LIGHT OF MY LIFE
de Casey Affleck ***
Avec Anna Pniowsky, Casey Affleck
Toute la population féminine, ou presque, a été décimée suite à un méchant virus. Heureusement Casey Affleck n'est pas visionnaire... Dans ce contexte, et pour échapper à la brutalité du monde survivant, un père se retrouve seul sur les routes avec sa fille de 11 ans qu'il fait passer pour un garçon rebaptisé Rag.
Difficile, vous l'imaginez, de me remettre au clavier après une aussi longue (rare sur ce blog) absence. Mais je tiens à vous parler, même brièvement, du meilleur film que j'ai vu durant cette période, suivi de près par l'Infirmière de Koji Fukada puis (et oui) Le défi du champion de Leonardo d'Agostini (un film de football...). Vous allez me dire, si, si, je vous entends : oui, c'est TON Casey qui t'a aveuglée, mais pas du tout car je vous dirai que ce film est à la fois beau et décevant.
On peut sans difficulté le rapprocher des magnifiques et bouleversants La Route de John Hillcoat pour le côté post-apocalyptique et Leave no trace de Debra Granik pour l'aspect survie en milieu hostile voire Les fils de l'homme d'Alfonso Cuaron. Les deux premiers et celui-ci ont le point commun de parler d'une relation fusionnelle et inaltérable entre un père et son enfant dans des circonstances dramatiques.
La déception vient du fait qu'on ne sait pas bien ce que Casey Affleck veut traiter et en ne faisant pas vraiment aboutir aucun des thèmes de son film, il nous égare et dilue son propos. Dommage car il y a un réel savoir faire dans le traitement du survival, de certaines scènes de grande tension et d'autres plus intimistes. Mais finalement, je crois que ce qui intéresse le plus l'acteur réalisateur est la relation entre un père et sa fille qui grandit et peut devenir objet de violence ou de convoitise. Je laisse aux savants le soin d'expliquer que Casey Affleck présente ses excuses à la gent féminine pour ses comportements... inappropriés (#metoo).
Un monde sans femme étant voué à son extinction (sauf pour Jacques Demy), le père n'a pas assez de son amour infini envers sa progéniture pour la protéger et faire office de mère, de père et d'ange-gardien. Il se montre à la fois d'une tendresse exceptionnelle et d'une grande autorité quand la petite en a assez de se voir répéter les bases de la sécurité et de la survie. Entre autre, pouvoir tout abandonner, c'est-à-dire peu de choses, en un instant.
Avant de terminer son histoire par un dernier quart d'heure mouvementé et riche en péripéties, Casey Afleck choisit de suivre ses protagonistes sur un mode minimaliste au rythme lancinant. Pour cela il a dû se souvenir de l'hypnotique Ghost story qu'il a hanté de son chagrin sans fin. Il ouvre son film sur une longue scène de plus de dix minutes (qui en rebuteront sans doute certains) où le père allongé en tête à tête avec sa fille lui raconte une histoire d'Arche de Noé, avec beaucoup d'ajustements et de maladresse. La maladresse c'est ce qui caractérise parfois ce père qui voit au fil des semaines sa fille grandir et se voit contraint d'expliquer à cette fillette gênée et impatiente comment se fabriquent les bébés, ce que sont les règles et les transformations d'un corps de fille. La scène est à la fois hilarante et belle. Drôle et tendre.
Leur errance sombre dans une nature poisseuse est touchante et inquiétante illuminée par quelques flash-backs au temps du bonheur. Et comme pour affirmer que l'amour qui suinte de toutes les scènes du film est fragile et menacé, Casey Affleck balance une longue scène d'une violence inouïe où rarement corps à corps aura été aussi sauvage au cinéma. Je me suis demandé comment une telle scène avait été tournée.
Malgré les longueurs, le film envoûtant, angoissant et émouvant démontre qu'être parent transcende certains êtres. C'est l'anti blockbuster de l'été au titre magnifique, avec des thèmes tels que l'apocalypse, la survie qui commencent par ne plus nous surprendre tant nous vivons un monde étrange, non ?
La petite garçonne Anna Pniowsky est formidable, Casey Affleck toujours intense.
P.S. : j'ai vu Tenet (l'anti Light of my life :-) ). Nolan de plus en plus perché... il faut que je rassemble et retrouve mes esprits pour essayer de comprendre ce que j'ai compris. Mais je crois que je n'ai RIEN compris.
Commentaires
Bon retour dans le monde des cinéphiles virtuels !
J'ai aussi aimé "Light of my life", très belle histoire père-fille.
Quant à "Tenet", je crois qu'il nécessite deux visionnages... encore un truc pour gonfler les entrées !
Ou plutôt dans le monde virtuel des cinéphiles.
Oui c'est beau cette relation.
Je vais sans doute y retourner.
Hé ! On revient presque en même temps, c'est cool !
Je n'ai pas encore décidé du (ou des) films que j'irai voir ou regarderai ce week-end...
"The light of my life" m'attire. Bien plus que "Tenet" a priori. Merci d'en avoir parlé.
Le choix est délicat quand on ne peut en voir autant qu'on voudrait.
Coucou, ravies de vous retrouver ! Nous n'avons pas encore remis les pieds dans les salles de cinéma, mais cela ne va pas tarder, trop en manque. Nous avions vu la route, du coup, ce film nous tente moins. Telnet nous tenterait bien, mais au vue de votre avis peu enthousiaste ...
Bon courage pour la reprise
Merci.
c'est quand même très différent de la Route. Peut-être un peu moins désespérant.
Tenet est encore une énigme pour moi.
Merci.
'c'est quand même très différent de la Route'
Moins de goudron probablement......
J'ai tenu 12 mns à peu près, en tongues cela dit. ;-)
En tongs en forêt... forcément, c'est pas simple.
En tongues dans les escaliers, glissade et entorse de la cheville ce matin, dimanche de m.... en perspective, c'est la vie dirait Greg Lake. :-)
++
Ah m.... ça fait mal ça.
Si Greg le dit !
Entorse requalifiée fracture de la malléole, 6 semaines de plâtre, va falloir faire avec.
++
Outch. Tu as fait fort.
Bon retour !!!! Je crois que moi j'ai arrêté. Je n'y arrive plus à écrire tout le temps, faire de sa passion un métier, ça complique la passion ... Mais passons :)
J'ai beaucoup aimé ce film, et en même temps, comme toi, je n'ai pas adhéré à 100%. Je ne sais pas ... Il faut le voir je crois. Comme toi j'aime énormément Casey. Il a quelque chose de fragile et de charismatique à la fois
Merci. Je traîne la patte également... Je le dis souvent et de plus en plus mais je me pose la question, continuer ou pas !
Je vais régulièrement sur ton blog et j'ai bien constaté ton "absence" qui m'inquiétait un peu :-)
Et je suis d'accord aussi avec ton second paragraphe.
"Beau et décevant", c'est ce que je retiens aussi. Ce film m'a doucement ennuyé, parfois un peu agacé, comme un épisode mou de "the Walking Dead". Une belle intention pourtant, dans le choix des cadres, dans l'austérité du propos. Mais que d'histoires pour occuper le temps !
J'essaie d'ailleurs PENIBLEMENT de finir la saison 8 des Walking dead (Karl vient d'agoniser pendant tout un épisode)... Quelle trahison d'avoir rendu cette série (haletante pendant 5 saisons) aussi pauvre : personnages multiples ININTERESSANTS, intrigues alambiquées, acteurs et interprétation de troisième zone...
Je te l'avais dit, je me souviens, quand tu as découvert la série. Moi je me suis arrêté avant toi. Je préfère la BD, qui a aussi des coups de mou mais tient bien mieux la longueur. Et puis surtout elle s'achève, j'en suis à la fin. Et de belle manière.