de Olivier Nakache et Eric Toledano ***

Avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent, Benjamin Lesieur, Catherine Mouchet

Bruno et Malik vivent depuis 20 ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés "d'hyper complexes". Une alliance hors du commun pour des personnalités hors normes.

Je fais partie des rares exceptions qui n'avaient pas trop aimé Intouchables des mêmes réalisateurs. J'avais bien sûr beaucoup ri mais je n'avais pas aimé que l'histoire rende le handicap effroyable dont souffre le personnage presque supportable tant sa "nounou" était merveilleuse. Sauf que la Nounou était Omar Sy qui avait droit dans ce film à un traitement de faveur et nous offrait un one man show époustouflant.

Cette fois, il y a bien deux stars du cinéma français et je les ai trouvés formidables. Ils se sont parfaitement glissés dans leurs personnages parmi les véritables professionnels qui participent au film. Et aucun acteur ne "joue" un handicapé ou un autiste. De véritables "malades" interprètent leurs propres rôles. Là encore, quel travail remarquable ! J'ai lu qu'il était regrettable qu'il leur soit laissé trop peu de place dans le film. Je trouve cela injuste et faux car justement le film ne fait pas de voyeurisme en nous montrant des autistes en "crise" alors que leurs symptômes sont décrits oralement et aucun acteur ne vient faire un numéro à la Rain Man. On suit plus particulièrement le parcours de Joseph et du jeune Valentin qui bien qu'atteints d'un autisme grave sont sans doute les plus à même de participer à un film. Ils sont infiniment touchants.

Du côté des éducateurs nous avons Malik (Reda Kateb, impeccable) responsable d'une association qui aide à l'insertion des jeunes des cités. Il les encourage et les forme sans ménagement à devenir des accompagnants pour des personnes atteintes d'autisme. De l'autre, Bruno (Vincent Cassel n'a jamais été aussi doux et ça lui va très bien) accueille ces personnes. Des "cas" particulièrement sévères dont aucune structure ne veut. Ces deux associations existent depuis plus de 15 ans et n'ont aucune existence ni légitimité juridiques. Elles fonctionnent "hors la loi" bien qu'en relation étroite avec les services de santé qui leur envoient les "cas difficiles" qu'ils ne peuvent plus accueillir pendant que les hautes instances jouent les aveugles et sourds.

Cet état de fait est une réalité et le film semble parfaitement documenté et pointe toute l'hypocrisie du service public qui d'une part entend que ces associations aient un statut juridique et de l'autre ferme les yeux sur l'aberration de laisser des personnes et leurs accompagnants en grand désarroi face au handicap et à sa prise en charge. Elles font d'ailleurs l'objet dans le film d'une expertise de la part d'Inspecteurs des services de santé qui enquêtent sur leur fonctionnement.

Le film nous plonge en totale immersion dès la scène d'ouverture d'une grande vivacité où une jeune fille court et se heurte aux passants pendant que des jeunes gens semblent la poursuivre. La réalité est tout autre.

Encore une fois contrairement à ce que j'ai lu, le film ne dégouline pas de bons sentiments et ne verse pas dans l'angélisme. Même s'il est parsemé de belles scènes consensuelles où par exemple de jeunes blacks, blancs, beurs, feujs cohabitent dans la plus parfaite harmonie, ces scènes font du bien. Hélène Vincent porte avec sa belle présence chaleureuse le rôle d'une mère vieillissante qui se demande ce que son adulte de fils autiste va devenir sans elle.

Tous les personnages sont attachants dans ce film, tout y est touchant sans jamais être mièvre. Je vous invite et vous encourage même à le découvrir avant qu'il ne disparaisse des écrans. On peut y voir la tolérance et l'espoir en marche. Comme dit l'autre, ça ne peut pas faire de mal.