ANNONAY 2020 - L'ANGLE MORT
de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic *
Avec Jean-Christophe Folly, Isabelle carré, Golshifteh Farahani, Sami Ameziane, Claudia Tagbo, Tella Kpomahou
Dominick Brassan a le pouvoir de se rendre invisible. Il ne s’en sert pas beaucoup. À quoi bon, d’ailleurs ? Il a fait de son pouvoir un secret vaguement honteux, qu’il dissimule même à sa fiancée, Viveka. Et puis vient un jour où le pouvoir se détraque et échappe à son contrôle en bouleversant sa vie, ses amitiés et ses amours.
Dommage qu'avec un tel pouvoir, qui implique de grandes responsabilités, le personnage et le réalisateur n'en fassent à peu près rien. Ce qui fait qu'on suit avec intérêt et curiosité la première demi-heure. On se demande vraiment comment le film va concrètement évoluer et puis on finit par craindre le pire qui arrive et nous laisse sur notre fin/faim.
Les premières minutes commencent dans les années 70/80 dans le milieu artistique. C'est funkie et avec la façon dont le bébé (que nous retrouvons dès la scène suivante 38 ans plus tard) disparaît et réapparaît, on comprend que le budget effets spéciaux est proche du néant. Ce n'est absolument pas gênant et on sait qu'il est possible de faire des films fantastiques sans avoir le compte en banque de Georges Lucas.
38 ans plus tard, Dominick est un homme perturbé, plutôt mutique. Il a néanmoins une petite amie qui voudrait prendre un peu plus de place dans sa vie, il a des rapports conflictuels avec sa sœur, il aime sa maman et il travaille dans un sous-sol où il emballe des guitares pour WoodBrass alors qu'il est (sans doute) doué pour la musique. C'est très net, Dominick ne fait confiance à personne, il fait l'objet de quelques propos racistes et il s'en plaindra très injustement je trouve auprès de Viveka qui est pourtant pleine de patience à son égard. Il se cache, il cache son pouvoir qui ne lui sert qu'à mater les filles et plus précisément sa belle voisine dont il découvrira plus tard qu'elle est aveugle ("on ne voit bien qu'avec le cœur..."etc). Cela vaut à Golshifteh Farahani (toujours juste malgré tout) de proférer des phrases ésotériques et d'une grande profondeur telle que : "je vois ce que j'entends et je n'ai pas envie de voir ce que je suis en train d'entendre là"... Et d'énoncer que même les aveugles ont du mal à se passer du mot "voir". D'ailleurs, "au revoir". Je vous laisse méditer.
Cela devrait être inquiétant, ça l'est vaguement mais cela finit par ne plus avoir grand intérêt. Cette malédiction qui ne touche que les hommes est la plupart du temps utilisée pour faire du mal (vague de suicides incompréhensibles dans le métro), jusqu'à ce que surgisse Sami Ameziane (Le Comte de Bouderbala) qui apporte une véritable inquiétude dans le film mais hélas, encore une fois le réalisateur n'en fait rien. Sa mère, comme celle de Dominick sont gravement malades. Sont-elles porteuses de cette fatalité ? On ne sait pas.
Le trouble a fini chez moi par se transformer en ennui. Heureusement, on a tout le loisir de contempler le très bel acteur Jean-Christophe Folly, nu la plupart du temps car le pouvoir ne s'exerce que dans le plus simple appareil (prendre bien le temps de se déshabiller avant qu'il se manifeste…).
Une fois encore, je pense être passée à côté du film et du thème qui m'échappe totalement. La seule question que je me pose et me suis déjà posée : quel don de la nature aimerais-je avoir ? La téléportation sans hésitation. Mais pour une fois je n'aimerais pas être enfermée dans la machine avec une Mouche…