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MOON (DVD)

de Duncan Jones ***(*)

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Vous pensez peut-être que je n'ai vu aucun film depuis 2 mois et ma dernière sortie en salle, le seul endroit où je continue de penser qu'il faut découvrir les films (même si ce n'est pas forcément simple pour tout le monde) ? Il n'en est évidemment rien. J'ai vu des films, environ un par jour. En faire la liste ou le décompte ? Je ne suis guère coutumière de l'exercice mais pourquoi pas ? Il faut que tout change pour que rien ne change (ou quelque chose d'approchant).

Je ne sais pourquoi j'ai plus de mal à parler de films vus à la télé et en DVD, de classiques, de films que tout le monde a déjà vus... En tout cas cette période a été (et continue d'être) bienvenue pour que je mette ma prose en veilleuse car écrire systématiquement sur tous les films vus devenaient parfois contraignant et ma flamme s'émoussait.

Je vais essayer (vœu pieux) de reprendre un peu de service et évoquer aujourd'hui ce film revu en DVD qui m'avait fait forte impression.

La Terre a trouvé un remède à ses problèmes de ressources énergétiques. La Lune lui fournit dorénavant de quoi alimenter ses énergies. Pour cela l'entreprise Lunar a implanté une station lunaire répondant au doux nom de Selene. Pour gérer l'extraction de l'hélium 3 un homme reste  sur place pendant 3 ans avant d'être remplacé par un autre. Sam Bell n'en a plus que pour deux semaines avant que sa mission et son contrat s'achèvent et qu'il puisse enfin retrouver sa femme et sa fille. Mais alors qu'il ne lui reste plus que quelques jours à tenir, que la solitude et l'éloignement des siens le font de plus en plus souffrir, il est victime d'un accident qui l'oblige à rester à l'infirmerie sous la haute surveillance de Gerty, l'Intelligence Artificielle chargée de superviser le bon déroulement de la mission. La santé et l'état psychique de Sam se dégradent obligeant la société Lunar à envoyer une équipe sur place pour le ramener...

Je fais partie des rares privilégiés qui ont eu le bonheur de voir ce film en salle. Il était programmé en clôture du Festival International du Premier Film d'Annonay en février 2010. A l'époque une sortie était envisagée. Hélas, les voies de la distribution étant parfois plus impénétrables que celles du seigneur, Moon est resté dans les cartons, ne bénéficiant que d'une sortie en DVD. J'ai donc revu une fois encore ce moment d'extase et comme je le disais à l'époque ce film est fantastique à plus d'un titre.

Il s'agit en effet d'un premier film de science fiction genre particulièrement délicat et qui engloutit la plupart du temps des budgets pharaoniques. Moon est la preuve qu'on peut faire de l'excellence sans faire dégoûliner le pognon sur l'écran. Je ne ferai pas l'affront de dire que Duncan Jones a bricolé son film au fond de son jardin car ses décors, intérieurs comme extérieurs sont d'une beauté à tomber, mais il est évident qu'on ne croule pas sous les effets spéciaux ou pas. Moon ne peut que ravir les amateurs du genre mais pas uniquement car il est d'une qualité exceptionnelle tant sur le plan du scenario, de la réalisation que de l'interprétation sans oublier la musique enivrante, obsédante.

Difficile de ne pas évoquer ici 2001... ou Solaris, le réalisateur a dû être biberonné à ce genre et à ces films cultes. Rarement un film d'anticipation n'avait atteint ce niveau d'excellence depuis ses prestigieux aînés et c'est vraiment avec fermeté que je vous engage à vous procurer le DVD. Comme tout grand film qui cache ses secrets, celui-ci ne peut se satisfaire d'une seule vision et même s'il est difficile d'en parler sans trop en dire, la révélation est faite à peu près au milieu du film avec une simplicité vraiment déconcertante.

Dès la divulgation du secret, on passe au second niveau de perception et de résolution. Comment Sam va t'il se sortir de ce guêpier ? Gertie la "voix" (celle de Kevin Spacey en VO) qui évoque évidemment celle de HAL ou CARL de 2001... mielleuse, doucereuse nous fait toujours osciller entre inquiétude et apaisement. Faut-il se méfier de Gertie qui se met à éluder les questions, qui a des conversations confidentielles avec la Terre ou s'en remettre à ses propos rassurants ?

Absolument seul dans sa station lunaire comme à l'écran, l'acteur prodigieux qu'est Sam Rockwell (pas uniquement dans ce film) ne s'adresse qu'à un ordinateur qui a une petite bouille de "smiley" et à un écran où les messages de sa femme lui parviennent sans qu'il puisse communiquer en direct ! Son interprétation est une performance. Le voir si sûr de lui d'abord, puis douter, se dégrader, réagir alors qu'il n'a jamais personne en face de lui tient de la prouesse.

La fin du film, renversante, écoeurante laisse peu d'espoir quant à l'évolution de l'espèce humaine...

Vous pouvez écouter quelques mesures de la somptueuse musique, mais n'allez pas plus loin qu'une minute 10, car le trailer en révèle trop je trouve...

Commentaires

  • Je le verrai. J'ai le DVD... mais il est coincé dans un lieu qui m'est inaccessible.
    Merci d'en avoir parlé, Pascale.

    Tu sais, nos plumes s'émoussent, parfois, et enchaîner les chroniques peut être un exercice compliqué, voire fastidieux. Des fois, on a d'autres envies et, en parallèle, on se sent plus ou moins obligé de continuer à écrire, ne serait-ce que pour montrer à ses lecteurs qu'on est là. Je dis ça sans vouloir généraliser, mais j'ai déjà rencontré des moments comme ça. Si cela a toujours fini par repartir, c'est, je crois, parce que mon envie de partager mes regards est restée plus forte que les contraintes qu'elle suppose. Il a fallu que j'accepte l'idée d'écrire d'abord pour moi... et, ce faisant, retrouve le plaisir de le faire pour d'autres.

    Bonne journée, ami cinéphile. J'espère que tes envies d'écrire sur le cinéma se maintiendront encore... longtemps ;-)

  • Essaie de le déconfiner. J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi. Je perçois du "chipotage" dans l'air :-)

    Au fil des années (14 au compteur), il m'arrive régulièrement de perdre l'enthousiasme en me disant "à quoi bon". Mais je n'arrive pas à mettre la clé sous la porte comme certains ont eu le courage de le faire. Cette route fait partie de ma vie finalement, même si mon premier fan et lecteur n'est plus là. C'est peut-être ce qui me démotive parfois.
    Mais l'amour du cinéma et l'envie de voir des films ne me quitte pas.
    Merci.

  • Nous ne parlons pas non plus de tous les films que nous avons vus, et c'est encore plus vrai pour les films regardés à la télé. Peut-être parce que les films en salle sont une sortie, comme une pièce de théâtre, on est là pour ça. Et pourtant, on s'est bien régalés à la télé tout le long du confinement. Mais nous avons hâte de retourner dans notre cinéma préféré !
    Nous avons toujours le même plaisir en lisant vos critiques !

  • Pendant des années j'écrivais systématiquement sur TOUS les films. Depuis quelque temps je donne la priorité aux films que j'aime le plus. Avec quelques coups de griffe parfois quand même...
    Merci beaucoup.

  • Avec ce dilemme de la chronique nécessaire tu pointes une contrainte qui nous lié tous, blogueurs du dimanche qui se rêvent en rats de cinémathèques.
    Je me suis fait un point d'honneur d'écrire sur tous les films que je vois. Par manque de temps, je suis pas parfois obligé de me frustrer, peur de ne pas avoir d'inspiration, peur de manquer de temps pour en parler. Pour voir un film, il faut que je sois dispos, l'esprit dégagé de toute préoccupation annexe. Une cinécure qui n'est pas une sinécure.
    Mais in fine, comme l'écrit très bien Martin, le plaisir d'avoir rédigé un texte qui synthétise le (dé)plaisir du visionnage est une satisfaction à nulle autre pareille. Alors...

    Alors je rêve parfois de vivre confiné sur la Lune comme Sam Rockwell dans ce chouette B-Movie de SF signé du fils du Major Tom.

  • Moi je n'écris plus sur tous les films que je vois. Je n'arrive plus à perdre de temps sur les films que je n'aime pas. Quoique parfois encore...
    Tes articles sont toujours TRES agréables à lire même si parfois (souvent) je n'arrive pas à savoir si tu as aimé et aussi je n'arrive pas à savoir vraiment de quoi ça cause mais c'est pas grave, le plaisir de la lecture reste là.
    Quant à moi, je n'arrive pas à savoir pour qui ou pourquoi j'écris. C'est grave docteur ? Suis-je un robot ?

    Ici Ground Control.

  • Non rassure-toi, tu n'es pas Gertie. ;-)
    Le même trouble m'etreint, je dois le reconnaître. A quoi bon écrire, pour qui, pour quoi ? Forcément, quand on écrit on pense à celui/celle qui va lire, on fait en sorte de l'emmener quelque part, et qu'il ait envie d'aller au bout. Écrire permet aussi à mes yeux de rendre au film ce qu'il m'a donné, cela lui confère un statut autre qu'un simple moment de détente, qu'un basique produit dérivé pour marchand de popcorns. Et même si c'est là parfois sa vocation première, si tu vois de quels films je parle.
    Je ne sais pas si j'ai été bien clair. Can you hear me Major Tom ?

  • J'étais persuadée que Gertie était un prénom féminin, bien moche, mais féminin, comme dans E.T... et Kevin Spacey est un garçon non ?
    Tu vois j'ai des interrogations.

    Reçu 5 sur 5, enfin je crois... mais je pense que même si je n'écrivais pas, comme n'importe quel blogueur d'ailleurs, un film ne serait jamais "un basique produit dérivé pour marchand de popcorns". Et je pense (j'ai peut-être tort) que même les consommateurs de pop corns et du film qui va avec, ne considèrent pas un film comme tel. Ne serait-ce qu'en considérant le prix du billet.

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