de Matthieu Delaporte, Alexandre de la Patellière **

Avec Fabrice Luchini, Patrick Bruel, Zineb Triki, Pascale Arbillot, Jean-Marie Winling

A la suite d'un quiproquo, deux amis d'enfance sont persuadés que l'autre n'a plus que quelques mois à vivre. Ils se retrouvent pendant quelques jours pour profiter d'instants précieux.

Dès que le malentendu plutôt lourdingue est exposé et mis en place, le cheminement vers l'issue dramatique et fatale réserve de bonnes surprises.

Je trouve, contrairement à ce que j'ai lu par ci par là, qu'il ne s'agit pas de l'incapacité de parler sincèrement à ses proches (le rôle de celui qui a de la difficulté à parler revenant à Fabrice Luchini) mais plutôt de la façon, maladroite mais sincère, d'un ami pour en protéger un autre. Et je dois dire que j'ai trouvé ça plutôt beau et bien émouvant à de nombreuses reprises.

Je ne connais pas bien Patriiiiiiiiiiiick mais j'ai l'impression qu'il s'agit pas d'un rôle de composition et qu'il doit être aussi insupportable que son personnage. Je me trompe peut-être mais ici César (Patrick) est hâbleur, flambeur, invivable, envahissant et son personnage est souvent agaçant. Les rares moments où il sourit de toutes ses dents révèlent une vraie sincérité et illuminent son visage. Sinon, on a plutôt envie de lui dire de se taire et d'arrêter de gesticuler.

Mais je suis depuis toujours toute acquise à la cause Fabrice Luchini, je ne rate sous aucun prétexte un de ses films, et je crois qu'ici il est particulièrement attachant et émouvant et c'est lui qui tire ce film vers le haut. Alternant la comédie et le drame, le film assure un juste équilibre entre les deux sans trop accentuer l'un ou l'autre. Même s'il n'est pas impossible ou interdit de finir franchement bouleversé.

Les dialogues sont vifs et bien emmenés, jamais vulgaires. Je me suis régalée. Même si je ne sais pas trop quoi penser de la réplique, (puisque Luchini s'appelle Alfred Arthur Dreyfus) : "on ne vas pas en faire toute une affaire, Dreyfus". Bon, je crois que j'ai ri... Mais je le répète, c'est Fabrice Luchini qui assure le spectacle sans JAMAIS en faire trop. Son rapport à la mélancolie, à la vieillesse me touche et il sait faire passer le message de l'homme plus tout à fait jeune, mais pas encore vieux, nostalgique, qui voit sa jeunesse loin derrière lui. Même s'il joue ici le rôle d'un homme de 57 ans...

J'ai eu du mal à comprendre pourquoi Victor se met dans une telle colère quand il découvre que son ami lui a menti. Je trouve ça pour ma part vraiment touchant.

Et la révélation du film est Zineb Triki, dont la beauté se révèle peu à peu. Elle incarne la douceur et l'empathie et sa voix est une caresse.

Malgré une affiche atroce et un Bruel agaçant, les deux mâles triomphants hilares ne sont pas du tout représentatifs de l'ambiance du film, je trouve ce film très fréquentable.