de Jean-Pascal Zadi et John Wax ***

Avec Jean-Pascal Zadi, Fary, Lilian Thuram, Joey Starr, Claudia Tagbo, Lucien-Jean Baptiste, Eric Judor, Matthieu Kassovitz (génial !) etc...

JP, acteur de 38 ans qui court les castings, décide d’organiser une marche de contestation noire en France. Pour cela il cherche à obtenir le soutien de personnalités noires influentes du monde du sport ou du spectacle.

Ses rencontres et le soutien intéressé de l'humoriste Fary (extra) le placent dans des situations parfois burlesques, d'autres plus émouvantes voire dramatiques.

A l'exception d'une scène deux fois répétées (était-ce bien utile ?) où JP se voit arrêter brutalement par la police et maintenu au sol un genou sur la nuque... je dois dire que je n'avais pas autant ri au cinéma depuis bien longtemps. Avec un humour inédit qui mêle discours militant et grande naïveté, Jean-Paul Zardi, dont je suis ravie de faire la connaissance pointe et dénonce toutes les hypocrisies, contradictions au sein même de la "communauté" noire, mais aussi les discriminations et injustices dont elle est réellement victime. J'ai trouvé cela très intelligemment fait. Sous couvert de maladresse l'acteur démontre que personne n'est... tout blanc ou tout noir. Au fil de ses rencontres il croise des personnalités très noires ou pas assez noires, d'autres qui refusent de l'être alors qu'elles le sont et c'est très drôle.

Les réalisateurs sont assez malins pour transformer leur film en faux documentaire. L'absence de "liant" parfois d'une scène à l'autre n'est donc absolument pas gênant. JP co-réalisateur et acteur principal se lance à la recherche de "people" qui pourraient l'aider et surtout rendre son combat visible sur Internet par le biais des réseaux sociaux. Il est accompagné d'une équipe de tournage pas toujours bien accueillie.

JP est tellement naïf ou trop franc, voire peut-être les deux simultanément que parfois il parvient, à son grand étonnement, à se mettre à dos une personne qu'il avait acquis à sa cause (j'ai trouvé l'échange avec Claudia Tagbo hilarant). Toutes les nuances de noir sont représentées, d'Eric Judor à Ahmed Sylla en passant par Soprano ou Joey Starr (hilare et drôle) et donne l'occasion à chaque intervenant d'une sorte de sketch. Je les ai trouvés tous formidables avec une préférence au pétage de plomb de Lucien-Jean Baptiste et à l'intervention de Matthieu Kassovitz en réalisateur hystérique qui se déchaîne : "j'ai demandé un noir d'Afrique, je me retrouve avec un black de banlieue" et qui mesure l'écartement des narines de l'acteur. "Ben je suis d'origine ivoirienne quand même", lâche timidement JP. Cette scène, il fallait l'oser je trouve. Chapeau à Kassovitz et à Zadi.

Quelques scènes plus profondes montrent toute l'autodérision et l'intelligence de JP qui donne beaucoup de sa personne et ne cesse d'autoriser tous les acteurs à se moquer de ses étranges dents : "ah là, tu touches un sujet personnel très sensible !" La réunion chez Ramzy où sont réunis des noirs, des arabes et des juifs (Jonathan Cohen : génial !) est une leçon d'union républicaine (très à l'ordre du jour). Lorsque JP se fait durement rappeler à l'ordre par les "soeurs" (les filles noires) qui ne sont pas invitées à participer à la marche et affirment qu'un homme noir sans sa femme ne serait rien (ex. Barack sans Michelle), il remet tout le monde d'accord en évoquant Nelson Mandela et la controversée Winnie. Lorsque cette réunion prend fin, la jeune femme qui l'avait apostrophé part au bras... d'un blanc. JP est d'ailleurs lui-même marié à une femme très blonde.

Un petit suspense concerne Omar Sy. JP, très hostile à l'acteur, personnalité préférée des français, va-t-il le rencontrer ? Une scène forte d'une grande qualité répondra à votre attente.

Un film revigorant.

Ne partez pas avant le générique, c'est encore drôle.