DEUX DÉCEPTIONS
LES PARFUMS de Grégory Magne **
Avec Emmanuelle Devos, Grégory Montiel
Anne Walberg est une célébrité dans le monde du parfum. Elle crée des fragrances et vend son incroyable talent à des sociétés en tout genre. Elle vit en diva, égoïste, au tempérament bien trempé. Guillaume est son nouveau chauffeur et le seul qui n’a pas peur de lui tenir tête. Sans doute la raison pour laquelle elle ne le renvoie pas.
Je me suis ennuyée poliment mais copieusement devant ce film. Bien sûr, et heureusement, le réalisateur évite de nous rendre le film encore plus invraisemblable en contournant totalement la romance à laquelle d'autres auraient sans doute cédé. Mais je n'ai pas cru un instant en la rencontre de ces deux mondes. Pour faire vite, celle d'une bourgeoise snob et d'un prolo sympa. Que cette pimbêche incapable d'empathie, de dire s'il vous plaît, merci, bonjour, puisse se transformer en quelques jours devant un pauvre type qui ose lui dire non tout en accédant quand même au moindre de ses désirs, ne tient pas la route. Elle a besoin d'un chauffeur pour ses nombreux déplacements, il a besoin de ce boulot pour tenter d'obtenir la garde partagée de sa fille de 10 ans. So what ?
Pour moi rien de ce qui tourne autour des deux personnages ne fonctionne. Le patron de Guillaume (Gustave Kervern) distribue les missions à ses nombreux employés au fond d'un restaurant chinois où il mange sans s'arrêter tel un mafieux calabrais dans un Scorsese, ça n'a pas de sens et ça n'est pas drôle. La fille de Guillaume, une pré-ado grincheuse, très attachée à sa mère, devient subitement et sans transition une adorable gamine qui comprend son père et accepte brusquement de vivre avec lui une semaine sur deux. La scène chez le juge pour la garde de la petite, répétée deux fois à l'identique, c'est une fois de trop. Et la soi-disant maladresse de l'avocat est agaçante. Le professeur, spécialiste en anosmie (Sergi Lopez, pincez-moi) qui tombe sous le charme de sa patiente et perd tous ses moyens, au secours ! Le personnage sans intérêt et ballot de Sacha Bourdo à quoi sert-il ? Etc...
Evidemment, il reste les deux acteurs, excellents et surtout Emmanuelle Devos qui maîtrise parfaitement la misanthropie et le mépris de l'espèce humaine. Mais l'histoire, celle d'un "nez", même si elle inédite au cinéma et donne lieu à quelques scènes d'une grande délicatesse un peu artificielle, tient toute entière dans sa bande-annonce d'1mn 57. Si vous l'avez vue, vous n'apprendrez rien de plus. Le film enchaîne et répète les mêmes scènes et les dialogues ne sont guère inspirés. Sitôt vu, sitôt oublié.
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IRRESTIBLE de Jon Stewart **
Avec Steve Carell, Chris Cooper, Rose Byrne, MacKenzie Davie, Topher Grace
Un consultant politique démocrate aide un ancien colonel de la Marine dans son élection à la mairie d'une ville du Wisconsin.
J'ai encore moins de choses à dire sur ce film que sur le précédent, mais je peux leur trouver un point commun. La prétention de leurs personnages principaux. A l'instar de Melle Walberg, Gary Zimmer (Steve Carell) se montre méprisant et plein de préjugés lorsqu'il se retrouve parachuté à plouc'land.
Irrésistibles, indéniablement Steve Carell et Chris Cooper le sont. Le film beaucoup moins qui décortique à toutes berzingues en 1 heure 41 un cas de corruption "légale" lors des élections. Nous savons que certains Etats des Etats-Unis sont déterminants pour anticiper le résultat de leurs élections présidentielles. Pour l'élection de 2008, nous avons entendu parler de Joe le Plombier arrivé en première ligne à cause de sa rencontre avec Obama. Ici, pour la fiction, Gary s'attaque à Jack Hastings, ex colonel des marines, vétéran décoré et respecté dans sa communauté. Lorsque Gary tombe sur Facebook sur l'intervention de ce citoyen ordinaire au fin fond du Wisconsin lors d'une réunion à la mairie, il est bluffé par son discours empathique. Malgré son look et son parcours de républicain, ancien militaire reconverti en agriculteur, casquette, chemise à carreaux, 3 fusils à son domicile... Gary entend transformer ce républicain en démocrate et ainsi attirer le vote des républicains, barrer la route au républicain en place, faire de l'élection programmée de Jack Hastings un modèle pour l'élection à venir (celle de Donald) ou un patin-couffin de cet acabit.
Après avoir rincé quelques clichés concernant le snob de la ville qui se croit forcé de porter des chemises à carreaux, boire de la Bud' et manger des hamburgers frites... le réalisateur tente de s'attaquer à l'imbécillité de ce genre de campagne qui finit par brasser des millions de dollars jetés par les fenêtres, juste pour faire barrière à la partie adverse avec une surenchère de moyens électroniques, affichages et compagnie. Le retournement final, tarabiscoté mais apparemment "légal" ne relèvera pas le niveau de cette pseudo comédie poussive. On rit peu car Jon Stewart qui, dans une autre vie, a reçu tous les politiciens sur le plateau de son talk-show, se prend très au sérieux.
Dois-je ajouter que l'affrontement politico-sexuel entre Gary et son homologue républicaine (Rose Byrne encore plus pédante que Gary) est consternant.
Capra que j'ai entendu cité à propos de ce film doit se retourner dans sa tombe.
Dommage, mais raté.
Commentaires
Dommage pour Emmanuelle Devos que j'avais très envie d'aller voir.
Rien qu'avec la bande-annonce, j'avais l'impression d'avoir vu "Les Parfums". Tu confirmes donc ma première impression. J'ai beau apprécier Emmanuelle Devos, je pense que, sur ce coup, ce sera sans moi. Par contre, j'ai bien envie de tester "Irresistible".
C'est ce que je me disais en voyant la BA plusieurs fois, mais une blogueuse m'a redonné espoir. Il n'en est rien. Tout est dans la BA.
En fait Irrésistible est plus fun.
Oh tu aimerais sans doute. La critique est élogieuse. Moi j'ai trouvé ça poussif et ennuyeux.
Nous avons compris, merci ;)
:-)
Pour le 1er j'avais vu venir ça ds la BA, donc je zappe.
Pour le second je crois avoir vu la BA mais je ne suis même pas sure, à priori il n'est pas dans ma TO DO :)
Belle journée Pascale :)
Un vrai carnage cette BA.
Le 2eme est répétitif et vaut surtout pour les 2 garçons (on ne se refait pas :-) ) et le rebondissement final.
Bonne journée.
J'ai failli me mettre aux Parfums et puis j'ai lu ton texte. Tu lui mets deux étoiles quand même, une pour chaque tête d'affiche je suppose, rien pour le reste.
Pas intéressé par l'autre.
C'est absolument ça, une étoile par tête.
Forbidden Hollywood te comblerait plus.
Idem pour les 2 irrésistibles Steve et Chris.
Justement, il faut que je finisse la lecture de ton excellent article sur le film avec Norma Shearer. J'y saute de ce pas.
Excellent... faut pas pousser mais merci.
L univers des nez étant pour moi magique et mystérieux. Me suis laisse tenter par les parfums. C est vrai que les différentes rencontres ne sont pas très crédibles (patron toujours au restaurant chinois ou médecin spécialiste qui répond présent alors que j'ai attendu RDV ORL 2 mois.. ) mais j ai bien apprécié E. Devos et ses regards interrogateurs et circonspects et G Montel qui j espere va etre de plus en plus utilise par le cinéma.
Je ne peux pas dire que cet univers me passionne mais j'étais prête à me laisser embarquer.
Les acteurs sont très bien mais rien de transcendant je trouve.