VIVARIUM
de Lorcan Finnegan ***
À la recherche de leur première maison, un jeune couple effectue une visite en compagnie d’un mystérieux agent immobilier et se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement...
Dans la précipitation et au gré de mon surfing internautique je me suis aperçue que j'avais oublié de vous parler du dernier film que j'ai vu en salle. Quelle ironie pour un film de... confinement qui hélas méritait mieux qu'une sortie confidentielle ! Je n'imagine pas l'avenir et n'ai aucune idée de ce que vont devenir les films sortis le 11 mars dernier. En tout cas, si le confinement n'était pas encore à l'ordre du jour pour nous lorsque j'ai vu ce film, il flottait déjà un air de ralentissement d'activité et l'idée que l'accès aux salles serait limité à 99 personnes et 49 pour les plus petites salles. Nous n'étions que 5 dans la salle, à distance réglementaire et le parking était plus vide qu'en plein mois d'août...
Vivarium est un premier film je crois et Lorcan Finnegan sera à suivre de près si un jour...je veux dire lorsque le jour viendra où nous pourrons retourner en salle. Son film, s'il ne révolutionnera pas le genre, a l'immense mérite pour moi qui ne suis pas adepte des films d'horreur trop suggestifs avec jump scare à gogo comme unique ressort dramatique, d'entretenir une tension croissante sans avoir recours à la facilité.
Cela commence comme une gentille rom-com roucoulante dans laquelle Gemma et Tom cochent toutes les cases du bonheur passé, présent et à venir. Pour sceller encore plus leur amour sincère et réciproque, ils ne souhaitent pas se marier non, mais acquérir une maison. L'humain aime posséder. Ils ont le tort de suivre Martin, un agent immobilier trop souriant qui leur assure qu'il a le "produit" qu'il leur faut. Arrivés sur place, la maison qui porte le numéro 9 est charmante dans son agencement (rien ne manque), quoique flippante dans son ambiance aseptisée et sa décoration glaciale et provoque instantanément une sensation de malaise. Et contrairement à ce que j'ai lu plusieurs fois, elle ne me rappelle en rien la maison mystérieuse et attirante de L'Empire de la lumière de Magritte (un de mes tableaux préférés). Quoique en y regardant de plus près...
Le plus terrifiant étant le lotissement dans laquelle elle se trouve. Les petites demeures sont toutes parfaitement identiques alignées au bord de rues qui se perdent à l'infini.
ATTENTION SPOILERS !!!
L'agent immobilier disparaît et Tom et Gemma ne parviennent pas à retrouver leur chemin. Ils tournent et retournent tellement que le réservoir de la voiture se vide. Ils décident de passer la nuit dans la maison et repartent à pied le lendemain dans l'espoir de trouver la sortie. Après des heures et des heures de marche, la nuit tombe et ils se retrouvent étrangement devant le 9... Une caisse contenant des vivres leur est déposée mystérieusement. Le surlendemain la caisse contient un bébé qu'ils doivent élever s'ils veulent retrouver leur liberté !
L'expérience pour le jeune couple comme pour le spectateur est de taille. D'autant que le bébé se met à pousser comme un champignon, prend des années en quelques jours, imite à la perfection ses "parents" et pousse des hurlements insoutenables dès qu'il a faim. Au lieu de s'attacher à lui, Tom et Gemma le prennent en grippe.
Sans doute que s'ils l'avaient entouré d'amour et d'attention... il n'y aurait pas eu de film.
Les premières images sont assez répugnantes et cruelles. Un coucou (l'oiseau) chasse en les faisant tomber du nid des oisillons. La nature est féroce. L'american dream et même way of life en prennent un sacré coup dans l'aile ici. Le matérialisme, l'égoïsme, le cynisme, le règne de l'enfant roi monstrueux mènent le monde à sa perte et l'homme en redemande... J'essaie de ne pas spoiler davantage mais l'affaire est d'un pessimisme sans fond.
Tom pour tromper l'ennui mortel qui s'abat sur le couple se met à creuser un trou dans le jardin. D'une manière ou d'une autre, il doit bien y avoir une issue. La folie et la peur rodent constamment. De son côté Gemma, qui est institutrice, tisse quelques liens avec l'enfant...
J'espère que vous aurez l'occasion de voir ce film, mais soyez avertis, il n'est pas confortable.
P.S. : les deux acteurs sont très bien.
Commentaires
Je ne suis pas sûre que c'est ce que j'aurai envie de voir lorsque nous pourrons retourner en salle !
Je ne pense pas non plus :-) C'est finalement étrange d'avoir vu ce dernier film.
Ce n'est pas trop le genre de film que nous apprécions. Mais peut-être, après notre confinement qui n'aura pas eu la même menace, nous serons curieuses de voir ce genre de situation - à distance...
C'est un film très intéressant sur les réactions de l'être humain confronté à des situations inédites et très anxiogènes.
C'est aussi mon dernier film vu en salle avant le confinement. Déjà ce vendredi soir-là c'était un peu spécial l'ambiance. Puis oui, quelle ironie que ce film juste avant le confinement. Pour ma part j'ai vraiment aimé l'ambiance et les personnages !
Mais je ne l'ai pas chroniqué, je sais pas vraiment pourquoi :'(
Avec le recul c'est étrange d'avoir vu ce film en dernier.
Oui, tu laisses ton blog à l'abandon :-('