ANNONAY 2019 - LES FILMS DU JOUR
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THUNDER ROAD de Jim Cummings ****
1er film hors compétition
Avec Jim Cummings (II), Kendal Farr, Nican Robinson
Jimmy Arnaud, policier texan fraîchement divorcé essaie tant bien que mal d'élever sa fille alors que le décès récent de sa mère l'a anéanti.
Qu'est-ce qui m'a incitée à voir ce film ?
Cette petite phrase dans Télérama :
"Portée à bout de bras par Jim Cummings, acteur prodigieux, mais aussi réalisateur, scénariste et producteur, cette chronique réussit à garder intactes, pendant une heure et demie, la tension et la folie du plan-séquence d’anthologie qui ouvre le film". Moi qui aime les performances, je ne voulais à aucun prix rater ce plan séquence et je souhaitais plus que tout découvrir un acteur prodigieux. Comme quoi il est parfois utile de lire une critique avant d'hésiter à aller voir un film. Merci Jérémie Couston.
J'avoue que, compte tenu de l'affiche, je m'attendais plutôt à une farce lourdingue. Mais ce film fait mentir quelques certitudes que j'ai pu asséner. Je dis souvent regretter quand un réalisateur hésite entre drame et comédie et qu'on ne sait plus à quel saint se vouer pour réagir et ressentir. Ici d'un instant à l'autre on bascule d'une émotion à l'autre, voire on les éprouve simultanément. Ce qui n'est pas rien et pas forcément confortable. On rit et on a le cœur serré. On est prêt à pleurer et le rire survient brusquement. Déjanté et bouleversant, ce film m'a enthousiasmée au plus haut point.
J'ai parfaitement conscience qu'il ne peut faire l'unanimité. Je crois même qu'on ne peut que l'adorer ou le détester tant il est étrange et déroutant et que certains l'ont même trouvé embarrassant. Je suis vraiment ravie, et plus que cela, de faire partie de la première catégorie. Quel bonheur de découvrir un film tellement différent, totalement barré, excessif mais aussi unique en son genre ! Et pourtant il ne traite pas de sujets légers et je ne vous révèlerai pas la liste des ennuis maousses que le personnage principal doit affronter. C'est une espèce de cascades d'emmerdes et de déconvenues qui s'abattent sur lui. J'y ai cru parce que la vie parfois, c'est ça. Mais ce n'est évidemment pas uniquement le réalisme tout relatif qui m'a séduite. Jimmy pourrait être un taré de plus. Dans cette Amérique qui l'autorise à tout citoyen, il possède une arme. C'est d'autant plus justifié qu'il est flic alors que son état mental alarmant fait craindre qu'il l'utilise à mauvais escient.
Thunder Road est le titre d'une chanson du Boss que chantait la mère de Jimmy pour l'endormir. On ne l'entendra hélas pas dans le film bien que Bruce Springsteen ait donné son accord pour l'utiliser. Autre pied de nez du réalisateur farfelu. Cette chanson évoque les "travailleurs dans des petites villes qui ne s’en sortent pas… Ils n’ont pas un rond, ils conduisent leurs bagnoles, vont chercher leurs copines ; ils galèrent, sans trop savoir quoi faire de leur vie". C'est lorsqu'il a enfin compris les paroles qu'il connaissait par cœur sans les avoir jamais vraiment écoutées que l'idée est venue à Jim Cummings de raconter l'histoire d'un loser à la fois ordinaire et hors du commun. Ordinaire parce qu'il aime son travail, l'effectue consciencieusement malgré les tourments de sa vie privée. Hors du commun car il est un homme déclaré dyslexique dans son enfance qui a un mal de chien à gérer ses émotions et peut s'effondrer ou céder à une extrême violence alors que l'instant d'avant il était calme et posé, lorsque par exemple on lui annonce que sa fille est peut-être atteinte du même mal. Le réalisateur souhaitait faire rire et pleurer en même temps. Pari réussi sur ma petite personne. Rire et pleurer devant un film ? Deux des raisons qui me font aimer le cinéma.
Jimmy est un hyper sensible et la première scène, plan séquence anthologique annoncé (plus de 10 minutes) tient ses promesses et reste bien ancrée dans la mémoire. Aux obsèques de sa mère, il passe sans transition du rire aux larmes et se comporte comme il n'est pas admis de se comporter à un enterrement. C'est hilarant et bouleversant. Le reste du film soufflera constamment le chaud et le froid et ce sont sans doute les nombreux plans-séquences qui permettent cette alternance parfois dans la même scène, dans la même phrase. La performance de l'acteur-réalisateur est formidable. J'imagine que certains la trouveront excessive et ridicule. Elle l'est. Jim Cummings, performer génial ne s'épargne pas tout en mettant en évidence et valeur son physique franchement plutôt avantageux, qu'une moustache ridicule et "fliquesque" ne parvient pas à dissimuler. Egocentrique et cabotin certes, mais terriblement touchant et attachant. Si je devais trouver une parenté, je dirais qu'il pourrait être le fils de Jim Carrey, un clown souvent pathétique, au physique de rêve, au corps et au visage élastiques.
Les collègues ou l'entourage de Jimmy s'inquiètent de son moral, voire de sa santé mentale. Pour les rassurer il a ce mantra implacable :
"Si tu me vois me battre contre un alligator, aide l'alligator".
Car oui, les dialogues sont aussi aux petits oignons et j'ai trouvé les tirades qu'il éructe parfois exceptionnelles de vérité et de drôlerie.
Je n'en dirai pas plus, les scènes entre Jimmy sa fille et son meilleur ami sont également formidables.
Je suis complètement d'accord avec ces avis dont j'ai oublié les auteurs (qu'ils me pardonnent) :
"Venez découvrir avec bienveillance l’étonnante sensation du moment où, à travers le portrait tragi-comique d’un homme au bord de la crise de nerfs, c’est le reflet de toute une partie de l’Amérique qui trébuche, ne rêvant que de jours meilleurs en empruntant Thunder Road. Tendre. Bancal. Touchant".
"Thunder Road", c'est la révélation fracassante de Jim Cummings, réalisateur de talent mais surtout acteur incroyable, véritable tornade émotionnelle d'une sincérité, d'une violence et d'une tendresse ahurissantes".
Je ne suis pas surprise que Sandrine Kiberlain et son jury aient récompensé ce film au dernier Festival du Film Américain de Deauville. Merci à eux de couronner un inconnu au talent explosif qui bouscule un peu le cinéma avec sincérité et sans gros moyens.
J'aime ce film, vous l'avez compris ? "Tornade émotionnelle", voilà ce qui le résume le mieux.
A vous de jouer !
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THE GUILTY de Gustav Moller ****
1er film hors compétition
Avec Jakob Cedergren
Synopsis : Une femme appelle les urgences de la police. Elle explique avoir été kidnappée, puis raccroche brutalement. Pour la retrouver, le policier qui a reçu l’appel ne peut compter que sur son intuition, son imagination et son téléphone.
Quelques mots sur ce film que j'espère bien trouver au palmarès ce soir (je n'ai plus qu'un film de la compétition à voir aujourd'hui) tant il m'a secouée.
C'est un premier film et il est vraiment étonnant. Un huis clos où n'apparaît pratiquement qu'un personnage devant son central téléphonique. On apprendra au cours de l'histoire la raison de la présence de cet homme à ce poste qui n'est pas le sien. Asger est un agent de police, un gardien de la paix comme il le précisera plus tard soumis à une sanction dans l'attente d'un passage devant une commission disciplinaire. Et c'est palpitant. On ne verra jamais la victime, on ne fera que l'entendre ainsi que d'autres personnages, un collègue, un homme, une petite fille... tous impliqués de près ou de loin dans l'enlèvement dont il est question et qu'Asger découvre au fil de ses explorations téléphoniques.
A la périphérie de l'histoire très angoissante du kidnapping se dessine le portrait d'un homme. Tout est vraisemblable. Tout est passionnant. Et toutes les images on ne peut que les imaginer car un seul personnage apparaît à l'écran. Et l'angoisse naît et se prolonge du fait que chaque information, le policier ne peut quitter son poste, n'est obtenue que grâce à un nouvel appel... Nous vivons cette histoire insensée et anxiogène à travers cet homme que l'on apprend à connaître et surtout grâce aux conversations qu'il mène avec les différents intervenants. C'est donc à la force de l'imagination du spectateur (et je vous assure que les détails obtenus la fait travailler) que le réalisateur fait appel.
Pour maintenir de bout en bout l'attention du spectateur alors que l'image est centrée sur le visage et la voix d'un homme, il fallait un acteur capable d'envahir l'écran sans lasser. Je me suis demandée où j'avais déjà vu cette tête. Il s'agit de Jakob Cedergren déjà très étonnant et magnifique dans Submarino.
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WILD LIFE - UNE SAISON ARDENTE de Paul Dano ***
Carte blanche Semaine de la critique
Avec Carey Milligan, Ed Oxenbould, Jake Gyllenhall
Synopsis : Dans les années 60, Joe, un adolescent de 14 ans regarde, impuissant, ses parents s’éloigner l’un de l’autre. Leur séparation marquera la fin de son enfance.
Je me demandais à quoi correspondait l'affiche ainsi que le moment de la bande-annonce auquel elle correspond puisque Joe, personnage principal n'y apparaît pas. La réponse est dans le film. C'est très beau et très triste. Avant d'en arriver là, on assiste atterré à la lente agonie d'un couple observée par les yeux de leur fils unique.
Le début montre quelques moments de complicité entre le père et la mère, et le sourire ravi de l'enfant qui sera toujours témoin de tout ce qui se passe. Même s'il n'est pas l'enjeu de la séparation qui approche, Joe est constamment présent lors des disputes. Les portes sont ouvertes, il surprend les mots, les gestes. Puis il est pris à partie, sommé de donner son avis voire de trancher certaines questions. C'est très cruel et les parents, malheureux, sont d'un égoïsme forcené. A aucun moment il n'est question des aspirations ou des désirs du jeune homme. Il fait peine à voir, mais ne se plaint jamais. Comme si sa conduite exemplaire pouvait faire que le couple se soude à nouveau. Il veut comme tous les enfants du monde, avoir ses deux parents avec lui.
La façon de filmer en plans larges qui se resserrent (ce n'est pas la caméra qui s'approche mais les acteurs), les nombreuses scènes derrière les fenêtres où l'on observe au loin la maison, le père qui fume à l'extérieur, la mère dans la cuisine, le fils dans sa chambre... m'ont impressionnée. Paul Dano a un beau sens du cadre et place sa caméra avec intelligence.
Il est aussi question d'humiliation sociale, le père ne se remet pas d'avoir été éjecté de son travail sans raison valable, de la place de la femme et de son émancipation.
Contrairement au film de Rupert Everett, Paul Dano ne fait pas de chichi, mais à force de tout faire en douceur (sauf à un moment...) tout en accablant ses personnages de tristesse, il parvient à déverser sa tristesse sur les spectateurs.
Les acteurs sont formidables.
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WOMAN AT WAR de de Benedikt Erlingsson **(*)
Carte blanche semaine de la critique
Avec Halldora Geirhardsdottir, Johann Siguroarson, David Thor Jonsson
Synopsis : Halla, la cinquantaine, déclare la guerre à l’industrie locale de l’aluminium, qui défigure son pays. Elle prend tous les risques pour protéger les Hautes Terres d’Islande… Mais la situation pourrait changer avec l’arrivée inattendue d’une petite orpheline dans sa vie…
J'ai beaucoup hésité à aller voir ce film car la bande-annonce que j'ai vu deux fois me paraissait assommante et guère attirante. Parfois les bandes annonces trop explicites donnent l'impression d'avoir vu le film en deux minutes trente, d'autres fois, trop de mystères tue le mystère. Mais je craignais de passer à côté d'une pépite puisqu'il avait électrisé la Croisette.
J'ai donc été partiellement emballée mais aussi partiellement déçue. Le personnage d'Halla est tout à fait surprenant. Elle se bat seule contre des géants mais elle est tellement à la fois futée et insignifiante qu'il est bien difficile de retrouver sa piste. Elle vit seule dans un joli appartement et est une chef de choeur souriante et appréciée. Mais c'est surtout une écolo acharnée qui étreint la terre, les arbres et se ressource au contacte de la nature… Armée de son arbalète elle détruit les câbles électriques, les lignes à haute tension qui parcourent la campagne, détruisent le monde et le paysage et plus tard, son action se révélant inefficace, elle fait sauter les pylônes. Son action est relayée par toutes les chaînes de télé mondiales et rend fou le gouvernement islandais. Parallèlement à ses actes terroristes, Halla continue sa petite vie plus ou moins tranquille de façon relativement décontractée.
Un évènement inattendu surgit en plein milieu de son quotidien parfois mouvementé. Sans nouvelles d'une demande d'adoption qu'elle a faite quatre ans plus tôt, elle devait y avoir renoncé mais une lettre lui annonce qu'une petite fille de quatre ans l'attend en Ukraine. Le tumulte de la vie d'Halla s'en trouve évidemment amplifié. Elle ne peut renoncer à ce bonheur qu'elle espère depuis si longtemps.
Ajoutons à cela une sœur qui lui ressemble comme une goutte d'eau, un cousin présumé, un chœur de chanteuses balkaniques ou ukrainiennes et un orchestre (excellent) qui la suit dans toutes ses mésaventures et se trouve dans tous les endroits et situations les plus inattendus. En outre les paysages aux tons doux et gris sont de ceux que l'on ne voit pas tous les jours.
Vous l'avez compris on est dans la loufoquerie la plus totale mais malgré toutes ces bonnes choses inédites, j'ai vite été lassée par le procédé un peu systématique.
Le film reprend de l'énergie et de l'intérêt dans la dernière demi-heure où l'héroïne doit réagir à une traque relativement mouvementée.
Il est surtout l'occasion de croiser la route d'une femme des montagnes étonnante mais aussi d'une actrice époustouflante, audacieuse, athlétique, vaillante avec un air de ne pas y toucher.
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SAUVAGE de Camille Vidal Naquet **(*)
Carte blanche semaine de la critique
Avec Félix Maritaud, Eric Bernard, Nicolas Dibla
Synopsis : Léo, 22 ans, se vend dans la rue pour un peu d’argent. Les hommes défilent. Lui reste là, en quête d’amour. Il ignore de quoi demain sera fait. Il s’élance dans les rues. Son cœur bat fort.
Ce film porte bien son nom, il est sauvage, rugueux, dérangeant. Il aborde un thème peu traité au cinéma il me semble, la prostitution masculine et s'y attaque de front.
Passée la première scène (je me suis dit : "oups, je n'aimerais pas rencontrer ce genre de médecin"... et puis non..), l'aspect documentaire est évident. Les jeunes gens au Bois de Boulogne tapinent comme les filles, sympathisent entre eux, ou pas, s'en prennent à ceux qui cassent le prix du marché etc... La routine.
Ensuite, la caméra et le réalisateur s'attachent, s'accrochent même aux basques et au slip de Léo (je découvre son prénom dans le synopsis... il n'est pas prononcé dans le film), pour ne plus le lâcher. Et ça fait un mal de chien de le voir. Car le jeune homme ne cherche pas à s'en sortir. Il vit dans la rue la plupart du temps, ne se lave et ne mange jamais, se drogue pour tenir, tousse énormément, consulte un médecin (scène MAGNIFIQUE) qui le trouve dans un sale état pour son âge (pas la peine d'être médecin) et lui révèle une pneumopathie, embrasse beaucoup et s'attache fortement à un compagnon d'infortune beaucoup mieux armé que lui pour affronter ce milieu et sa violence. Hélas, l'objet de tous ses tourments n'est même pas pédé et a lui le projet de se sortir de là par tous les moyens possibles.
De rencontre en galère, Léo survit, quémande de la tendresse et en offre beaucoup. Embrasser, passer la nuit à câliner un homme est pour lui une évidence. Mais il est amoureux et on le sait, l'amour fait mal.
Je n'ai pas bien compris le parti pris du réalisateur qui choisit de raconter l'histoire d'un garçon qui se prostitue sans trop savoir pourquoi et ne cherche nullement à s'en sortir et s'obstine aveuglément à faire tous les plus mauvais choix et à prendre toutes les plus mauvaises décisions. Certains critiques y ont vu une note d'espoir. Je cherche encore ! Sans doute ne sont-ils pas restés jusqu'à la fin.
La crudité ne m'a pas gênée. La violence est beaucoup plus éprouvante et je sais gré au réalisateur de n'avoir pas montré la scène où entre en jeu "le Pianiste", habitué du Bois et réputé pour son sadisme et sa cruauté. On ne voit "que" le résultat.
Par contre, ce qui m'a le plus dérangée est qu'on ne voit strictement jamais l'ombre d'un préservatif. Il est évident que le film n'est pas militant.
Saluons la performance et la présence malgré tout lumineuse de Félix Maritaud (déjà présent ici) qui touche, émeut, bouleverse par sa candeur, sa douceur et sa fragilité. Son sourire ferait fondre la banquise.
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Désolée pour la présentation des deux films suivants. Parfois HAUT et FORT n'en fait qu'à sa tête.
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COMME DES ROIS de Xabi Mollia **
Journée "critiques en herbe"
avec Kad Merad, Kacey Mottet Klein
Synopsis : Joseph ne parvient pas à joindre les deux bouts. Sa petite entreprise d’escroquerie au porte-à-porte, dans laquelle il a embarqué son fils Micka, est sous pression depuis que le propriétaire de l’appartement où vit toute sa famille a choisi la manière forte pour récupérer les loyers en retard.
Joseph a plus que jamais besoin de son fils, mais Micka rêve en secret d’une autre vie. Loin des arnaques, loin de son père...
Même si la morale est sauve, j'avoue que j'ai eu un peu de mal à me montrer tolérante envers la "petite entreprise" de Joseph qui ne prospère plus. Voir des gens dans la mouise en escroquer d'autres, peut-être un peu mieux lottis, ne m'amuse ni ne m'émeut. J'ai bien compris qu'en temps de crise et de précarité où les écarts ne cessent de se creuser entre les plus riches et les plus démunis, il faut trouver des astuces pour s'en sortir. Mais je dois être trop honnête pour réussir à m'identifier ou à admettre que des "pauvres" en arnaquent d'autres même s'ils le sont moins, voire pas du tout. Le summum étant atteint lorsque Micka dérobe à une dame ce que doivent être les économies d'une vie, à moins qu'elle ne soit collectionneuse, même si la pirouette humoristique consiste à faire qu'il s'agisse de Francs... Je doute que s'il s'était agi d'€uros, les deux larrons les auraient rendus ! (je vous laisse rectifier la concordance des temps ; j'ai galéré avec cette phrase).
Pour ne pas faire ma grincheuse j'ai donc décidé de m'intéresser à l'histoire annexe de ce film et surtout m'attacher au duo d'acteurs formidables en tentant d'ignorer et de ne pas juger la partie escroquerie de l'affaire.
Kad Merad et sa bonne tête fatiguée est un père de famille et mari aimant qui sue sang et eau pour faire en sorte que sa famille ne se retrouve pas à la rue. Vous ne serez sans doute pas surpris d'apprendre que le plus mature et responsable des deux est évidemment le filston. Armé d'un aplomb et d'une mauvaise foi à toute épreuve, Joseph le père est complètement infantile et parvient à culpabiliser son fils de ne pas se réjouir d'avoir comme avenir d'arnaquer son semblable et surtout de parfois tenter de faire prévaloir ses propres aspirations voire ambitions.
Si Kad Merad est crédible et touchant, Kacey Motet Klein lui chipe la vedette tout en douceur et subtilité. Le jeune homme de 20 ans à la filmo déjà longue se détache ici de ses rôles d'ados bougons pour composer un bien beau et charmant personnage qui cherche à réaliser son rêve (devenir acteur... la fiction rejoint ici la réalité) sans trahir personne. Sa gentillesse et sa loyauté envers sa famille ainsi que les ruses de son père le confrontent parfois à des choix difficiles voire douloureux mais toujours courageux. Dans le film comme dans la réalité il est un comédien doué fait pour être sur les planches ou devant une caméra. Son père inconséquent lui fera payer le prix fort pour la liberté qu'il lui réclame.
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NOS BATAILLES de Guillaume Senez **
Carte Blanche semaine de la critique
Avec Romain Duris, Laure Calamy, Laetitia Dosch
Synopsis : Olivier se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura, sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas.
J'avais beaucoup aimé Keeper du même réalisateur et voir Romain Duris dans un rôle différent (ouvrier syndicaliste et papa de deux enfants) m'attirait beaucoup.
Quelques jours après l'avoir vu, je ne sais que dire de ce film. Je me souviens avoir été oppressée souvent par les gros plans, mais vraiment très très gros plans sur le visage des acteurs dont je ne comprends pas toujours l'intérêt.
Il m'en reste finalement peu de choses à part justement l'interprétation subtile et convaincante de Romain Duris dont même la voix semble avoir changé. Il se débat un peu comme Ted (Dustin Hofmann) dans Kramer contre Kramer, tel l'homme qui découvre les contraintes de la vie de famille en dehors du boulot...
Le monde du travail est particulièrement bien observé, c'est plutôt bien fait, on sent une sincère volonté de s'accrocher au réel, les personnages ont des boulots et des vies "normales", mais il manque l'étincelle pour rendre ce film moins oubliable.
J'espère que vous trouverez des avis plus conformes et enthousiastes à ce film sincère.
Commentaires
J'ai beaucoup aimé Thunder road, et je te rejoins dans ton avis, il tape fort même si ça e plait pas aux esprits chagrins.
Quand à Sauvage, il m'a mise super mal à l'aise (et même mon couple d'amis garçons pas prude du tout l'était un peu, c'est dire). Mais au final il reste une empreinte, on ne sait pas trop de quelle forme ...
Pour les autres soit pas vu, soit pas tellement d'avis :)
Je l'ai revu. J'étais toujoyrs aussi emballée voire plus.
Sauvage n'est pas confortable. J'étais souvent mal à l'aise aussi. Il y a quasiment un viol et les scènes dans le caniveau...
The Guilty est exceptionnel.