1917
de Sam Mendès ***(*)
Avec George MacKay, Dean-Charles Chapman, Mark Strong, Colin Firth, Benedict Cumberbatch
Pris dans la tourmente de la Première Guerre Mondiale, Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, se voient assigner une mission à proprement parler impossible. Porteurs d’un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake, ils se lancent dans une véritable course contre la montre, derrière les lignes ennemies.
Contrairement à ce qu'on a pu lire ou entendre, 1917 n'est pas un seul et unique plan séquence. Il est d'ailleurs visiblement interrompu en plein milieu pour une raison précise. Par contre il s'agit bien de très longues scènes qui mises bout à bout par les miracles de la technique, semblent ne jamais s'interrompre. Mais je trouve que ce film que j'ai vu, parfois en apnée, sans la moindre seconde d'ennui, vaut plus que pour sa prouesse technique. Autant dire que l'immersion est totale pour le spectateur qui suit cette journée en enfer collé aux basques des soldats dans les tranchées. On vit et on comprend l'épreuve d'avoir à parcourir les quelques kilomètres de cette mission folle à travers les cadavres de chevaux, de soldats, les rats. On découvre la bêtise de l'homme en guerre qui abat les vaches, coupe les arbres, tend des pièges. La guerre en somme, cette connerie !
Il faut aussi saluer la performance physique des deux acteurs et notamment de George MacKay (le formidable fils du Capitain Fantastic) qui court, rampe, saute, plonge, dans la boue, la poussière, l'eau, se fait bousculer, ensevelir sous des décombres lors d'une explosion, crache ses poumons, tombe et se relève deux heures durant équipé de tout ce barda et chaussé de brodequins de marche cloutés avec bandes molletières (oui je me suis documentées). Autant dire, pas ce qu'il y a de plus souple et pratique pour crapahuter dans la campagne printanière du Pas-de-Calais (même si le film a été tourné chez les grands bretons) aux alentours d'Ecoust Saint Mein.
Pour cette folle course contre la montre où deux hommes sont priés en transmettant un simple message d'en sauver 1 600, Sam Mendes s'inspire des récits de son grand-père, trouffion envoyé se faire charcuter dans la folie, la crasse et la puanteur des tranchées, là où la condition humaine n'a plus aucune valeur, plus aucun sens. Dans les ruelles sordides des tranchées, des hommes, la plupart très jeunes, attendent les ordres aberrants et parfois contradictoires de l'Etat-Major et de se faire tuer dans un pays qui n'est pas le leur.
Bien que le voyage ne dure que quelques heures et quelques kilomètres, il prend le temps parfois de s'apparenter à un road-movie. Dans les moments apaisés, un soldat chante une douce complainte à ses compagnons, une ferme abandonnée pourrait être un havre de repos, une jeune femme cachée soigne une blessure, des pétales de cerisiers tombent doucement...
Autour des deux jeunots gravitent brièvement les gradés Colin Firth, Mark Strong et Benedict Cumberbatch. Ils sont sans doute tous au paradis car ils ont connu l'enfer. Le film le démontre admirablement et s'achève comme il a commencé par la vision presque paisible d'un soldat éreinté au pied d'un arbre qui rêve sans doute de rentrer chez lui.
La partition démente et inspirée de Thomas Newman colle aux images et à l'histoire.
Commentaires
Artificiel ...
Lourdingue aussi ;-)
Sans parler que tu t'es fait ch... comme jamais :-)
Artificiel ? tu veux dire comme Apocalypse Now ? comme Full Metal Jacket ? comme Fury ? comme Les Croix de Bois ? tous ces films de guerre ultra-stylisés réalisés par des cinéastes un peu lourdingues (surtout "Fury" il faut bien l'admettre) qui aiment que le cinéma transcende la réalité à travers la poésie des images ?
En effet...
Bonsoir,
je pense aller le voir. Mais pourquoi la dernière étoile la quatrième entre parenthèse ?
Bises et merci pour ton billet :-)
Trois c'est pas assez et quatre c'est trop :-)
Quatre, c'est trop peu. ;-)
Ben non, si j'en mets 3 et demi c'est que 4 c'est trop.
C'est qui le matheux ici ?
A si, j'ai trouvé ( entre autre ) tout à fait crédible la rencontre avec Blanche neige et le lardon, on se demande bien comment les méchants teutons avinés ne l'ont pas rencontré avant la bergère .. ;-)
Je pense que les 2 avinés préféraient s'amuser entre garcons si tu veux mon avis...
J'espère que le lardon n'est pas allergique au lait de vache.
Je ne doute pas des qualités de ce film, mais je n'ai pas très envie de voir un énième film sur la guerre.
Je me doute. Il est différent mais la guerre c'est toujours aussi con.
J'ai beau relire ton article, je ne vois pas où il manque des étoiles.
J'ai dû me laisser influencer par Ronnie.
En plus tu RElis
Je persévère, je cherche l'erreur !
Accroche toi.
Encore un film de guerre ? Oui, mais parfaitement réalisé pour faire vivre le spectateur l'enfer que ces soldats ont vécu ! Nous partageons entièrement votre avis...
Oui, un moment surprenant et cette guerre là donne des films différents.
Je l'ai vu hier et il m'a bouleversée. Ca faisait très longtemps que je n'avais pas pris une telle claque devant un film. Pour moi la critique n'a pas menti, c'est un grand film à tout niveau : technique, réalisation, musique, comédiens. J'étais submergée par les émotions qu'il a fait naître chez moi ...
Je comprends. Plus je vois des films sur cette guerre plus j'en comprends l'absurdité, ne serait ce que par ce qu'ils avaient sur le dos.
Il paraît que les fameuses bandes molletières qui devaient empêcher l'eau de pénétrer provoquaient des maladies et quil n'y avait d'autres solutions que d'amputer.
Et la jeunesse des soldats...
Un film fort et émouvant en effet.
Vraiment un film à voir au cinéma sur un immense écran avec une mise en scène qui m'a littéralement happée scotché à l' acteur du secret des marrowbone
Mais en sortant je me pose deux questions :
Y aura t il un quelconque intérêt à le revoir un jour sur petit écran ?
Sam Mendes n a t il pas trop édulcoré la guerre ? Exactement comme Almodovar l année derrière pour sa dépendance ?
Mais c'est vrai.... Ce n'était juste qu' une histoire que grand père lui racontait lorsqu'il était petit avant de s endormir !
Je n'arrive pas à faire le parallèle avec le film d'Almodovar.
Celui de Mendès sur petit écran me semble contre-indiqué en effet. Par contre je trouve qu'en racontant une seule journée, il résume bien l'enfer de la guerre qui dure plusieurs années. Et les horreurs qu'on y découvre ne me paraissent pas édulcorées.
Je n'ai pas vu le secret des marrowbone mais l'acteur George MacKay est tellement intéressant que tu me donnes envie de le voir.
Bonsoir
je sors de voir ce film et je lui mets facile les 4 étoiles (sur 5).
C'est édifiant angoissant c'est très fort pour nous faire ressentir au mieux l'enfer des tranchées. Et les acteurs m'ont plu et je me disais bien que j'avais déjà vu George MacKay c'était dans Capitaine Fantastic ! Et la musique ♥ et les scènes poétiques où la nature s'accroche malgré tout...
Pas 5 étoiles à cause de la scène avec la femme et le bébé venus de nul part...
Un très bon film qui restera dans ma mémoire.
Bises
On est d'accord la scène jolie bergère/bébé est de trop et complètement invraisemblable. Dommage.
George MacKay : valeur sûre à suivre.
Bonne journée.
Décidément, l'année 2020 commence bien ! Après "Séjour dans les monts Fushun", voilà un deuxième film très inspiré, techniquement remarquable (bien que dans un genre différent). C'est toute la force d'un grand cinéaste que de parvenir à suggérer l'horreur de la guerre sans quasiment montrer aucune scène de tuerie. Et quelle qualité d'image, quelle profondeur de champ, quel souci du détail ! Vite, plein d'Oscar !
Et bien, te voilà très enthousiaste. C'est vrai que ce film est formidable. Faire autant ressentir l'horreur c'est fort.
Plutôt séduite par le travail technique qui ne fait pas trop artificiel, qui "s'efface" vite au profit du récit. En revanche, si je trouve la 1ere partie du film intense, je trouve sa seconde partie en-dessous en terme d'expérience (ça reste un ressenti très personnel bien entendu !).
C'est un film qu'avec le temps qui passe, jai déjà envie de revoir.