AMIN
de Philippe Faucon **
Avec Mustapha Mbengue, Emmanuelle Devos
Synopsis : Amin est venu du Sénégal pour travailler en France, il y a neuf ans. Il a laissé au pays sa femme Aïcha et leurs trois enfants. En France, Amin n’a d’autre vie que son travail, d’autres amis que les hommes qui résident au foyer.
Aïcha ne voit son mari qu’une à deux fois par an, pour une ou deux semaines. Elle accepte cette situation comme une nécessité de fait : l’argent qu’Amin envoie au Sénégal fait vivre plusieurs personnes. Un jour, en France, Amin rencontre Gabrielle et une liaison se noue...
Philippe Faucon parle toujours de sujets graves avec douceur. Ni militant et sans vocifération, il observe sans accuser et sans pathos. J'ai trouvé que cette fois il avait bien du mal à se concentrer sur son beau personnage qui partage son existence de labeur entre la France où il vit dans un foyer et son retour au pays (le Sénégal) pour faire vivre sa famille, sa femme et ses trois enfants qui le voient de moins en moins et rêveraient de le rejoindre à Paris.
Et puis il y a la rencontre avec Gabrielle fraîchement divorcée d'un con (ce sont ses termes et les quelques scènes qui les mettent en présence le démontrent ; le pauvre n'a aucune circonstance atténuante). Quant à la fille de Gabrielle, le nez rivé à son portable, elle subit les événements sans la moindre réaction. Ce personnage est d'une pauvreté !
Amin travaille deux jours chez Gabrielle. Elle lui prend la main et l'entraîne dans sa chambre. Je veux bien admettre qu'il ne faut pas toujours multiplier les explications mais je n'y ai pas cru un instant. Tout ce mystère et cette sobriété ne rendent pas justice aux personnages animés des meilleures intentions, isolés dans leur solitude et la difficulté de leurs situations respectives. Il n'y a aucun mal à se faire du bien (au contraire) mais il faut donner au spectateur un peu plus de grain à moudre autrement que par une formule laconique "pour l'instant on se fait du bien mutuellement, on verra plus tard". Leur parenthèse au milieu de l'adversité n'est vraiment pas bien convaincante.
Le réalisateur effleure également le "cas" d'un autre travailleur d'origine algérienne dont l'avenir est encore plus incertain et là, il semble moins délicat qu'à son habitude. La scène où sa fille, née en France lui explique avec indignation qu'il s'est fait exploiter en se faisant "payer au noir" et que sa retraite sera minable m'a paru un peu lourde. Et le sort qu'il réserve à cet homme frôle le pathos auquel il ne nous a pas habitué.
Les scènes les plus réussies sont finalement celles au Sénégal où l'on voit la femme d'Amin tenter de se dépatouiller avec vigueur et bravoure de ces propres difficultés, faire face à sa solitude, ses problèmes financiers, à l'éducation des trois enfants qui réclament leur père tout en le reconnaissant de moins en moins, tout en devant affronter le frère d'Amin qui s'est attribué en bon macho le rôle de veiller à ce qu'elle se conduise bien. Voir cette femme amoureuse batailler seule au quotidien, sentir son mari s'éloigner d'elle est réellement la partie la plus intéressante.
Dommage car tous les acteurs sont formidables mais trop de pistes sont ouvertes.
La désintégration,Fatima et Dans la vie les précédents films de Faucon étaient bien meilleurs.
Commentaires
Tu es plus critique de Dasola sur ce film-là ; voilà que tu renforces mon premier mouvement qui était de ne pas y aller ..
Il y a du bon mais l'histoire centrale je n'y ai pas cru un instant. Et ce qui m'a achevée est une réplique. Amin s'est fait contrôler par les flics et Gabrielle dit : "ils tont contrôlé parce que tu es beau"... Je ne savais pas que la beauté était un critère... c'est limite vexant :-)
'Ils tont contrôlé' !
Tout dépend du ton employé ;-)
Et le thon, c'est bon.