de Sarah Zuco ***

Avec Céleste Brunnquell, Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Eric Caravaca, Spencer Bogaert

Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l’aînée d’une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité dans laquelle ils s’investissent pleinement.

La jeune fille doit accepter un mode de vie qui remet en question ses envies et ses propres tourments. Peu à peu, l’embrigadement devient sectaire. Camille va devoir se battre pour affirmer sa liberté et sauver ses frères et sœurs.

Histoire inconfortable qui évoque la maltraitance enfantine et la dérive sectaire, Sarah Zuco frappe fort avec ce film tiré de son expérience personnelle.

Comment une famille, des enfants et des parents aimants se retrouvent prisonniers d'un "Berger" gourou charismatique aussi doux qu'autoritaire et manipulateur, capable d'éloigner des personnes de leur famille en leur promettant l'amour de Dieu. La mère, dépassée et déçue par la tournure que prend sa vie se met à fréquenter cette communauté dont les valeurs de partage et d'entraide la séduisent. Le père résiste un peu mais ils demandent finalement à leur fille aînée Camille d'arrêter d'exercer sa passion pour le Cirque, sa raison de vivre pourtant, qui est dégradante selon le Berger.

On est effaré, mal à l'aise au début, ne sachant si la réalisatrice fait preuve de second degré face à l'emprise que peut avoir la religion sur des esprits faibles ou si elle dénonce. Ni l'un ni l'autre ou les deux. Elle ne juge pas mais observe et relate. Et c'est Camille qui après avoir cédé, accepté de faire partie de la secte, par amour pour ses parents, tout en conservant sa liberté de penser, finit par se révolter et agir lorsqu'elle comprend qu'elle et ses petits frères et sœur sont en danger.

Les séances de prières, parfois proches de l'exorcisme, d'humiliation publique, celles où le Berger est littéralement appelé en bêlant par ses ouailles sont saisissantes et révoltantes. Au début les enfants s'amusent de ces rites jusqu'à ce qu'ils comprennent à quel point les punitions sont injustes et à la limite de la mise en danger pour leur santé. Sans parler de la pédophilie évoquée en un plan séquence de quelques minutes bouleversant...

On est révolté, touché, horrifié, ému du sort de ces enfants. Camille est interprétée par une petite merveille qui porte son rôle et sa révolte de façon exceptionnelle. Les autres enfants sont également très bien, notamment les petits frères très éprouvés eux aussi. Les parents, détestables sont interprétés courageusement par Camille Cottin et Eric Caravaca, plus illuminés qu'éblouis. Quant à Jean-Pierre Darroussin il est ce berger horripilant et séduisant.