de Caroline Vignal ***

Avec Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte, Jean-Jacques Martins

Antoinette est institutrice. Lors du spectacle de fin d'année, elle a choisi de faire interpréter sur scène à ses élèves la chanson de Véronique Sanson Amoureuse. Pour l'occasion elle porte une indescriptible robe de princesse

Devant les paroles très suggestives de la chanson les parents semblent perplexes, mais un homme dans le public la dévore des yeux. Il s'agit de Vladimir, le père d'une des élèves d'Antoinette. Ils sont amants et Vladimir a promis à Antoinette une semaine de vacances, mais à la dernière minute Vladimir se rétracte et part avec sa femme et sa fille. Antoinette sans beaucoup réfléchir décide de le suivre à son insu. Nous la retrouvons donc dans un gîte des Cévennes où contrairement aux autres voyageurs, elle choisit d'accomplir 6 jours de randonnée seule avec un âne qui répond au doux prénom de Patrick.

Au hasard de son périple, Antoinette va vivre quelques aventures, faire des rencontres, retrouver son amoureux et finalement s'émanciper des contraintes et des chaînes qu'elle s'imposait jusque là. Lors de ces haltes nocturnes, Antoinette lit le récit de voyage que Robert Louis Stevenson entreprit en 1878 pour tenter de cicatriser un chagrin d'amour, Voyage avec un âne dans les Cévennes. Comme Stevenson, Antoinette va connaître des débuts difficiles avec l'équidé parfois rétif pour au final tisser des liens affectifs très forts avec la bête. Je découvre que c'est suite à l'engouement pour cet ouvrage qu'existe aujourd'hui un itinéraire de randonnée, le GR70 appelé Chemin de Stevenson.

Si, contrairement à moi vous n'aimez pas le film, il vous donnera sans doute quand même quelques idées de randonnées car il permet, au moins visuellement de prolonger un peu l'été dans une région à la beauté impressionnante. Et c'est déjà beaucoup. C'est un film rafraîchissant dont on sort le sourire aux lèvres et la tête aérée des soucis. Le nez au vent, on quitte la salle en sifflotant. Evidemment, après réflexion je me dis que si j'entreprenais seule ce périple, je ne ferais sans doute pas les rencontres providentielles et bienveillantes que fait Antoinette, qui lui ouvrent les yeux et lui permettent de se sortir de situations délicates (je pense qu'on retrouverait mon corps desséché dans un sous-bois), mais on est au cinéma et Laure Calamy nous enjoint gaillardement à la suivre.

Antoinette joyeuse et naïve croit en l'amour mais elle donne plus qu'elle ne reçoit. Le choix de Laure Calamy que je remarque toujours dans tous ses seconds rôles, est judicieux. Elle porte le film par son optimisme et sa fantaisie. Petite et très jolie bombe d'énergie et d'insouciance, son excentricité faussement innocente parfois rappelle celle de Karin Viard et Blanche Gardin je trouve.

Je vous encourage à partager l'air pur et la bonne humeur d'Antoinette et Patrick qui devisent (enfin, surtout Antoinette) sur la vie, l'amour, les êtres. La fragilité désarmante de l'actrice ou du personnage, entre rires et émotions, son optimisme forcené rarement entamé, des paysages époustouflants, un âne attachant font de cette jolie comédie une totale réussite.