste et Guy est une synthèse de tous ces chanteurs qui ont eu leur heure de gloire dans les années 70/80 et continuent vaille que vaille à arpenter la France, sincères devant un public fidèle. Car "être artiste est un état d'esprit". "Je ne sais pas si j'ai du talent dit Guy, mais je suis un artiste". Guy pourrait être Daniel Guichard, Herbert Léonard, Dave... ces chanteurs un peu ringards dont on continue d'entendre parler épisodiquement et dont on s'aperçoit qu'ils n'ont jamais cessé d'exercer.
La célébrité et le temps qui passe sont au cœur du film qui révèle peu à peu un être sensible et intelligent, ce que les paroles de ses chansons en forme de rengaines entêtantes ne laissent pas forcément supposer. Il semble aussi envahi par la mélancolie voire les regrets. Et certaines scènes apportent à cette comédie souvent brillante, une tournure beaucoup plus amère ou triste.
Celle où il rencontre une fan. Celle où Thibault qui le filme non stop regrette que Guy se soit montré très langue de bois sur le canapé rouge de Michel Drucker. Il explose et explique que ce n'est pas parce qu'on tend un micro à une "vedette" qu'elle a forcément des choses à dire ou DOIT disserter sur l'avenir du monde. Beaucoup devrait s'en inspirer. Celle encore où son médecin lui impose de respecter le contrat qu'il a signé et qu'il devrait renoncer à sa passion pour les chevaux. Ou celle, plus drôle où il reconnaît sa jalousie envers Claude François qui pourtant avait une voix terriblement nasillarde, placée haut dans le nez. C'est d'autant plus drôle que Guy/Alex a également une voix nasillarde. "Et puis il a voulu changer une ampoule..."
La mélancolie affleure constamment. Alex Lutz, démarche hésitante, bouche qui se tord, souffle court EST Guy et l'acteur réalisateur n'a finalement jamais l'âge du rôle puisqu'on le retrouve également tout jeune dans des scopitones très datés . Sa performance est impressionnante.
Je m'attendais davantage à une gentille farce. J'ai découvert un film et un personnage beaucoup plus profonds que prévu. La surprise est bien agréable. Le scenario, le montage, l'humour, la direction d'acteurs (Nicole Calfan est FORMIDABLE en attachée de presse, Pascale Arbillot également en nunuche amoureuse (les personnages féminins sont soignés)) le talent d'improvisateur d'Alex Lutz, ses sketches dissimulés dans le déroulement de l'intrigue, sa fidélité en amitié (jolie apparition d'un complice lors d'un repas au restaurant au cours duquel la caméra du documentariste s'éloigne, belle idée supplémentaire...), tout concourt à faire de ce film une réussite.
Un film simple, sincère, surprenant auquel je souhaite une belle carrière car je vous l'ai dit, j'aime BEAUCOUP Alex Lutz. Un vrai coup de cœur.
Commentaires
Ah, encore un comédien talentueux que nous devons partager en tant que fans !
J'essaie depuis un moment de trouver le temps d'aller voir ce film, mais pour l'instant c'est compliqué. On va y arriver.
Ah non, lui je ne le prête pas.