de Chanya Button **

Avec Gemma Atterton, Elizabeth Debicki

Synopsis : Virginia Woolf et Vita Sackville-West se rencontrent en 1922. La première est une femme de lettres révolutionnaire, la deuxième une aristocrate mondaine.

Quand leurs chemins se croisent, l'irrésistible Vita jette son dévolu sur la brillante et fragile Virginia. Commence une relation passionnelle qui fait fi des conventions sociales et de leurs mariages respectifs. La fascination que Virginia ressent pour Vita, l'abîme entre sa vie d’artiste et le faste de l'excentrique aristocrate donneront naissance à Orlando, une de ses œuvres maîtresses, bouleversante réflexion sur le genre et sur l’art.  

Ce que le synopsis oublie de mentionner est que Vita est elle aussi romancière. Lors de leur première rencontre Virginia lui lance : "pourquoi vos livres ont-ils plus de succès que les miens ?", Vita lui répond que "popularité ne signifie pas génie". Virginia esquisse un vague sourire.

L'union de ces deux femmes n'avaient rien d'évident, la superficialité apparente et l'insouciance de l'une semblant antagoniste de la profondeur et des tourments de l'autre. Et pourtant, lorsque l'amour s'en mêle... Bien que Vita soit homosexuelle et Virginia frigide, les deux femmes sont mariées à des hommes aimants et compréhensifs qui aiment et protègent leurs femmes. Hélas, ils sont ici représentés comme deux pantins sans caractère. L'un engoncé dans ses costumes de diplomate, l'autre, manches relevés dans son imprimerie.

La reconstitution d'époque, les costumes, les décors intérieurs comme extérieurs, l'évocation scandaleuse des moeurs des deux femmes... tout est impeccable, presque trop. Mais terriblement froid et dénué de la passion qui anime les deux femmes.

Il faut bien admettre que le grand intérêt du film est de voir évoluer deux actrices magnifiques et habitées par leurs personnages. Même si on ne comprend pas toujours ce qu'elles se disent et pourquoi elles se mettent dans ces états... (les dialogues sont sur-écrits, sur-littéraires !) on est touché par leurs tourments et leurs difficultés à être heureuses. On voudrait qu'elles le soient.

Vita a la chance d'être interprétée par Gemma Atterton beaucoup plus jolie que la véritable Vita. Elle apporte beaucoup de profondeur à son personnage au départ plutôt futile. Quant à Virginia, elle a la grâce et la majesté d'Elizabeth Debicki, la seule à m'avoir fait forte impression dans Les Veuves. Elle confirme ici cette excellente impression.

Le second avantage du film est évidemment de donner envie de lire.