de Dexter Fletcher **(*)

Avec Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden, Bryce Dallas Howard, Steve Macintosh

Synopsis : Rocketman nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale..

Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John. Son histoire inspirante – sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.  

Pour la petite histoire pas bien choupinette, rappelons que Dexter Fletcher a également réalisé Bohemian Rhapsody alors qu'il n'est crédité au générique "que" comme producteur exécutif. Il a remplacé Bryan Singer qui avait "disparu" des plateaux de tournage...
Il est en effet difficile de voir ce film sans penser au Biopic sur Freddy Mercury encore tout frais dans nos mémoires. Je n'irai pas par quatre chemins, c'est moins bien mais c'est très bien quand même. Même si à l'inverse du premier on n'a pas envie de revoir le film sitôt le générique terminé ni d'écouter en boucle les chansons d'Elton comme ce fut le cas pour Freddy. Je dois reconnaître que j'étais fan de Freddy avant le film mais que je n'ai jamais particulièrement été attirée par Elton. Je n'ai aucun de ses albums mais en entendant les chansons dans le film, je m'aperçois que je les connais et qu'elles sont bien belles. Notamment Your song. Chaque chanson reprise ici illustre un épisode de la vie de la star, c'est plutôt bien fait et l'on voit à quel point les chansons collent aux situations. Celle de Your song est particulièrement touchante.

Le film est plus calqué sur le mode comédie musicale et s'en éloigne parfois. Les acteurs chantent (plutôt bien) et les chorégraphies sont enlevées.

Question contenu, l'aspect psychanalytique plutôt basique (simple) m'a gênée. Comme si absolument tout ce que faisait Elton John n'était  motivé que par l'envie du petit Reginald qui sommeille toujours en lui d'être pris dans les bras par son père. Je spoile, mais ça n'arrivera pas. A ce titre, les parents sont des caricatures de tortionnaires sadiques sur le plan psychologique. Ils n'ont de cesse leur vie durant de manifester et dire clairement à leur fils à quel point il est une honte pour eux. Evidemment l'enfance est capitale pour le développement de l'enfant mais je trouve le film un peu balourd sur ce plan. Face à tous les gens qui lui font du mal, de la peine ou l'exploite (John Reid, manager et amant d'Elton, est une nouvelle fois présenté comme une sangsue opportuniste, un profiteur sans cœur) Elton John est présenté comme une victime sans grande envergure. C'est hagiographique à fond.

Par contre, il est intéressant de voir comment un petit gars rondouillard et roux à qui la mère prédit une calvitie précoce parvient par son talent et son génie musical à devenir le recordman des ventes de disques alors qu'on demande surtout, déjà à l'époque, au chanteur d'être beau. Son extravagance vestimentaire et ses performances scéniques vraiment enthousiasmantes dans le film feront le reste. Une forme de communion touchante semble rapidement s'instaurer entre l'artiste et son public qu'il fait littéralement léviter...

Aucune des addictions de la star n'est éludée. Il les énumère lui-même. En plus d'être boulimique et ne réussissant pas à calmer ses accès de colère, il est accro à toutes sortes de drogues dures, aux médicaments sur prescription, à l'alcool et au sexe (j'en oublie sans doute). On nous signale qu'Elton est sobre et heureux depuis 28 ans maintenant. Tant mieux.

Ce qui fait aimer le film est son énergie et l'amour pour son sujet qui transpire dans chaque scène. Et je crois qu'une fois encore, le plaisir qu'on y prend tient à un acteur, qu'on a parfois du mal à reconnaître, Taron Egerton (ex Kingsman survitaminé et hilarant). Je le trouve impressionnant, radieux, craquant. Les plus belles scènes sont celles partagées avec un autre british so cute, Jamie Bell.

Ne boudez pas ce plaisir.