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NOUS LES COYOTES de Hanna Ladoul, Marco La Via **
Avec Morgan Saylor, McCaul Lombardi
Synopsis : Amanda et Jake ont la vingtaine et veulent commencer une nouvelle vie ensemble à Los Angeles. Rien ne se passe comme prévu pour le jeune couple. Leur première journée dans la Cité des Anges va les emmener de déconvenues en surprises d’un bout à l’autre de la ville.
Un critique bien intentionné a dit de ce film : "Inspirés par leur propre expérience, les deux réalisateurs livrent un film qui intéressera surtout leurs proches", je n'irai pas jusque là car grâce à l'interprétation énergique et convaincante des deux jeunes acteurs, on suit leurs pérégrinations sur une journée jusqu'au bout et sans ennui.
Mais je dois reconnaître que l'avalanche d'imprévus et de déboires qui s'abattent sur eux en quelques heures m'a laissé perplexe. Bien sûr dans la vie il y a des périodes où la succession d'emmerdes donne l'impression que jamais ça ne s'arrêtera mais là, trop c'est trop. Quitter son emploi, aller à la piscine, se fâcher avec sa famille, se retrouver à la rue, se faire enlever sa voiture par la fourrière, rater un entretien d'embauche, se faire escroquer, se faire voler son argent, retrouver un ami perdu de vue de longue date, fumer des joints avec lui, rencontrer des personnes providentielles (j'en oublie sans doute, des jours ont passé depuis que j'ai vu le film)... tout cela en sachant que l'entretien d'embauche qui démarre la journée a lieu à 13 heures... n'en jetez plus la cour est pleine.
Néanmoins, je le répète, Morgan Saylor et McCaul Lombardi (déjà formidable et méconnaissable dans Sollers Point Baltimore), jeunes et beaux, nous font presque croire à l'impossible et on passe une heure et demi sans ennui en leur charmante compagnie.
Pour l'avenir du couple de réalisateurs, il faudrait un peu plus de consistance à leur travail car on voit bien qu'ils ont des choses à dire sur l'envers du décor du rêve américain.
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MARCHE OU CREVE de Margaux Bonhomme *
Avec Diane Rouxel, Cédric Kahn, Jeanne Cohendi
Synopsis : Elisa, une adolescente fougueuse et passionnée, veut profiter de l’été de ses 17 ans sur les pentes escarpées du Vercors où elle a grandi. Mais sa mère quitte la maison et la laisse seule avec son père pour s’occuper de sa sœur handicapée. Une responsabilité de plus en plus lourde qui la fait basculer de l’amour à la haine, jusqu’à perdre pied.
Encore un film autobiographique. Je crois avoir lu que la sœur de la réalisatrice souffrait d'un handicap. Difficile de dire pourquoi il m'a tellement mise mal à l'aise, d'autant plus quand j'ai ensuite découvert que Jeanne Cohendi est actrice et nullement handicapée. Je suis incapable de dire si une personne atteinte de tels handicaps physiques et intellectuels serait capable d'interpréter un rôle au cinéma. Mais pour connaître des handicapés et avoir rencontré des aspirants comédiens handicapés, je sais qu'ils déplorent qu'on ne fasse jamais (ou rarement) appel à eux pour interpréter ce genre de rôle. La "performance" d'Alexandra Lamy étant celle qui m'a le plus choquée ces derniers temps.
Ce qui est gênant aussi dans ces belles intentions c'est que le sujet n'est pas traité. Au contraire, à l'écran on voit un père et sa fille (Cédric Kahn et Diane Rouxel, tous deux parfaits) se relayer quasiment 24 h sur 24 pour prendre soin physiquement, matériellement, affectivement de Manon leur fille et leur sœur qu'ils aiment sans condition et qu'ils couvent de leur attention et de leur amour. C'est très beau. Mais on y croit pas. Je n'y ai pas cru. A aucun moment on ne sent la lassitude d'avoir à veiller sur une personne aussi lourdement handicapée qui communique peu, marche à peine, pousse des cris, dort mal. Le quotidien est montré, détaillé inlassablement et on imagine sans peine le sacerdoce que cela représente au jour le jour. Face à Manon, Elisa et son père restent exemplaires et sans faille. Et le sujet du film annoncé : "Une responsabilité de plus en plus lourde qui la fait basculer de l’amour à la haine" n'est pas traité ou simplement bâclé en une petite scène de quelques secondes où Elisa hésite à porter secours à sa sœur. Même si l'épilogue démontre que la famille a pris une décision concernant Manon...
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L'EMPEREUR DE PARIS de Jean-François Richet **
Avec Vincent Cassel, Freda Mavor, Denis Menochet, August Diehl, Fabrice Luchini, Patrick Chesnais, James Thiérrée
Synopsis : Sous le règne de Napoléon, François Vidocq, le seul homme à s'être échappé des plus grands bagnes du pays. Il est devenu une légende des bas-fonds parisiens. Laissé pour mort après sa dernière évasion spectaculaire, l'ex-bagnard essaye de se faire oublier sous les traits d'un simple commerçant. Son passé le rattrape pourtant, et, après avoir été accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, il propose un marché au chef de la sûreté : il rejoint la police pour combattre la pègre, en échange de sa liberté. Malgré des résultats exceptionnels, il provoque l'hostilité de ses confrères policiers et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix...
Vidocq avait jusqu'ici pour moi les traits de Claude Brasseur qui tenait le rôle titre dans la série télévisée diffusée dans les années 70. Dans mon souvenir, nous n'apprenions que tardivement et avec stupeur qu'il était un ancien bagnard. Ici, le réalisateur choisit de nous raconter l'histoire de Vidocq chronologiquement. C'est donc au fond d'une cale sinistre qu'on le découvre enchaîné à d'autres compagnons d'infortune. Les prisonniers sont placés sous la haute surveillance de Maillard (Denis Lavant) qui, jaloux de sa popularité, cherche à le faire assassiner. Une évasion réussie plus tard, une ellipse de plusieurs années... et nous le retrouvons à Paris où il gagne sa pitance en s'étant improvisé marchant ambulant. Tout s'enchaîne dès lors qu'une très jeune et très jolie jeune femme, une "marcheuse", glisse son butin entre les étoffes que vend Vidocq au moment où elle se fait interpeller par la police qui l'a prise en flagrant délit.
Ensuite, de rencontre en rencontre, des bas fonds au sommet de l'Etat, Vidocq se forge un chemin, une réputation avec néanmoins toujours au-dessus de la tête l'épée de Damoclès d'être remis en prison car l'intraitable Ministre de la Police Fouché refuse de lui signer la grâce qu'il lui avait promise en échange de ses services. Et on assiste sans passion au déroulement des scènes, les unes derrière les autres, à l'enchaînement de rebondissements faits de trahisons, de délation, de vengeance.
Alors oui, la reconstitution est riche et soignée, tout en tons sépias, crasse, pavés et humidité. Involontairement, le réalisateur fait un clin d'oeil à l'actualité récente (ou est-ce de la prémonition ?) ; on découvre l'Arc de Triomphe récemment profané ici en construction (on apercevra même la silhouette de Napoléon en personne), et le Marché de Noël de Strasbourg est évoqué. Oui, Vincent Cassel se donne à fond sans la moindre grimace ni cabotinage, il est un parfait Vidocq plus sombre et tourmenté que celui que je connaissais auquel se prêtent parfaitement son physique et sa voix. Oui, le casting cinq étoiles fait du bon boulot même s'il n'est que le faire-valoir de l'Empereur de Paris. Oui, tout est parfait et appliqué. Mais... d'où vient que le film n'offre aucune surprise, aucun suspense et aucune émotion c'est évident ? Je ne creuserai pas davantage les raisons de ma déception. Et je ne parle pas de la surenchère de violence qui m'a obligée à tourner le regard à plusieurs reprises.
Mention spéciale à Fabrice Luchini. En trois apparitions, il emporte le morceau et compose un convaincant Fouché autoritaire, froid et comme envahi d'une grande lassitude, une forme de mélancolie désabusée. Vincent/Vidocq devient bizarrement tout petit lors de leurs confrontations.
Commentaires
Bonsoir Pascale, je suis plus indulgente que toi sur ce film. C'est bien fait et bien joué et rien que pour les apparitions de Fouché/Luchini, le film vaut la peine d'être vu. J'ai aussi noté la présence de James Thierrée dont j'ai vu le nom au générique. Je me suis demandé pendant tout le film qui était cet acteur. Bonne soirée.
Bonsoir dasola.
Aaaaah James Thierrée. Je n'en parle pas mais sa présence m'a enchantée. J'ai mis du temps à le reconnaitre.
Et oui c'est bien joué mais ça manque de vie.
Bonjour Pascale. J ai vu également Marché ou crève dont le sujet me plaisait particulièrement et c est vrai qu on reste étonné aucun énervement, aucune colère et aucun cri alors que le père et la fille doivent gérer une situation si particulière sans aucune aide extérieure. Travaillant auprès de personnes en situation de handicapés je regrette un peu que la maltraitance que subit Manon provient d une auxiliaire de vie qui finalement ne la côtoie que depuis quelques heures. Mais malgré tes réserves j ai assez aime partager ces moments avec ces 3 personnages.
Pour l Empereur de Paris, belle reconstitution de Paris, mais hélas intrigue inexistante pour moi. J attendais beaucoup de ce film, Vidocq étant pour moi un personnage extraordinaire mais c est vrai que jusqu'à présent Brasseur et ses nouvelles aventures de Vidocq restent toujours présent à (dans ?) Mon esprit ...
Bonsoir Dan.
Le moment avec l'auxiliaire de vie est le plus embarrassant de tous.
Les acteurs sont très plaisants à suivre mais je n'ai vu que des acteurs qui jouent à... Je ne devrais plus aller voir de films qui parlent de maladie ou de handicap ça me met toujours mal à l'aise.
"Notre" Vidocq était plus léger. Dans mon souvenir.
Sinon... Oui la reconstitution est impeccable et l'intrigue maigrichonne.
Pas trop d'enthousiasme pour ces films ! J'avais hésité à aller voir "Marche ou crève", mais le handicap, on connait chez nous. Et puis je pense qu'il ne passe plus sur les écrans maintenant.
Les deux autres ne me disent rien (j'ai vraiment peu d'envies cinéma, je me répète !)
Je suis pareille. Pas grand chose me donne envie ces temps ci. Tout est mou ou décevant.
Marche ou crève, malgré les bonnes intentions "mal-traite" le handicap.