L'AVENTURE DES MARGUERITE
de Pierre Coré ***(*)
Avec Lila Gueneau, Alice Pol, Clovis Cornillac, Nils Othenin-Girard, Wladimir Yordanoff, Gregory Derangère, Geneviève Casile
Marguerite et Margot ont douze ans. Elles ont une famille, des copains, des problèmes... La première vit en 1942 et pleure son père disparu, la seconde vit en 2019 et regrette le sien parti vivre à l'autre bout du monde.
Margot et Marguerite ont un autre point commun : elles possèdent une malle qui va se révéler magique et les transporter chacune dans l’époque de l’autre. A plus de 70 ans d'écart, elles se lancent dans une aventure où, la surprise passée, elles partent à la recherche du père de l'autre.
Encore un film joyeux et heureux. Pour l'apprécier vous êtes priés de laisser votre logique et votre esprit pragmatique à l'extérieur de la salle. Si vous y parvenez, vous vivrez un nouveau petit bonheur de cinéma qui donne envie de chanter la Felicità. Intelligemment écrit et interprété malgré la dureté d'une des époques décrites, rire franchement fait également partie du bonheur de voir ce film. Ce conte, à la lisière du fantastique nous fait voyager d'une époque à l'autre et sans éluder les épisodes historiques sombres et dramatiques évoqués (les camps de travail, la résistance, l'exode) peut être vu avec plaisir par les enfants. C'est ce que l'on appelle un film trans-générationnel plein d'aventures, de suspenses et d'humour qui peut ravir plusieurs générations. C'est rare.
Les deux Marguerite sont interprétées par la même jeune fille, et Lila Gueneau réussit à faire qu'on sait toujours à quelle Marguerite on a affaire. Celle de 2019 est ronchon. Elle ne supporte pas le nouveau compagnon immature de sa mère (Clovis Cornillac souvent hilarant) avec qui elle se chamaille beaucoup. Elle passe également ses nerfs sur son meilleur ami Nathan (le désormais indispensable et meilleur meilleur ami adolescent du cinéma français, Nils Othenin-Girard, FORMIDABLE) qui est secrètement amoureux d'elle et totalement à sa disposition. La Marguerite de 1942 est discrète, bien éduquée, sage et raisonnable. Elle a pour confidente sa jeune tante Alice (Alice Pol, merveilleusement maladroite et drôle) qui sera à l'origine du basculement de l'histoire vers le surnaturel.
Dès lors que les deux gamines sont propulsées dans un siècle différent à 70 ans d'écart, le rythme se fait vif, alternant les deux époques et les situations surprenantes et souvent drôles mais pas toujours, la Margot de 2019 se retrouve quand même dans un camp de travail en 1942. Mais avant cela elle rencontrera Hemingway qui peine à écrire Le vieil homme et la mer et justement elle doit rendre une fiche de lecture sur l'ouvrage... Et puis elle a un temps d'avance sur le futur. Difficile de faire admettre à ses nouveaux compatriotes que la guerre doit encore durer 3 ans. Quant à Marguerite, elle se retrouve en classe en 2019 et son premier cours est un cours d'allemand. Elle s'exclame : "non, ils ont gagné la guerre ?". Elle s'étonnera également de l'émancipation des femmes qui sera finalement incarnée par la (dans un premier temps) très nunuche tante Alice. Elle découvrira ces grands oiseaux blancs que sont les éoliennes dans une très jolie scène. Clovis Cornillac, dans un double rôle également incarne la figure paternelle qui ne revient pas forcément au père biologique. C'est beau, tendre, voire émouvant. Bref je ne vous évoque pas toutes les péripéties et cas de figure que vont rencontrer les personnages. C'est rondement et vraiment bien mené.
Le film est adapté de la bande-dessinée Le Temps des Marguerites de Robin et Vincent Cuvellier dont une partie se déroulait dans les années 1910. Les planches superposées se lisent simultanément.
L'univers des contes est très visible. Des bergers allemands noirs font penser à des loups. Le père s'appelle Louis Cayrolles et la tante Alice, en référence à Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll et les Marguerite tombent comme Alice dans une sorte de puits. Le réalisateur explique : « On parle quand même de malle magique et de voyage dans le temps, forcément ça invoque quelque chose de la fable. Au cours de leur aventure, les personnages se rendent à Hauze (en clin d’oeil à Victor Fleming et son Magicien d'Oz), ils vont d’ailleurs croiser une sorcière penchée sur son chaudron, et même faire "fondre" le méchant du film." Sans parler, pour la référence cinéphile, de Nathan qui s'exclaffe : "Sarah Conor ?"
La plus jolie réplique du film lui revient aussi : "Elle a juste besoin de nous".
Vous l'avez compris, un film charmant, drôle, optimiste et différent. Qu'attendez-vous ?
Commentaires
Tu me mets l'eau à la bouche, je voulais aller voir "Eté 85" aujourd'hui, mais du coup, j'hésite....
Ah oui, compliqué.
Les 2 sont bien. Celui-ci est plus original et joyeux
C'est une charmante fantaisie fantastico-historique, qui aborde les relations entre adultes et adolescents (et, un peu, entre ados). C'est bien joué, souvent drôle. On passe un bon moment.
Voilà, c'est tout à fait ça. Une très agréable surprise.
Je n'en avais pas entendu parler mais ta critique me donne envie d'y jeter un oeil !
Jette les deux. Te "connaissant" :-) tu devrais aimer.
Y suis allé avec 2 ados de 16 ans qui ont adoré et moi aussi. !