LA COMMUNION
de Jan Komaza ****
Avec Bartosz Bielenia, Eliza Rycembel, Aleksandra Konieczna
Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention pour mineurs. Hélas, son casier judiciaire l'empêche d'accéder aux études de séminariste. Envoyé dans une petite ville pour travailler dans un atelier de menuiserie, il se fait passer pour un prêtre et prend la tête de la paroisse. L'arrivée du jeune et charismatique prédicateur bouscule alors cette petite communauté conservatrice.
Exceptée l'histoire d'amour inutile (l'amitié entre les deux jeunes gens est plus belle que leur historiette sans issue), d'autant que la demoiselle du "couple" réussit elle aussi une belle émancipation, je vous recommande vivement ce film rare, ambitieux et déroutant.
Cela commence comme un film de prison avec ce que cela comporte de violence et d'horreur. La violence fugace et intense ressurgira à plusieurs moments car bien qu'habité et inspiré par une foi sincère, Daniel sera régulièrement rattrapé par son passé et un certain déterminisme social. Ce qu'il a fait, on l'apprendra d'une façon très subtile, assez tard dans la narration et il faut saluer la réalisation très habile qui nous maintient dans un état de tension permanente. C'est par hasard que Daniel endosse le rôle du prête absent. Rien de prémédité dans cet acte. Au départ il voulait juste impressionner une fille voire lui extorquer son respect. Et c'est vrai que dès qu'il lui montre le col romain qu'il a subtilisé au prêtre de la prison, de moqueuse, la demoiselle se fait plus respectueuse.
La Communion s'inspire d'une histoire vraie et elle est tellement extraordinaire qu'on aurait du mal à l'imaginer. Cette imposture fait osciller le film entre chronique cléricale, thriller et échos de la vie d'une petite communauté unie dans le souvenir d'un drame survenu un an plus tôt. Nous découvrirons également la nature de l'évènement dramatique peu à peu. L'efficacité de tout ce que le réalisateur mène de front dans cette histoire est remarquable. Même s'il s'attache en particulier au personnage fascinant de Daniel de toutes les scènes et interprété de façon remarquable par Bartosz Bielenia, un garçon au visage d'ange, de nombreux personnages prennent leur place et sont bien esquissés en quelques phrases ou scènes. Le charisme de Daniel et la qualité de ses prêches sincères auront vite fait de séduire tout le village qui se précipitera aux messes et aux séances de confession.
Mais au-delà de l'imposture, il y a l'authentique désir de rédemption de Daniel mais aussi son exceptionnelle empathie et sa disposition sincère encore une fois, au pardon. Son aisance à soigner les plaies profondes qui dévastent quelques personnages est impressionnante et la scène où il encourage ces gens qui souffrent à se libérer de leur colère et de leur chagrin est un moment très fort. Et plus que de religion, malgré le parcours christique de Daniel, le film parle effectivement de pardon et de rédemption. Et c'est très fort et très beau, jusqu'à une image finale puissante.
Pour interpréter ce personnage hautement romanesque et charismatique, le réalisateur a trouvé un interprète idéal en la personne de Bartosz Bielenia. J'ai lu qu'il avait un côté mi James Dean, mi Jean Seberg ! C'est faux et je suis bien meilleure au jeu des ressemblances. Il est le clone d'August Diehl et de Christopher Walken. Même regard inquiet voire inquiétant parfois, dont il joue admirablement, mêmes cernes, et même implication totale dans un rôle très fort. Mais peu importe à qui il ressemble, son interprétation parfois hallucinée, parfois d'une douceur remarquable devrait lui ouvrir les portes de bien beaux rôles.
Commentaires
Tiens l'affiche m'avait interpellée mais je n'avais encore rien lu sur ce film. Je le place dans ma liste d'envie ciné, ton avis me donne très envie de le voir !
Il FAUT le voir :-)
Vos comparaisons sont épatantes ! Ce film est sur notre liste aussi, merci !
Je suis forte au jeu des ressemblances :-) Oui, allez le voir.
On me l'a recommandé hier au cinéma ou je prenais le programme. J'ai vu les extraits, qui m'intriguaient. Grâce à toi j'en sais un peu plus et je suis tentée.
Ah super. C'est un film FORMIDABLE mais dur.