UNE VIE CACHÉE
de Terrence Malick
Avec August Diehl, Valerie Pachner
Inspiré de faits réels.
Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre.
Qu'il est devenu difficile de parler d'un film de Terrence Malick ! Je ne désespère pas de retrouver un jour les grandes émotions que furent La Balade sauvage, Les Moissons du ciel, La ligne rouge et le Nouveau Monde. Comment ce réalisateur s'y prend-il pour garder notre confiance ? Il lui aura fallu quatre décennies pour réaliser ces quatre films qui furent des évènements et un des socles de ma cinéphilie. Puis il y eut The Tree of life qui commençait à notre grande surprise à creuser un sillon sublime et grotesque. En plein milieu du film, un documentaire sur la création du monde avec des dinosaures et un discours mystique et religieux vraiment plombant. Depuis, Malick poursuit sa quête métaphysique et fait tournoyer des voilages autour de jolies actrices qui ne comprennent pas trop ce qu'elles font et les caresse de sa caméra vaporeuse comme il le fait avec les arbres.
Il s'attaque ici à l'histoire vraie d'un martyre béatifié et tout n'est que prière et élévation. C'est pourtant sans doute son film le plus accessible car justement, enfin, il nous raconte une histoire lisible... mais pas toujours. Car il oublie de faire parler son personnage principal. Si certains d'entre nous ne connaissent pas Hitler (je suis en forme !!!), on ne saura jamais ce que Franz lui reproche. Comment au fin fond de sa campagne isolée entre des montagnes, sans télé, est-il informé de l'horreur en marche ? Il refuse de signer l'acte par lequel il se rend complice du nazisme et subit alors un emprisonnement fait de tortures, d'interrogatoires et d'un procès vite bâclé. Heureusement, le réalisateur peut s'appuyer sur l'interprétation solide, inspirée et sensible d'August Diehl car les acteurs, ce n'est clairement pas ce qui l'intéresse.
En 39, Franz est heureux avec ses trois filles et sa femme. Ils vivent dans la gadoue d'une ferme autrichienne et rien ne nous est caché de la dureté des taches quotidiennes, même si on ne les comprend pas toutes... parfois, Fani déplace un âne et lui caresse le dos. Le travail est rude mais l'amour est plus fort que tout. Franz et Fani ne cessent de se rouler dans la gadoue en s'embrassant. Et la caméra virevolte, la steadycam contreplonge, l'herbe verdoie et le chemin glissoie. Le style est inimitable, c'est du Malick pur jus. Et à la console : Bach, Haydn, Dvorak et la bande originale sublime de James Newton Howard. C'est beau, c'est d'une grande beauté, la nature, la musique et l'amour, on en prend plein les yeux, plein les oreilles. Mais hélas côté électrocardiogramme cela reste plat. Sauf lors du bref et dernier échange entre l'homme et la femme : "- Est-ce que tu me comprends ? - Quoique tu fasses, je t'aimerai."
Mais c'est long, c'est très TRES long !
Certains moments sont impressionnants, les images d'archives du début, pas ou rarement vus. D'autres aspects sont douteux. Les nazis, les allemands, les méchants éructent et vocifèrent un allemand guttural tandis que les autrichiens, les gentils murmurent en... anglais !
Le destin de Franz est d'autant plus incroyable voire abscons qu'il ne se fait le porte parole de rien ni de personne. Il n'appartient à aucun parti. Il est simplement opposé au régime. Encore une fois, je regrette qu'à aucun moment il n'expose son parti pris avec ses mots de paysan, sa foi et sa conviction. Mais qu'il parle, bordel !.
Alors quoi, c'est beau, très, lyrique, trop... mais un peu con quand même. Il ne reste plus à Malick qu'à filmer la vie de Jésus, car son Franz s'en approche. Non il le dépasse, car jamais il ne doute. Sa foi le sauve de tout, de la peur, de la haine, de la bêtise, de la méchanceté, de la barbarie. Même enfermé, il est libre Franz parce que droit dans ses sabots dondaine. Et la nature ? Elle est belle, pure et tourmentée. Les semailles et les moissons rythment les saisons, ou l'inverse. Chaque scène est un tableau plus beau que le précédent.
Malick continue de chercher le divin dans l’homme et dans la nature, et son héros aux décisions sacrificielles est un Saint mais toute cette religiosité, que c'est pénible !
Commentaires
Bonsoir Pascale, tu n'as pas mis d'étoiles mais tu ne sembles pas enthousiaste. Personnellement, le film ne me tente pas. Bonne soirée.
Je suis incapable de savoir ce que j'en pense... c'est si beau, et si chiant par moments !
Bonne soirée.
Plus de 3 heures ce n'est pas pour moi, mon dos ne peut plus tenir si longtemps sur un siège de cinéma ! Et puis les moments chiants comme tu dis ...
Non, moins de 3 h. 2h20 en fait mais c'est long.
Désolée d'apprendre que ton dos te fait souffrir.
Aucunes étoiles, pas de moisson dans le ciel ? Mieux vaut aller vers Star Wars pour en trouver ?
J'ai eu beau me réunir... les étoiles et les bulles sont totalement inadaptées ici.
Star wars sans Leïa et sans Luke... je vais encore souffrir et les jeunes me diront que c'est génial...
C'est programmé pour cet après-midi - je n'aurais pas du lire votre avis, qui me décourage un peu, pourtant je suis au courant pour la longueur. Mais il y a tant d'acteurs allemands...
Par mes origines, je cours toujours dès qu'il y a un film qui tourne autour de l'Allemagne (ici l'Autriche)...
On verra bien...
J'ai peur pour vous...
Les acteurs allemands parlent anglais pour la plupart.
Pas d'étoiles et nous voilà perdu dans les limbes... Hihihihihi je les cherchais jusqu'à que je comprenne que tu étais incapable d'en attribuer.
Pour ma part je n'ai pas réussi à regarder The tree of life... hermétique je suis à l'oeuvre de ce cinéaste. Je passe mon chemin ...
Bisous !
C'est préférable...
The tree of life était son dernier film regardable.
Mais les 4 qui précèdent sont des GRANDS films.
Je n'avais pas du tout accroché à The Tree of life alors que j'avoue depuis ce cinéaste me fait un peu "peur" je me note tout de même les films que tu cites au début de ton article.
Merci en tout cas pour ton retour
Bonne journée
Les films que je cite sont merveilleux... depuis oui, il fait peur.
J'ai décroché depuis The Tree of life. Pour celui-ci, je crains de penser comme toi et donc j'hésite à aller le voir.
Au niveau tehniques et réalisation tu aurais mille choses à dire. Mais les bondieuseries, je n'en peux plus. Je crois que même laïque cet homme aurait agi de la même façon.
Tiens pas d'étoiles ! Bon je n'ai pas envie de le voir,j'en ai marre des films trop long et Tree of life m'avait laissée particulièrement perplexe!
Je ne sais toujours pas combien d'étoiles ou de bulles je peux mettre. August Diehl est tellement merveilleux !
C'est le film le plus accessible depuis The tree of life.
173 minutes ça fait bien comme tu l'indiques 2h 20. :-)
Depuis son virage expérimental de 2011 je passe mon tour dès qu'il s'agit de Malick.
++
C'est pourtant son film le plus accessible.
Je comprends qu'on puisse rester dehors ce film. Pour ma part, j'ai énormément aimé, ça m'a même bouleversée. Peut-être que je suis moi-même assez torturée sur des questions et observations sur l'existence et la croyance, mais ça m'a quand même pas mal parlé. Après, je concède que c'est pas le Malick que je préfère mais je trouve qu'il renoue davantage ses anciens films (je n'ai pas du tout supporté sa trilogie Song to song/knight of cups/A la merveille).
J'en profite pour te souhaiter - avec un peu de retard - un joyeux Noël et de très bonnes fêtes !
La trilogie était insupportable (quoique je n'ai pas vu la cup).
Celui-ci est plus supportable et abordable sans doute, pour moi, grâce à August Diehl pour qui j'ai un gros faible.
Je ne m'interroge nullement sur l'existence de dieu. J'ai ma réponse... du coup je suis assez intolérante sur le mal que les gens s'infligent en son nom.
De belles fêtes à toi aussi.
Je crois que, dans certaines circonstances, il faudrait faire rembourser la vision des films de T. Malick (au cinéma) par la Sécurité Sociale. Je pense notamment aux personnes souffrant d'insomnie. Pour 7 à 10 euros, on leur permet de passer un peu plus de trois heures (en comptant les bandes annonces et les publicités) confortablement installées dans une salle obscure, en compagnie d'autres personnes en général très calmes... et de faire une petite cure de sommeil. Au rythme d'un Malick tous les deux à trois jours, au bout de deux semaines, nos insomniaques seront tous rétablis !
Précautions d'usage :
- ne pas abuser du Malick. Un usage intensif du Malick peut provoquer d'intenses céphalées.
- ne convient pas aux moins de 40 ans.
Hélas somnoler au cinéma ne répare pas les insomnies.
Ma dernière sieste remonte à hier : Jésus !!!
J'ai commencé Malick bien avant 40 ans, du coup je m'accroche en espérant qu'il se ressaisisse. Son film le plus sénile est sans doute Song to song (déshabiller et caresser les filles de voilages, et des scènes de sexe...), ce n'est pas le cas de celui-ci.
Décidément, nous divergeons en cette fin d'année. Espérons que 2020 nous réunira de nouveau.
Oui, souhaitons que tu retrouves le sens commun