DES FILMS REGARDABLES
L'AUTRE CONTINENT de Romain Cogitore ***
Avec Paul Hamy, Déborah François
Synopsis : Maria a 30 ans, elle est impatiente, frondeuse, et experte en néerlandais. Olivier a le même âge, il est lent, timide et parle quatorze langues. Ils se rencontrent à Taïwan. Et puis soudain, la nouvelle foudroyante. C’est leur histoire.
Et c'est la rencontre de deux personnalités complémentaires qui pourraient au premier abord paraître inconciliables. Mais l'inverse se produit et chacun va amener l'autre à soi avec ses particularités, ses exigences, ses failles et son originalité. Cela peut faire des étincelles, d'autant que Maria a hâte de "concrétiser" l'attirance, alors qu'Olivier est pétrifié devant tant d'amour ! Le timide c'est le garçon tandis que la fille fonce.
Moi qui supporte mal les scènes de sexe d'amour au cinéma, la plupart du temps totalement ratées et encore plus souvent inutiles, je dois dire qu'ici le couple s'aime et l'exprime dans la joie et la bonne humeur ; ça change. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils partagent une passion pour les voyages et les langues étrangères (ils se parlent en plusieurs langues (dont le mandarin) ce qui les isole du reste du monde et fait une des originalités du film).
Alors qu'est-ce qui pourrait bien les arrêter ? Patatra, tapi dans l'ombre, le drame survient ! Et brusquement, alors que tout ne semblait être qu'insouciance et carpe diem, il faut devenir adulte et affronter.
Et plus le couple souffre, plus il s'aime. C'est beau je vous dis.
C'est le plus beau rôle de Deborah François je trouve et Paul Hamy, géant doux et timide est d'une grande subtilité.
Le réalisateur est le petit frère de Clément, responsable du très fort Ni le ciel, ni la terre et du renversant Braguino. Une famille de surdoués à suivre de très près.
.................................
LUNE DE MIEL d'Elise Otzenberger **
Avec : Judith Chemla, Arthur Igual, Brigitte Roüan, André Wilms, Isabelle Candelier, Antoine Chappey
Synopsis : Anna et Adam, jeune couple de parisiens aux origines juives polonaises, partent pour la première fois de leur vie en Pologne. Ils ont été invités à la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de la destruction de la communauté du village de naissance du grand-père d’Adam. Si Adam n'est pas très emballé par ce voyage, Anna est surexcitée à l'idée de découvrir la terre qui est aussi celle de sa grand-mère. Enfin… d’après le peu qu’elle en connaît.
Les voilà partis à la recherche de leurs origines dans un voyage plein de surprises, durant lequel ils ne trouveront pas exactement ce qu’ils sont venus chercher…
Il y a du bon et du moins bon dans cette comédie douce amère qui aborde des thèmes forts comme la recherche de ses racines, de ses ascendants, des ravages des non dits dans les familles, de la shoah...
Je n'ai pas aimé que la femme du couple soit hystérique, anxieuse, angoissée alors que l'homme est calme, posé, patient. Je n'ai pas compris l'intérêt des blagues scatos à propos du caca d'Anna. Mais en dehors de cela le voyage vaut le déplacement et le dépaysement est total malgré les clichés énoncés à propos des juifs et des polonais.
On découvre ce qu'est devenue la Pologne où les juifs ont totalement disparu dans certaines régions et on visite médusé un quartier de Cracovie devenu un "Disneyland de la Shoah". Ahurissant de voir tout ce qui est vendu comme figurines rappelant cette abominable période ou le petit train qui parcourt les lieux emblématiques.
Le film est également porté et sauvé par le couple à l'écran qui rivalise de charme et de drôlerie. De Judith Chemla tornade énergique et irrésistible émane souvent l'émotion.
Avec Guillaume de Tonquédec, Léa Drucker, Lionel Abelanski
Synopsis : Toujours accompagné de sa fidèle poule Roxane, Raymond, petit producteur d’œufs bio en centre Bretagne a un secret bien gardé pour rendre ses poules heureuses : leur déclamer les tirades de Cyrano de Bergerac. Mais face à la pression et aux prix imbattables des grands concurrents industriels, sa petite exploitation est menacée. Il va avoir une idée aussi folle qu'incroyable pour tenter de sauver sa ferme, sa famille et son couple : faire le buzz sur Internet.
Petite comédie sociale qui pointe les difficultés des petits agriculteurs face aux grands industriels, ce premier film mignon s'égare à force de proposer des solutions de plus en plus invraisemblables. Dommage car on sent la sincérité du projet. Mais la tragédie qui se joue dans nos campagnes est étouffée par une résolution optimiste bien loin de la réalité.
Bizarrement j'ai été touchée par le sort des poules (même si j'ai trouvé les trucages assez laids). Moi qui choisis soigneusement mes œufs bio issus de poules élevées en plein air... je découvre ici qu'elles sont quand même entassées dans un poulailler le soir venu et que leur durée de vie est limitée à un mois après quoi, elles terminent en vacances à la broche. Je pensais bêtement qu'une poule pondeuse était poule pondeuse à vie. ça m'apprendra à ne jamais regarder Envoyé Spécial.
Heureusement, il y a Guillaume de Tonquédec, touchant en péquenaud (ça se voit à ses joues rouges et couperosées...) au bord de la faillite, plutôt taiseux et amoureux des vers d'Edmond Rostand. Et c'est toujours un plaisir infini d'entendre les tirades, dont ma préférée reste celle des "Non, merci".
Par contre Léa Drucker m'a semblé mal à l'aise dans le rôle de la femme de paysan. Est-ce le fait d'être la partenaire d'un comédien du Français qui la fait articuler ainsi et prononcer toutes les syllabes de chaque mot (touteu les syllabeu de chaqueu mot... vous voyez ?).
Le film reste mignon et prendre un peu l'air de la campagne ne fait pas de mal. Et surtout les vers d'Edmond :
"Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ?
Non, merci !
Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci !
Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?…
Non, merci !
D’une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l’autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci !
Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci !
Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ?
Non, merci !
S’aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci !
Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ?
Non, Merci !
Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : « Oh ! pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François » ?…
Non, merci !
Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci !
Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !"
Avec Isabelle Huppert, Chloé Grace Moretz
Synopsis : Quand Frances trouve un sac à main égaré dans le métro de New York, elle trouve naturel de le rapporter à sa propriétaire. C’est ainsi qu’elle rencontre Greta, veuve esseulée aussi excentrique que mystérieuse. L’une ne demandant qu’à se faire une amie et l’autre fragilisée par la mort récente de sa mère, les deux femmes vont vite se lier d’amitié comblant ainsi les manques de leurs existences. Mais Frances n’aurait-elle pas mordu trop vite à l’hameçon ?
Petit thriller sans grande ambition, le film réserve peu de surprises malgré ses quelques rebondissements. Je ne suis pourtant pas très accoutumée à ce genre mais on peut prévoir pratiquement chaque scène suivante. Quant aux personnages, il réservent aussi peu de surprises. La gentille et nunuche Frances inconsolable depuis la mort de sa maman vit avec une coloc dévergondée qui se fait injecter du jus d'asperges dans l'anus... et la vilaine Greta hargneuse pour moult raisons (que je laisse le soin de découvrir à ceux qui auront le courage d'aller voir ce film) est une psychopathe sadique. Autour de ces filles lourdement marquées, il y a des flics incompétents, un "privé" pas bien futé et... je ne sais plus qui.
De plus en plus invraisemblable à mesure qu'il avance, le film se termine de façon granguignolesque.
Reste Isabelle Huppert dont même les sourcils font flipper. Elle apparaît et disparaît, silhouette menue, démarche trottinante ou mains dans les poches. Elle est terrifiante. Ce genre de rôles doit être marrant à jouer pour une actrice qui n'a peur de rien mais ne va t-on pas finir par se lasser de sa froideur glaçante ?
Commentaires
Bien aimé Roxanne et la présence de Liliane Rovere (Tata Simone ) que j'aime beaucoup !
Oui elle est formidable. J'ai vu son âge. Elle est étonnante.
Nous avons vu Lune de Miel, un moment divertissant, un équilibre réussi entre gravité et burlesque, comme nous avons dit sur le blog.
C'est vrai, on commence à presque se lasser d'une Isabelle Hubert glaçante ! Pourtant, nous aimons les polars...
Oui j'ai bien aimé même si le film est déséquilibré.
C'est plus un thriller horrifique qu'un polar.
Bonjour Pascale, il faudrait que je vois les deux premiers. Sinon, je trouve que les sorties cinéma d'après-Cannes ne sont pas exaltantes. Bonne journée.
Bonjour dasola. Je suis d'accord. Ça se réveille un peu. J'ai aimé Le Daim et je vais courir voir Noureev et Tolkien.
Tu devrais aimer les 2 premiers.
Dans ces films, je voulais voir Greta, mais les critiques m'en ont dissuadée !
Un film sans surprise. Si tu dois faire des choix, il y a effectivement d'autres priorités.
Le Dupieux évidemment.
Tu donnes envie pour "L'autre continent" et "Lune de miel", dont je n'avais pas encore entendu parler. "Roxane" me tente (un peu), mais impossible évidemment d'égaler l'émotion du texte d'Edmond Rostand.
Quant à "Greta", ça ne me fait pas envie du tout, pour le coup. Le jus d'asperges... ???
Les 2 qui te tentent sont vraiment originaux.
Roxane est mignon.
Greta est prévisible.
Je n'ai (pour l'instant : "Roxane" est à mon programme de Fête du cinéma) vu que "Lune de miel", que j'ai vraiment aimé, surtout pour l'interprétation de Judith Chemla.
Je n'ai pas tenté "Greta", parce que je n'avais accès qu'à des séances doublées en français... et la bande-annonce en VF ne m'a pas fait bonne impression.
Roxane est mignon.
Judith Chemla est formidable.
Pour Greta, tu as bien fait, ce film ne sert à rien.
j'ai vu Greta, l'atmosphère tendue et paranoïaque a bien fonctionné sur moi, mais comme toi j'ai trouvé que la fin était trop grand guignol et que huppert en fait des caisses... dans le genre machiavélique et pervers, je préfère misery
Ah oui tu as raison, Misèry est imbattable.