Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

DARK WATERS

de Todd Haynes ***

5081510_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Avec Mark Ruffalo, Anne Hattaway, Tim Robbins, Bill Pullman

Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie...

Après avoir vu ce film, nul doute que comme moi, vous ne regarderez plus votre poêle en Teflon de la même manière. Composé de PFOA, une substance toxique, persistante et "extrêmement préoccupante" dixit le REACH (règlement européen signifiant Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques), cet acide perfuorooctanoïque ou C8 pour les intimes, serait présent dans l'organisme de 99 % de la population mondiale.

D'abord réticent à défendre ce paysan, Wilbur Tenant, très en rogne qui force les portes du grand cabinet où il est promis à un bel avenir tout tracé, l'avocat Robert Bilott découvre que la société DuPont déverse des milliers de tonnes de ce C8 dans une rivière proche de Parkersburg. L'eau empoisonnée par la substance provoque la mort du bétail et est responsable de 6 lourdes pathologies de cancer chez l'être humain.

Il obtient une ordonnance du Tribunal qui contraint la société DuPont à lui remettre la totalité des documents concernant cette substance. La scène où on le voit assis au milieu de milliers de documents est impressionnante. Il est dit qu'il s'est chargé seul de la lecture de l'intégralité des documents. Il n'est pas au bout de ses peines et dès lors sa vie privée et professionnelle sont bouleversées même s'il est suivi par son patron qui lui accorde de poursuivre ses investigations.

On apprend donc que DuPont menait depuis les années soixante des recherches sur les propriétés nocives du PFOA et était informé de ses propriétés cancérigènes. C'est ici que les gros sous interviennent. Le Teflon génère 1 milliard de dollars de profit annuel à l'entreprise alors qu'une substance non toxique aurait fait baisser significativement la rentabilité.

Je vous passe les détails de la minutie et de l'entreprise titanesque que représentent les investigations de Rob qui durèrent des années. Il s'agit d'un film dossier passionnant, très documenté mais jamais ennuyeux où une fois de plus un petit David s'attaque à un géant Goliath sans jamais renoncer. C'est admirablement mené et si l'on pense évidemment au combat d'Erin Brokovitch, Todd Haynes ne fait pas dans la légèreté et choisit de placer l'histoire et ses personnages dans un hiver terne et gris permanent, les pieds dans la gadoue. J'ai trouvé cela dommage car il est évident que la Virginie Occidentale est une région magnifique, verdoyante et boisée et que le réalisateur choisit de nous la présenter dans les couleurs froides et grises d'un éternel hiver. Le contraste et les dégâts n'en auraient été que plus flagrants s'il avait décidé de faire parfois se lever le soleil sur cette sinistre histoire. Ici, on se croirait à Tchernobyl, après le désastre.

Malheureusement, si le projet et l'initiative reviennent à Mark Ruffalo qui l'a proposé à Todd Haynes, je trouve que l'acteur dessert un peu le film. Balourd et trop vieux pour le rôle (le vrai Rob n'a qu'une trentaine d'années lorsque l'affaire commence), je trouve que cet acteur n'a qu'une façon de s'exprimer : la grimace même si je reconnais que j'ai apprécié le calme avec lequel il expose les faits. Ses exposés sont clairs et précis. Mais le regarder est assez déplaisant en ce qui me concerne. Par ailleurs, son couple avec Anne Hattaway ne fonctionne pas du tout. La pauvre en est réduite à être enceinte, rester en cuisine et se plaindre. Jusqu'à ce que soudainement à ma grande surprise, elle se mette à "défendre" son mari. Mais il faudra un évènement dramatique pour cela.

Il n'en demeure pas moins que ce thriller est haletant de bout en bout et que la cause défendue fait froid dans le dos.

La Société DuPont, classée au deuxième rang des 100 plus gros pollueurs mondiaux, continue de sévir.

Commentaires

  • Vu ( en téléchargement ) :(
    Un doc aurait largement fait l'affaire. Vu ( Erin Broccoli, Pentagon Papers WC et others ) et revu.
    On se fait ch..r un poil quand même.

  • Gros dossier dis-donc. Rien qu'à te lire, je sens déjà l'ombre du crabe prête à se jeter sur mes organes.

    Etonnant de trouver Todd Haynes dans ce registre tout de même (Velvet Goldmine, I'm not there, Carol, …) quoique, il y avait déjà un parfum d'empoisonnement dans l'air dans "Safe" dont je n'ai qu'un souvenir très très flou et lointain.

    Encore un qu'il me faudra rattraper un de ces quatre.

  • Oui, ça réveille le nénuphar endormi...

    Toddy a été sollicité par Mark (mon Dieu cet acteur !!!!), ceci explique peut être cela.

  • Un film dossier très intéressant.

  • Hello Pascale, d'accord avec toi sur l'analyse globale du film, j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt l'exposé des faits et le rassemblement de preuves. Par contre moi je suis fan de Mark Ruffalo ! Je ne pourrais pas imaginer quelqu'un d'autre pour jouer ce rôle. J'ai aussi apprécié de revoir Tim Robbins à l'écran, qui se fait assez rare. Quant à Anne Hathaway, j'oscille toujours entre "je l'aime bien" et "damn elle m'agace quand même !"

  • Coucou Marine.
    Oui c'est passionnant à suivre et fort bien mené.
    Mark je le trouve de plus en plus irregardable. Tu avais bon goût pourtant ? :-)

    Anne, j'oscille aussi. Elle n'est pas gâtée ici...

  • Je viens juste de le voir... J'ai pas encore jeté toutes mes Tefal, mais j'y pense. Ca fout quand même les jetons, cette histoire, cette affaire.
    Passionnant et abject., heureusement qu'il y a quelques grands hommes dans cette société-là. Quel combat cela a dut être pour le vrai Rob...
    Quand à Mark, moi je l'adore, que ça t'en déplaise. J'aime la tristesse de son regard

  • Oui ça fout les jetons. J'aime ce genre de films pourtant.
    Quant à Mark, c'est physique. Il me fout le frisson pas dans le bon sens... Mais il n'a même pas réussi à me gâcher l'histoire de Thomas et Dominik où il tenait le double rôle.

Écrire un commentaire

Optionnel