Jusqu’au jour où la situation devient intenable : Jimmy bascule et le fragile équilibre familial est rompu. Dans l’incompréhension et la révolte, Gina s’allie avec un adolescent de son quartier pour tenter de sauver son père.

Les sorties en forêt avec ce père fragile sont de plus en plus dangereuses. Il réveille ses enfants en pleine nuit pour aller contempler les étoiles. La forêt est ici un personnage supplémentaire, source de contemplation mais aussi de frayeurs. Chaque bruissement, chaque craquement peut devenir inquiétant dès qu'il fait nuit.

Mais c'est lors d'une sortie dans un supermarché que ce  père déroutant aux réactions imprévisibles va se comporter au point de devoir être intercepté par les vigiles et envoyé en hôpital psychiatrique.

On voit dès lors les défaillances d'un système de santé où la famille n'est absolument pas informée ou prise en charge après ce choc qu'est l'internement d'un proche. Les visites sont interdites sans explication. La petite Gina, tellement fusionnelle avec son père ne peut accepter cette situation. Toutes les astuces qu'elle trouve pour rejoindre son père sont touchantes. On tremble pour les enfants, pour la famille tout entière. Ils s'aiment tellement et sont brusquement séparés. C'est intolérable et on se demande comment l'abrutissement par des médicaments peut venir à bout des troubles dont le père souffre.

Encore une fois le film sonne juste et reste pudique jusque dans la démonstration de la "folie". Les scènes de la vie familiale semblent également authentiques. Alban Lenoir parvient à exprimer dans son doux regard qui devient vide tout à coup, les brusques changements de son esprit. Il est déconcertant. Ludivine Sagnier est une femme amoureuse et une mère attentive parfois perdue face au cataclysme. Quant aux enfants, ils sont vraiment très bien et Léonie Souchaud, incroyable, avec sa grosse frange enfantine porte en grande partie le film sur ses épaules adolescentes.

La réalisatrice et l'acteur Alban Lenoir étaient présents à Annonay (les filles et les garçons étaient en émoi).