AMANDA (DVD)
de Mikhaël Hers ****
Le film est disponible en VOD depuis le 25 mars et sort le 2 avril en DVD chez Pyramide Video.
Synopsis : Paris, de nos jours. David, 24 ans, vit au présent. Il jongle entre différents petits boulots et recule, pour un temps encore, l’heure des choix plus engageants. Le cours tranquille des choses vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda.
J'aime pleurer au cinéma... mais pour ce film c'est presque l'overdose.
Ce que l'on fait subir aux enfants m'est absolument intolérable. Vous n'avez pas idée. Ne serait-ce qu'entendre un enfant ou un bébé pleurer ou crier me met dans une position inconfortable à la limite de la crise d'angoisse. J'ai aussitôt la main sur le téléphone pour appeler Police Secours ou la DDASS et l'envie d'écorcher vif l'adulte qui fait pleurer un enfant me vient rapidement. Sauf que parfois l'adulte n'y est pour rien. Enfin, pas tous et pas toujours. Il y a toujours quand même au moins un responsable.
Ici il est question de deuil je devrais même plutôt dire de deuils au pluriel car quand quelqu'un meurt il y a des dommages collatéraux multiples voire tentaculaires. Rarement une seule personne est touchée. Et certains doivent prendre soin des autres alors qu'ils sont eux-mêmes ravagés de chagrin. Double peine.
Le réalisateur part d'un évènement réaliste mais imaginaire. Une horreur qui est bien arrivée mais pas là où il la place. Et si vous ne savez pas comment la maman d'Amanda meurt, je ne vous dis rien. Il ne s'éternise pas, un plan de quelques secondes et la vie s'effondre. Pas la peine d'insister. Un autre plan, un peu plus tard montre David (Vincent Lacoste, merveilleux) prêter son portable à une inconnue qui a perdu le sien. Ces petits riens qui font tout et parsèment le film de son humanité, fragile, fugace... on a rarement idée à quel point !
Isaure Multrier est Amanda. Elle est ce genre d'enfant acteur miracle qu'on a envie de sauver, de protéger. Sauf que sa maman meurt (le père a toujours été absent, ne l'a même pas reconnue), celle avec qui elle dansait, celle qui lui offrait un Paris-Brest (pas le voyage, le gâteau) avant de passer à table, celle qui savait comme personne lui expliquer la portée et le sens d'une expression comme Elvis has left the building... et rien ne peut consoler de la perte de cette maman là, solaire, lumineuse, joyeuse, vivante malgré la difficulté parfois d'être seule avec une enfant de 7 ans, curieuse, exigeante. Mais elle a un frère (Vincent Lacoste, magnifique), soutien solide, indéfectible même s'il est parfois en retard.
Vincent Lacoste (impressionnant) tient ici son meilleur rôle. Je n'en pouvais vraiment plus de ses rôles d'adulescent immature voire d'étudiant (lui qui a quitté l'école au CM2). Bien sûr, il est toujours très jeune et ce n'est pas un reproche mais ici, il montre un côté enfin adulte malgré la précarité de sa situation (il enchaîne deux petits boulots). Il est bouleversant et ça marche. La scène de la gare... où il sanglote sans que rien ne puisse l'arrêter est déchirante. Car si Amanda a perdu sa maman, lui a perdu sa grande sœur. Et ils étaient proches, unis, complices. C'est aussi à lui que revient la mission quasi inhumaine d'annoncer à sa nièce que sa maman est morte. La caméra s'éloigne. Peu importe les mots.
Le réalisateur ne donne pas d'explications, pas de solutions pour continuer à vivre quand tout s'écroule au point de, petit détail, ne plus savoir où on a garé son vélo, il observe avec justesse la vie qui continue malgré tout, malgré le soleil, malgré l'école et le travail où il faut continuer à se rendre et les autres qui font ce qu'ils peuvent et ceux qui ne savent pas. Et peu à peu David (Vincent Lacoste, idéal) chemine vers ce qui est sans doute la première plus grande décision de sa vie : s'occuper d'un "petit lardon" de 7 ans empli de larmes, voire devenir, et les 15 ans qui les séparent le permet, papa d'une enfant qu'il adore mais qui n'est pas à lui.
Il n'y a pas de place ici pour l'analyse de ce qui est arrivé, pas de place pour la haine, les suppositions et les regrets. C'est ainsi. Il faut s'armer, continuer ce qui devient un combat, vivre, aimer, faire et refaire les choses, manger un Paris-Brest, aller à un tournoi de tennis, entreprendre un voyage prévu "avant", revoir une personne essentielle disparue depuis plus de 20 ans. L'émotion est là encore et encore mais sans aucune lourdeur, jamais, sans sur-jeu, sans sur-texte. Vincent Lacoste est... (remplir les pointillés).
La pudeur me semble un terme trop souvent employé et un peu vague pour être utilisé ici. Alors qu'est-ce que c'est ? La délicatesse, l'élégance, la tendresse et le respect infinis pour ses personnages, L'insoutenable légèreté de l'être qui l'aide à tout surmonter ? Je ne sais pas.
Vincent Lacoste et Isaure Multrier, une rencontre magique, sont bouleversants. Cela devrait suffire à vous faire courir voir ce film, ou à le fuir. Et comme disait Blier, préparez vos mouchoirs... aucun match de tennis ne vous fera autant pleurer car peut-être que finalement, Elvis n'a pas vraiment quitté le building...
Commentaires
'Ou à le fuir'.
Voili je vais opter ....... ;-)
Dépêche toi.
Quel avis enthousiaste ! C'est vrai, la tête de Vincent Lacoste en sale gamin nous dissuaderait plutôt...Nous allons le guetter à la télé !
Je n'étais vraiment pas fan de Vincent Lacoste. C'est son premier vrai rôle. Il est formidable. Et l'histoire bouleversante.
Pour répondre aux matchings points, pas sure qu'il passe à la TV celui-ci.
Oui, ce film est vraiment joli, je le reverrais bien :)
Il faudrait donc que nous essayons de le trouver quelque part !
VOD ou DVD. Il vaut vraiment le coup.
Hou là ! Je crois que tu vas haïr mon papier du coup… (ou le fuir)
Je vais le fuir. Merci de prévenir.
Parfois je me dis que je te ménage trop. ;-)
Continue comme ça :-)
Je ne me sens pas très ménagée IRL.