DIAMANTINO
de Gabriel Abrantes, Daniel Schmidt ****
Avec Carloto Cotta, Cleo Tavares, Anabela Moreira
Synopsis : Magnifique, candide et attachant, Diamantino est l’icône planétaire du football, un héros flamboyant touché par la grâce. Quand soudain, en pleine Coupe du Monde, son génie s’envole dans les vapeurs roses de ses visions magiques, sa carrière est stoppée net. Problème : il ne connaît rien d’autre.
La star déchue, devenue objet de risée nationale, découvre alors le monde – les autres. Le voilà embarqué dans maintes péripéties qui mutent en odyssée : conspiration familiale (ses deux soeurs n’en veulent qu’à sa fortune), manipulations génétiques délirantes, crise des réfugiés, complotisme de l’extrême-droite… Et, au beau milieu de cette tragédie, où son chat semble être son dernier supporter, pourtant, surgit l’Amour. Le vrai. C’était écrit.
Je ne vais quand même pas vous rejouer mon couplet à propos du foot ? Oh, et puis si. Le sport et moi, ça fait deux. Le foot et moi, ça fait mille. Je trouve que c'est l'un des sports (devancé de près par le rugby) le plus moche du monde à regarder. Jacques Vendroux si tu me lis, je sais qu'on n'a pas le droit de dire ça, que c'est inconcevable. Donc je prends le gauche et te l'affirme : certaines personnes n'aiment pas le foot ! C'est dire que lorsque j'ai lu le synopsis et vu l'affiche bien moche de ce film, j'ai d'abord fui en sens inverse. Je ne sais ce qui m'a pris de regarder la bande-annonce, mais je l'ai fait. Bien m'en a pris et je me suis dit qu'il y avait peut-être finalement matière à faire descendre d'un cran ma grosse morosité actuelle.
Bingo !
J'ai tout aimé dans ce film, même la voix off, car Carloto Cotta (torride dans le vertigineux Tabou de Michel Gomes) raconte avec une voix d'enfant tout ce qui lui passe par la tête et devance par ses explications ce que l'on va voir. Ce film à facettes multiples ne fait rien comme les autres. J'ai parfaitement conscience qu'il pourra paraître à certains parfaitement crétin, totalement ridicule. Il suffit de lire les critiques encartées pour constater le grand écart que la vision du film provoque. Moi je l'ai adoré et j'en suis ravie ! Comment vous le "vendre" à présent ?
C'est sans doute l'objet, l'OFNI le plus barré que j'aurai vu cette année et il m'a fait ressentir une partie de ce que je cherche au cinéma : la surprise, le rire et l'émotion. Carton plein. Je suis sortie de la salle comblée d'aise. Apaisée pour un temps. Après j'ai marché sous la pluie, c'est dire si ce film rend fou !
Il semble que la ressemblance avec un footballiste mondialement célèbre dont le nom se termine en O ne serait pas pure coïncidence mais peu importe. S'il est question de foot ici, c'est de la façon la plus étrange qui soit. Sur le terrain Diamantino a des ailes, il est accompagné par des petits chiens géants poilus qui l'accompagnent dans une brume rose bonbon et lui font traverser le terrain pour marquer des buts. C'est kitchissime à souhait et d'une mocheté à toute épreuve.
Mais lors de la finale de la coupe du Monde 2018 en Russie, qui opposait la Suède au Portugal comme chacun sait... les petits chiens poilus l'abandonnent. C'est alors qu'apparaissent à Diamantino des visions de réfugiés (il en adoptera un... mais je n'en dis pas plus) et il manque le penalty qu'ordinairement il réussissait à 95 %. Le voilà frappé d'indignité nationale. Par ailleurs, accablé de chagrin par la perte de son père et désormais coincé entre ses deux sœurs, deux jumelles, deux furies furibardes qui ne s'intéressent qu'au fric que leur frère rapporte, il déprime. Les deux tarées lui piquent tout son argent, le place sur des comptes offshore à son insu, lui hurlent dessus, le battent, le vendent à une institution d'Etat qui souhaite étudier son cerveau (dont il n'utilise que 10 %), pour le cloner et reproduire une équipe de foot à son image : incapable de perdre un match.
Diamantino est un être pur, simple, vierge (dans tous les sens du terme) dont la gentillesse, la douceur, l'envie de faire le bien, de rendre les gens heureux autour de lui... le font passer pour le pire crétin des alpes de la planète. C'est vrai que son cerveau ne lui sert pas à grand chose. Il est drôle et émouvant. Un peu con. Il tourne une pub pour le Front National sans s'en rendre compte. Il voit bien que l'affaire est un peu bizarre mais il a tendance à faire ce qu'on lui dit de faire sans broncher.
Bien que tout le monde malmène Diamantino, la scène la plus cruelle et qui évoque au passage la bêtise de la téléréalité, est sans doute celle où il est interviewé par une véritable présentatrice de la télé portugaise. Manuela Moura Guedés (très controversée dans son pays paraît-il) cherche et parvient à provoquer les larmes sincères de Diamantino avec ses remarques et ses questions cruelles.
Lorsque les manipulations génétiques dont il est l'objet lui font pousser les seins parce qu'on lui inocule des molécules de poisson clown... stop. J'arrête de trop vous en révéler. Cet éloge de la pureté face à la mocheté et à la méchanceté du monde m'a emballée. Il y est question de clonage, de propagande fasciste, de blanchiment d'argent, mais aussi d'amour... sinon, vous pensez bien que je n'aurais pas été totalement comblée.
Le film est une "corne d'abondance visuelle" nous dit Allociné. "Les hologrammes à petit budget contrastent avec la beauté des paysages, le cinémascope hollywoodien, avec le 16 mm granuleux". Et les réalisateurs ajoutent : "La parodie d’affiche de propagande fasciste fabriquée avec des images Getty contraste avec le lyrisme de notre séquence proche d’un roman-photo à la Terrence Malick matinée d’Or du Rhin. C’est une véritable anarchie de références, qui peut-être se rapproche du chaos un peu anarchique de la production de ce film".
Sans doute bricolé avec trois euros six cents (avant on disait trois francs six sous) Diamantino est un film pop, rock, unique, surréaliste et très beau qui transforme le plomb en or et rend fou de bonheur.
Carloto Cotta dans le rôle de Diamantino, son regard d'enfant attardé, sa gentillesse invraisemblable est magique.
P.S. : Le portugais est une langue vraiment admirable, du miel pour les oreilles.
Commentaires
Bon, cela mérite réflexion !
ça passe ou ça casse.
Je n'en ai pas entendu parler, je vais me renseigner car tu m'as donné envie de le mettre en numéro 1 sur ma liste d'envies. Puis dis donc, il est beau le petit bonhomme !
Je n'en avais pas entendu parler non plus. J'ai cliqué sur la bande-annonce.
Il est choupi le petit mignon... et torse nu 90 % du temps.
Il a l'air de t'avoir drôlement emballé ce film, j'imagine presque autant que Ronaldo sans son maillot...
A vrai dire, je n'ai JAMAIS vu Ronaldo sans son maillot. En fait, je serais incapable de dire quelle tête il a. Je vais aller voir.
Ce film m'a mise en joie.
La bande annonce m avait intriguée et du coup ton commentaire à fait le reste. Je vais le voir jeudi à la séance de 13h30...Auroreinparis j ai l'impression qu on ne voit pas uniquement son visage dans le film !
Ah je suis contente "d'alerter" sur ce genre de films qui passent inaperçus.
Il a rarement des vêtements le pauvre chou.
Même si le quart des spectateurs (soit 1 personne....) a quitté la salle après 10 minutes de projection, Dimantino est un film surprenant et Diamantino est très attachant...
Ah oui. Je comprends qu'on puisse être moins emballée que moi mais j'y pense encore et nous serons peu à avoir fait sa connaissance. Réjouissons-nous en !
Pas facile d'arriver à voir ce film quand on habite dans les tréfonds de la Province, où les brebis (enfin, celles qui échappent aux loups) sont beaucoup plus nombreuses que les oeuvres classées art et essai. J'y suis parvenu et je ne le regrette absolument pas. Certes, j'aurais préféré que l'histoire se maintienne dans le registre de la satire du monde contemporain (dépendance au sport-spectacle, appât du gain, montée des populismes...). Mais je trouve cette histoire d'amour assez gonflée. D'une séquence à l'autre, on ne sait jamais trop à quoi s'attendre... et c'est bien.
Je vis aussi dans les tréfonds mais j'ai un Art et Essai au top.
Ravie que tu aies pu voir cet ovni.
Moi je n'aurais rien préféré d'autre. Je trouve ce film parfait tel qu'il est.