de Boris Lojkine ***

Avec Nina Meurisse, Fiacre Bindala, Bruno Todeschini, Grégoire Colin

Jeune photojournaliste éprise d'idéal, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se prépare. Très vite, elle se passionne pour ce pays et sa jeunesse emportée par la tourmente. Désormais, son destin se jouera là-bas.

Le film ne verse ni dans le misérabilisme ou le voyeurisme ni dans la sensiblerie. Pourtant il y avait de quoi céder inconsciemment ou pas à ces travers puisque l'histoire de cette photographe est vraie et qu'elle a été assassinée (on le sait dès les premières images du film) dans un pays en constante ébullition où des massacres de civiles continuent encore aujourd'hui.

Les raisons du conflit sont aussi bêtes et banales que d'habitude. Deux groupes d'un même peuple (seleka contre anti-balaka, musulmans contre catholiques) s'affrontent de façon fratricide et Camille entendait révéler au monde l'horreur de ce qui se passe dans ce pays qu'elle a pris en affection. Son premier reportage fait, la direction de Libé entend l'envoyer en Ukraine, car un article sur la Centrafrique suffit. On perçoit tout le cynisme et l'inconséquence des médias comme de François Hollande qui lors d'un discours parle d'un "petit pays" alors qu'il a la même superficie que la France. De nombreux détails révoltants émaillent le film mais ils sont exposés sans colère et sans haine je trouve.

Camille vivait au milieu de la population, s'était fait des amis parmi les étudiants mais sans cesse lui revenait au visage le fait qu'elle était une étrangère porteuse, du haut de ses 25 ans, de tout un passé colonial. Elle ne se démontait jamais et faisait preuve d'un courage frôlant parfois l'inconscience. Elle n'avait peur de rien et certaines scènes la montrant seule au prise avec des combattants sur-armés sont vraiment effrayantes.

Elle aimait les gens, le leur montrait et sa compassion infinie était réelle. L'hommage que lui rend Boris Lojkine est vraiment magnifique et Nina Meurisse ressemble tant à Camille Lepage et s'est tellement impliquée dans le rôle, qu'ils rendent ce film bouleversant. Non seulement à cause du sort réservé à Camille mais aussi celui du peuple de Centrafrique dont une partie manifeste pour la paix.

Le film est sobre, documenté, à la limite du documentaire parfois mais toujours passionnant à suivre. On touche du doigt ce qu'est cette profession exercée par cette jeune femme pleine d'empathie, d'idéalisme et de courage et on pense le temps d'un film et un peu plus, au destin d'un pays totalement oublié des journaux...

Nina Meurisse est lumineuse.