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ANNONAY 2019 - LES FILMS DU JOUR

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L'HEURE DE LA SORTIE de Sébastien Marnier ***

Ils sont passés par ici

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Avec Laurent Lafitte, Emmanuelle Bercot, Pascal Greggory, Luana Barjami, Thomas Guy

Synopsis : Lorsque Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint Joseph il décèle, chez les 3e 1, une hostilité diffuse et une violence sourde.

Est-ce parce que leur professeur de français vient de se jeter par la fenêtre en plein cours ? Parce qu’ils sont une classe pilote d’enfants surdoués ? Parce qu’ils semblent terrifiés par la menace écologique et avoir perdu tout espoir en l’avenir ? De la curiosité à l’obsession, Pierre va tenter de percer leur secret.

Bien que j'avais lu le synopsis avant de voir ce film, la première scène, glaçante, est un choc. Un prof observe ses élèves plancher sur un contrôle et se jette par la fenêtre. Une panique s'ensuit mais un petit groupe observe le corps inanimé de leur professeur du haut de la classe, sans broncher. Leurs visages impassibles font froid dans le dos. Ils quitteront peu cette expression de froideur imperturbable durant toute l'histoire.

Puis on fait leur connaissance, en même temps que le prof remplaçant et nous irons comme lui de surprise en surprise. Au début, il prend un peu de haut et avec un demi sourire ces élèves isolés dans une classe pilote pour surdoués que les profs et le Proviseur du lycée considèrent comme supérieurs aux autres et qu'ils ne contrarient jamais. Pierre s'oppose immédiatement à Apolline et Dimitri, les délégués de classe particulièrement coriaces et rétifs aux moindres propositions de leur nouveau professeur. On en vient même à se demander, devant l'acharnement de ces jeunes gens à le contredire systématiquement, s'ils ne sont pas responsables du suicide du précédent.

Mais la réalité est beaucoup plus subtile et surprenante. Pierre se met à suivre la bande de six et découvre qu'ils se livrent à des performances de plus en plus dangereuses, de plus en plus extrêmes dans le plus grand sérieux. S'agit-il simplement de morceaux de bravoure d'ados toujours prompts à repousser leurs limites ? Savent-ils que Pierre les observe ? Je ne révèlerai rien de ce qui anime ces enfants à l'hyper-réalisme mortifère mais totalement en phase avec l'époque dont ils héritent et une catastrophe écologique à gérer.

Sébastien Minier nous a déjà présenté un personnage glaçant et hors normes dans son précédent film Irréprochable. Je trouve qu'ici il maîtrise davantage son sujet et nous embarque sans faillir jusqu'à un épilogue qu'on a pas vu arriver. Avant d'y arriver il convoque même Kakfa et ses cafards qui rôdent aux alentours de Pierre qui a fait de l'auteur Pragois le sujet de sa thèse. Cela apporte au film une dimension onirique quasi fantastique parfois.

Les intermèdes musicaux, chantés sont formidables. Les ados ici présents, avec en tête Luana Barjami à la présence et au regard totalement flippants sont tous impeccables. Laurent Lafitte dans un mélange de maturité, c'est lui l'adulte de l'histoire qui cherche à protéger ses élèves d'eux-mêmes et de fragilité, amoureux de son meilleur ami, démontre comment il peut passer d'un registre à l'autre (après Au revoir là-haut, Paul Sanchez est revenu) en restant convaincant.

Et alors qu'on croit le film achevé, la boucle bouclée, le réalisateur nous assène un épilogue percutant.

A voir absolument.

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LE MONDE EST A TOI de Romain Gavras ***(*)

Ils sont passés par ici

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Avec Karim Leklou, Isabelle Adjani, Vincent Cassel, Oulaya Amamra, François Damiens, Philippe Katherine

Même les petits truands ont des rêves. Celui de François est de devenir distributeur exclusif des Mr Freeze au Maghreb. Pour cela, il a besoin de réunir la somme de 80 000 €uros qui se trouve sur un compte gardé jalousement par sa mère.

Hélas, cette dernière, joueuse invétérée et à la tête d'une bande de pétroleuses voilées kleptomanes a croqué le magot. Sam se retrouve donc contraint de renouer avec une bande de petits malfrats dont le chef, qui répond au doux nom de Poutine, totalement halluciné par tout ce qu'il ingurgite de substances illicites lui propose une affaire juteuse. Ces trafiquants à la petite semaine ont Scarface comme Maître après Dieu et se prennent tous pour Tony Montana. Leur rêve à eux ? Ne rien faire, nager dans la dope et le bling bling entourés de jolies filles qui "michetonnent" selon l'élégante formule. Ce qui ne les empêche pas de se pâmer en écoutant Laurent Voulzy et son coeur grenadine. La "mission" qui va entraîner François en Espagne ne va pas se révéler de tout repos. Il sera accompagné par deux Mohamed complètements débiles mais hilarants, de Lamya, beauté de banlieue délurée mais sentimentale qui entend se faire une place au soleil et d'Henry ancien taulard et ex amant de la mère de François.

Il serait dommage de réduire ce film à la "comédie de l'été" comme je l'ai lu. Elle est bien plus que ça. Vous le savez, j'aime me vanter d'aimer pleurer au cinéma. Mais j'aime aussi rire. Et encore plus, j'aime sortir d'une séance de cinéma plus en forme qu'en entrant en salle. Ce fut le cas ici. Même si la dernière image est infiniment mélancolique, d'une grande douceur aussi après 1 h 40 assez agitée, je suis sortie du cinéma revigorée avec la banane en travers du visage.

De Romain Gavras j'avais déjà beaucoup aimé son premier film Notre jour viendra, beau film déroutant beaucoup plus sombre que celui-ci mais tout aussi barré. Il y était déjà question des liens entre enfants et parents et de ceux qui peuvent naître avec de parfaits inconnus. Je ne m'étendrai pas là-dessus mais il y a des parents ici qui ne se comportent pas très bien avec leurs enfants... et à la marge d'un casting de folie, une petite fille craquante (Gabby Rose) atteinte instantanément du Syndrome de Stockholm (on peut la comprendre). Les enfants rendront la monnaie de leur pièce à ces parents défaillants. Je vous laisse découvrir.

Karim Leklou, toujours excellent partout où il pointe sa drôle de binette et ses grands yeux ronds, explose littéralement ici. Tellement sympathique et touchant qu'on a envie qu'il s'en sorte, qu'il vende ses Mister Freeze au Maghreb et que la belle fille lui tombe dans les bras. Il va en baver car c'est avant tout un brave type qui n'en peut plus des magouilles à la petite semaine et rêve d'une vie simple avec une piscine de 8 mètres mais n'a pas toujours les moyens d'affronter les vilains... Autour de lui gravite sa mère, interprétée par Isabelle Adjani, désormais sans âge, elle est une Reine de Comédie idéale. Poupée vulgaire, menteuse, tricheuse, castratrice, manipulatrice. Un peu folle. Elle s'amuse, intimide son entourage, éclate de rire. On en redemande. Vincent Cassel, déjà à l'affiche de Notre jour viendra, frôle ici le génie dans son interprétation d'un type adorateur des Illuminati qui voit des signes partout de la théorie du complot. On sent bien que ce n'est pas parce qu'il était le cerveau d'une bande qu'il sort de 12 ans de prison. Dès que les choses se gâtent, il marmonne "ça devient compliqué, il faut appeler ta mère" ou "ça devient compliqué, il faut appeler René". Il marmonne de toute façon constamment de grandes tirades inaudibles ou incompréhensibles. Il est tordant, sans grimace (contrairement à ici) ni inutile hystérie. René, c'est François Damiens qui la joue François Damiens, drague et fait rire Isabelle Adjani (merci), s'adonne à un commerce d'Erythréens et parviendrait presque à faire admettre qu'il leur rend service.

Et tout autour de ces acteurs confirmés virevoltent des seconds rôles tout jeunes dont c'est pour la plupart le premier rôle. Ils sont épatants.

Et le film est hilarant même si on annonce que certaines scènes de violence, qu'il convient de prendre au second degré, ne sont pas à mettre devant tous les yeux. Il est aussi très bien écrit et boucle son scenario en béton à la Ocean's Eleven. Puisque j'ai lu pas mal de références à Tarantino ou aux frères Coen, je dirais qu'il m'a plutôt évoqué Soderbergh. La bande son envoie du bois avec quelques plaisirs coupables...

Une vraie réussite que je vous encourage à ne surtout pas bouder.

Je recommande également vivement ce film à David Robert Mitchell (je sais qu'il me lit). Peut-être comprendra-t-il qu'on peut faire un beau film tarabiscoté, semer des indices, boucler une enquête, sans être méprisant pour le spectateur, sans blague de braguette, sans caca dans la cuvette, en respectant les filles et avec un acteur qui sans être un top model envahit l'écran de sa présence.

Le film est dédié à Philippe Elkoubi, directeur de casting récemment disparu. L'homogénéité et la grande qualité du casting de ce film prouve à quel point il était doué. Il a travaillé pour Wong Kar Wai, David Lynch, Jonathan Glazer, David Fincher, Rebecca Zlotowky...

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UNE INTIME CONVICTION d'Antoine Raimbault ***

1er film hors compétition

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avec Marina Foïs, Olivier Gourmet

Synopsis : Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l'injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession.

Quelques mots pour vous dire que ce film est sans doute le meilleur film français de procès et d'enquête vu depuis longtemps. Malgré quelques facilités inutiles sur la vie personnelle du personnage fictif de Nora, l'enquête et les relations entre l'avocat et l'ancienne jurée se suivent avec un vif intérêt.

Notre intime conviction est interrogée comme rarement. Entre rendre un jugement et rendre la justice il y a un monde. La plaidoirie de Dupont Moretti/Gourmet est extraordinaire.

Marina Foïs est formidable. Olivier Gourmet est exceptionnel.

Commentaires

  • Le Lafitte et le Gourmet me disent bien. Parce que Lafitte et parce que Gourmet.
    Mais le temps passe vraiment trop vite...

  • Hélas ai manqué le monde est à toi à sa sortie. Avec mon Isabelle.Isabelle que j ai pu admirer au livre sur la place à Nancy dans un spectacle avec Christophe Lambert sur les amours de Camus et Maria Casares.

  • Ah dommage. Tu te rattraperas avec le dvd.
    Je n'étais hélas pas à Nancy pendant le Livre sur la Place, je serais allée voir ton Isabelle.

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