D'AUTRES FILMS DE JANVIER
THE HATE U GIVE de Georges Tillman Jr ***
Avec Amandaz Stenberg, Regina Hall, Russel Hornsby
Synopsis : Starr est témoin de la mort de son meilleur ami d’enfance, Khalil, tué par balles par un officier de police. Confrontée aux nombreuses pressions de sa communauté, Starr doit trouver sa voix et se battre pour ce qui est juste.
Malgré quelques effets mélodramatiques appuyés j'ai aimé suivre le parcours de cette jeune fille noire de 16 ans dont les parents font tout pour qu'elle échappe au déterminisme de plusieurs facteurs qui pourraient la mettre en danger : sa couleur, le quartier où elle vit. Pour la mettre à l'abri, elle est inscrite dans une école proprette où les noirs ne sont pas vus comme des menaces. Mais elle doit se comporter mieux que les autres, ne pas faire de vague, passer inaperçue.
C'est le premier film que je vois de ce réalisateur et je dois dire qu'il sait raconter une histoire, provoquer et maintenir le suspense et rendre ses personnages très attachants.
Le sujet est fort, a déjà été traité mais on est toujours sidérés de voir les différences de traitement par la police et la justice dès lors qu'il s'agit d'un noir ou d'un blanc. Si Khalil avait été blanc, tout ce serait passé différemment. Le flic aurait posé d'autres questions et surtout il n'aurait pas tiré. Le jeune homme mort se retrouve pratiquement en position d'accusé du fait de ses fréquentations mais surtout de sa couleur. On a beau nous asséner ces vérités à longueur de films, on a toujours du mal à comprendre le principe de ce qui se passe dans un cerveau raciste.
Ce film est particulièrement efficace et didactique. Il explique, il démontre et la jeune Amanda Stenberg porte le film et le combat. On lui demande d'abord de se taire, de ne pas témoigner. Puis avec courage et détermination, elle prend la parole.
L'interprétation dans son ensemble est assez exceptionnelle.
Je vous recommande vivement ce film. Vous pouvez y emmener vos ados. Je trouve que se confronter au racisme n'est jamais inutile même si certains pourront prétendre encore qu'il ne s'agit que de se donner bonne conscience en s'offusquant. On peut aussi être sincèrement offusqué.
N.B. Le titre du film provient d'un morceau de Tupac Shakur (2Pac) : The hate U give little infants fucks everyone.
Il forme le mot THUG, The Hate U (you) Give. Bien que cela renvoie à l’image des gangsters et d’un bandit, le rappeur propose une nuance plus positive du terme. Le Thug de 2Pac met l’accent sur la capacité de résilience en faisant face à l’adversité de la vie. Le mot qui se prononce Teug en français est selon le rappeur une personne qui doit faire face à des problèmes ou qui a fait face à des difficultés tout au long de sa vie et qui malgré cela continue à vivre par tous les moyens.
CONTINUER de Joachim Lafosse ***
Avec Virginie Efira, Kacey Mottet Klein
Synopsis : Sibylle, mère divorcée, ne supporte plus de voir son fils adolescent sombrer dans une vie violente et vide de sens. Elle va jouer leur va-tout en entraînant Samuel dans un long périple à travers le Kirghizistan. Avec deux chevaux pour seuls compagnons, mère et fils devront affronter un environnement naturel aussi splendide qu’hostile, ses dangers, son peuple… et surtout eux-mêmes !
Même si on a du mal à imaginer que deux personnes de la ville puissent s'embarquer seuls à cheval dans un pays magnifique mais aux grandes étendues désertiques où ils ne rencontrent âme qui vive pendant des jours, où ils dorment à la belle étoile parfois réveillés par des cavaliers hostiles, où rien ne les effraie qu'un petit lézard... je me suis laissée emporter par le périple. Parce que je trouve que les deux acteurs en présence ont une intensité hors du commun. Virginie Efira est de plus en plus intéressante de film en film. Son visage magnifique est d'une expressivité rare, tout passe dans ses regards ou ses sourires, son espoir et son désespoir. Quant à Kacey Mottet Klein, on ne se doutait pas qu'il deviendrait le beau jeune homme qu'il est actuellement. A 20 ans et depuis 10 ans déjà qu'il fait d'excellents choix, il est l'un des meilleurs et plus prometteurs acteurs de sa génération. Ils sont tous les deux crédibles et justes de bout en bout.
Filmé parfois comme un western, l'histoire réserve de bien beaux moments. Notamment celui, silencieux, où la mère et le fils se réveillent et découvrent ensemble mais séparément... la beauté époustouflante de ce qui les entoure. C'est dans ces instants que la complicité semble naître, sans une parole, dans un regard.
Le seul regret, pour une fois, est la longueur du film. Trop court, on n'a pas le temps de prendre le temps et d'apprécier l'évolution des personnages.
Mais le magnifique voyage en Terre Inconnue en compagnie de deux acteurs habités vaut qu'on s'y attarde.
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L'ORDRE DES MEDECINS de David Roux *
Avec Jérémie Renier, Marthe Keller, Zita Hanriot
Synopsis : Simon, 37 ans, est un médecin aguerri. L’hôpital, c’est sa vie. Il côtoie la maladie et la mort tous les jours dans son service de pneumologie et a appris à s’en protéger. Mais quand sa mère est hospitalisée dans une unité voisine, la frontière entre l’intime et le professionnel se brouille. L’univers de Simon, ses certitudes et ses convictions vacillent...
Pourquoi m'obstiné-je à voir des films qui se passent à l'hôpital ? Le masochisme sans doute. Quelle surprise d'apprendre que les médecins qui prennent tellement de recul avec la maladie et la mort qui les entourent se trouvent brusquement anéantis, décontenancés, impuissants dès lors qu'un de leur proche est touché ? Ici la petite maman du toubib n'en a plus que pour quelques jours. On nous épargne l'agonie, merci. On découvre qu'un pneumologue ne peut soigner un cancer du pancréas. Mais sempiternellement on nous assène que les blouses blanches (toujours grandes ouvertes, surtout s'il y a un décolleté en dessous) sont des gens comme vous et moi. Des êtres humains en somme. Au cas où on ne le saurait pas. A-t-on envie de savoir que pour décompresser, ils vont fumer des pétards dans les sous-sols de l'hôpital ? Non. A-t-on une énième fois envie de voir à quel point le bizutage est une ânerie sans nom, que la salle de "détente" est toujours bondée et qu'on y rit fort et beaucoup, toujours pour décompresser ? Pas plus. Pas moi en tout cas qui ai fréquenté (je sais, je ne suis pas la seule) ces endroits pendant plus de quatre ans pour en ressortir seule. J'ai envie que ces gens soient des surhommes omniscients quand ils sont sur place et je me fiche de savoir qu'ils mangent des chocolats pendant leurs pauses. Point.
Pourquoi une étoile ? Parce que mon avis est tout ce qu'il y a de plus partial, que ces films ne sont pas faits pour moi mais que Jérémie Renier comme toujours est parfait.
Je vous autorise à m'interdire (sans faire usage de la violence) d'aller voir le prochain film d'hôpital, ça m'énerve et je n'ai besoin que de sérénité.
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LES FAUVES de Vincent Mariette *
Avec Lily-Rose Depp, Laurent Lafitte
Synopsis : C'est l'été, dans un camping en Dordogne, des jeunes gens disparaissent. Les rumeurs les plus folles circulent, on parle d'une panthère qui rôde... Un sentiment de danger permanent au cœur duquel s’épanouit Laura, 17 ans. La rencontre avec Paul, un écrivain aussi attirant qu'inquiétant, la bouleverse. Une relation ambiguë se noue. Jusqu’à ce qu’un prétendant de Laura disparaisse à son tour et qu’une étrange policière entre dans la danse.
Pourquoi m'obstiné-je à voir les films avec Lily-Rose Depp ? La présence de Laurent Lafitte j'imagine, qu'on voit à peine 10 minutes dans ce film. Au début je me suis dit : "ah... peut-être pourrait-on rapprocher ce film du premier film de Vanessa Paradis Noce Blanche ?"... et finalement non. Lily-Rose n'a pour l'instant que deux expressions à son actif. Elle doit ici jouer les ados casse-couilles mystérieuses aux grands yeux ébahis par la vie et qui tombe amoureuse du premier mec un peu mystérieux qui passe et a l'âge d'être son père ?
Une ado plus qu'ado, un écrivain qui fait flipper, un ado qui disparaît, une flic étrange et une panthère qui rôde. C'est pas la fête au camping.
Mouais...
Commentaires
The hate U give !
Non rien ...
Euh si, à part enfoncer des portes mal fermées & nous abreuver de clichés, je vois mal en quoi Tillman Jr innove ... enfin je nie l'existence d'un quelconque suspense là dedans.
Comme d'hab quoi. ;-)
Il faut que tout change pour que rien ne change.
Ne change rien :-)
Mais si tu lis bien je n'ai pas dit qu'il innovait, j'ai même dit qu'il répétait ce qu'hélas on sait déjà. Mais je trouve ce film TRES bien.
Avant tant de retard dans nos films, nous n'irons pas voir celui avec Mademoiselle Depp, les fils et filles de ... nous agacent !
Les deux premiers sont vraiment bien.
Je trouve qu'il y a des fils et filles de... qui ont du talent (Vincent Cassel, Guillaume Depardieu, Marie Trintignant, Eva Green...). Lily Rose devrait se contenter d'arpenter les tapis rouges ou de porter du parfum mais apparemment elle est très sollicitée.
Vous avez raison en tout
:-)
Je suis bien plus raisonnable que toi. Les films d'hôpital, je les fuis, il n'est pas question que j'y aille, ça me donne envie de mordre. Et fais-mois plaisir : N'Y VA PLUS !!!
Tu es très sage en effet.
Je crois que même si je n'avais cette aversion et cette terreur envers ce milieu, je n'en verrais pas non plus l'intérêt. TOUT sonne faux.
C'est demandé tellement gentiment :-)
Les fauves a vraiment une mauvaise critique , et repensant à ce que tu avais dis de Lili, j'ai passé mon chemin.
J'hésite à mettre THUG au programme.
Beau weekend !
Mets Thug à ton programme. :-)
J'ai vu Un grand voyage vers la nuit : j'ai RIEN compris... :-)))
Bonjour,
J'ai bien aimé aussi "continuer" je trouve vos remarques très justes. Je n'ai pas trop aimé la fin, décevante après un tel périple. Très bonne soirée.
Bonsoir.
Merci c'est gentil.
J'aurais aussi aimé une autre fin
J'ai détesté Thug malgré ses bonnes intentions derrière - notamment le fait qu'il s'adresse à un jeune public sur un tel sujet. Je ne trouve tout simplement pas son sujet bien traité, en fait j'ai surtout vu une succession de thématiques sur le racisme rapidement survolés. En plus y a à chaque fois un horrible filtre bleu dès que les scènes se déroulent dans le lycée riche (j'imagine que ça doit avoir une symbolique, n'empêche que c'est juste laid). En plus, je trouve que l'actrice principale (qui ne m'avait déjà pas convaincue des masses dans d'autres films) joue assez mal.
Nous ne sommes donc absolument pas d'accord sur ce film. Je le trouve utile et l'actrice formidable.
Pas vu les filtres bleus donc ça ne m'a pas gênée.