de Jon S. Baird ***

Avec Steve Coogan, John C. Reilly, Shirley Henderson, Nina Arianda, Danny Huston

Synopsis : 1953. Laurel et Hardy, le plus grand duo comique de tous les temps, se lancent dans une tournée à travers l’Angleterre.

Désormais vieillissants et oubliés des plus jeunes, ils peinent à faire salle comble. Mais leurs capacités à se faire rire mutuellement et à se réinventer vont leur permettre de reconquérir le public, et renouer avec le succès.

Un Biopic de plus me direz-vous. Certes. Mais je ne peux vous dire à quel point ce fut un plaisir de retrouver Laurel et Hardy. Je ne m'attendais pas à déguster une telle madeleine et de ce fait j'ai passé un moment délicieux qui donne une envie folle de revoir les courts ou longs métrages qui me mettaient en joie il y a très longtemps.

Le réalisateur choisit de passer directement de la gloire des deux stars (un long et beau plan séquence de 6 minutes pour nous faire visiter les studios hollywoodiens pendant que les deux loustics discutent) à leur déclin 16 années plus tard. Dans l'attente de tourner un film, ils entament une tournée des théâtres en Angleterre. Leur humour un peu daté ne fait plus recette, ils sont reçus dans des hôtels minables et ne remplissent pas les salles minuscules dans lesquelles ils se produisent. Et pourtant le public qui se déplace encore est aux anges et rit aux éclats. Les choses vont s'arranger grâce à une tournée de promotion jusqu'au déclin physique d'Ollie.

Evidemment la réalisation est très sage et le réalisateur entend surtout nous démontrer à quel point les deux hommes s'aimaient, sans le savoir vraiment et pas seulement parce que l'un sans l'autre, artistiquement n'était pas grand chose. Le film se teinte d'une grande mélancolie lorsque les deux frères ennemis se disent leurs quatre vérités devant une foule de personnes gênées mais qui pensent quand même qu'il s'agit d'un sketch.

C'était toujours Stan qui jouait les benêts, multipliant les gaffes et les maladresses tandis qu'Ollie tentait de rattraper les boulettes de son partenaire. En vérité, on sait que la tête pensante et chercheuse était Stan qui occupait une grande partie de son temps à écrire les répliques et les gags. Ollie approuvait sans contestation préférant claquer tout son argent aux courses.

Il faut savoir aussi que les deux hommes étaient de grands séducteurs et ont été mariés respectivement 5 et 3 fois ! Les pensions alimentaires ont dû également avoir raison de leur fortune. Nous faisons ici connaissance de leurs deux dernières épouses qui forment également un savoureux duo antagoniste. La femme de Stan, froide et autoritaire, la toute petite femme d'Ollie douce et amoureuse. Mais chacune à sa façon protège sa star de mari.

On sent à chaque scène à quel point le réalisateur aime ses personnages qu'il couve de sa tendresse. Et il a trouvé en Steve Coogan et John C. Reilly deux interprètes formidables et touchants qui se glissent dans les costumes et sous les chapeaux melon avec intelligence je trouve. Les quelques séquences comiques présentes dans le film sont un régal (notamment celle sur un quai de gare...) et reproduites à l'identique des modèles. Les 2 acteurs ont accompli un formidable travail. Je ne résiste pas de partager avec vous ce moment d'anthologie.