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TROIS ÉTÉS

de Sandra Kogut **(*)

Trois étés : Affiche

Avec Regina Casé, Otavio Müller, Gisele Froes

Mada est "majordome" dans la grande propriété familiale d'Edgar et Marta. Comme chaque année, la grande fête de Noël se prépare. A Noël au Brésil, c'est l'été et cette année Edgar et Marta fêtent leurs 25 ans de mariage, bruyamment, avec ostentation et champagne qui coule à flot autour de leur piscine.

La réalisatrice découpe son film en trois parties égales, chacune représentant quelques jours autour de Noël.

J'ai d'abord été agacée par Mada, une femme au verbe haut et à la voix rocailleuse, toujours en mouvement, accrochée à son portable, puis je me suis progressivement attachée à elle parce qu'elle est une femme courageuse, aimante et généreuse. On la voit évoluer comme chez elle dans cette grande demeure où elle mène tout le reste du personnel à la baguette mais avec bienveillance. Les maîtres de maison se montrent particulièrement méprisants avec le personnel, tout en leur accordant une grande place. Il n'y a qu'au fils de maison, qu'elle a sans doute élevé, que Mada réussit à extorquer quelques merci et s'il te plaît. Les relations sont très étranges et la plupart du temps malsaines.

Dans la maison vit également un très vieux monsieur mutique la plupart du temps, le père d'Edgar, qui vient de perdre sa femme. On le sent loin de tout ce qu'il voit, comme s'il avait honte et comprenait ce qui se trame sans pouvoir rien y changer.

Autant dire que Mada vit entre deux mondes puisqu'elle côtoie la bourgeoisie dans sa représentation la plus basse et la plus mesquine ici mais elle est aussi une employée de maison corvéable à merci qui rêve d'ouvrir une petite boutique. Lorsqu'elle demande une avance à son patron pour l'aider à financer son commerce, il a la tête ailleurs et ne lui répond pas. On comprendra plus tard quelles étaient ses préoccupations.

Le 2ème Noël est bien différent. Le petit monde bourgeois a explosé suite à des malversations, corruptions et autres abus du maître des lieux. Les employés se retrouvent seuls, sans salaire, à gérer la demeure. Mada est de plus en plus proche du vieux monsieur et leurs scènes communes sont les plus belles et les plus touchantes du film. Le vieux, fatigué n'en peut plus de la gaité de Mada : "mais qu'est-ce qui peut bien te rendre aussi gaie ?" et pourtant on les sent proches et sincèrement attachés l'un à l'autre. Sans ses patrons, Mada devient une sorte de guide touristique pour touristes en manque de scoops croustillants. Elle fait le tour de la baie dans un bateau et évoque les affaires qui ont envoyé la plupart des propriétaires des villas en prison.

Dans la troisième et dernière partie, Mada devient par hasard actrice d'un film publicitaire qui se tourne dans la villa toujours inoccupée par ses propriétaires. Des moments de plus en plus émouvants sont parachutés au milieu de toute la gaité et de l'agitation qui régnaient jusque là.

Vous l'avez compris, ce film est un peu étrange. Les ellipses d'une année à chaque chapitre font qu'on ne voit pas réellement l'évolution des personnages et de la situation. On parle beaucoup de satire, de pamphlet politique, de critique sociale... Mouais, il faut quand même se pincer très fort pour voir ici un grand film politique. J'ai plutôt vu le portrait d'une femme battante et courageuse qui fait tout pour s'en sortir parce qu'elle ne fait pas partie de la classe des nantis. Comme partout ailleurs je dirais.

La formidable Regina Casé porte le film de son énergie qui finirait presque par être communicative (on a envie d'être comme elle, de ne jamais baisser les bras). Elle avait déjà été l'interprète d'un rôle quasi similaire dans l'excellent Une seconde mère.

Commentaires

  • J'ai encore fait le paresseux ce week-end, j'ai choisi l'option canapé home-ciné.
    Je n'aurai donc pas passé ces "Trois étés" même le temps d'un soir ou après-midi dans le noir. Vu ton article en demi-teinte (mais à l'argument toujours très efficace) et la teneur du récit, je n'ai que peu de regrets.

  • Et qu'as-tu vu ? La suite du Hobbit qui vivait dans un trous ?

    Merci. Un film sans doute pas indispensable mais loin d'être déplaisant. Ce sont les interprétations que j'en ai lues qui me font penser que je n'ai pas bien compris la charge...

  • Oui la BA est fatigante.
    Avec le recul, je suis contente d'avoir vu ce film.

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