L'ÉTREINTE
de Ludovic Bergery *
avec Emmanuelle Béart, Vincent Dedienne, Tibo Vandenborre
A la mort de son mari Margaux s’installe chez sa sœur et s’inscrit à l’université pour reprendre des études de littérature. Sa solitude et sa rencontre avec des étudiants lui font envisager une nouvelle vie.
Comme je vous l'annonçais hier, mon deuxième choix pour la reprise ne fut pas très judicieux et pour le moins bien décevant. Comme il s'agit d'un premier film, la tendance à l'indulgence serait de mise mais devant ce fiasco j'ai du mal à sauver quoi que ce soit, si ce n'est la présence et l'interprétation d'Emmanuelle Béart, manifestement très impliquée dans le rôle.
Qui se soucie des problèmes et des désirs d'une veuve d'une cinquantaine d'années ? Pas grand monde, sa vie est faite, il n'y a qu'à continuer. Sauf qu'ici, Margaux emménage chez sa soeur, vite balayée par un scenario qui va accumuler les personnages sans les approfondir. Elle reprend des études de littérature allemande et est immédiatement émoustillée par les avant bras du prof. De quoi vit-elle ? On ne le sait pas. Et le parcours de Margaux s'avère dès lors inintéressant, sans émotion et surtout pas crédible un instant.
Le deuil n'est pas le sujet. Le défunt mari reste dans les cartons de déménagement, il fait bien rire (sans doute est-ce nerveux) lorsqu'il s'agit de dire à un potentiel amant qu'il est mort, et lorsque l'on évoque le bonheur passé de Margaux, elle se débarrasse de cette éventualité d'un : "qu'est-ce qui te faire dire que j'étais heureuse ?" C'est bien sûr son droit le plus strict de ne pas être triste et de chercher à se construire un avenir plus réjouissant. Mais de quelle étreinte parle-t-on ? Il me semble que Margaux ne cherche pas le réconfort d'une étreinte rassurante mais de jouir dans les bras du premier venu. Encore une fois, nul jugement mais on a beaucoup de mal à comprendre ce que ressent et ce qu'espère Margaux.
Forcément puisqu'il s'agit d'Emmanuelle Béart, avec sa beauté, sa jeunesse encore bien perceptible sous à peine quelques rides, sa disponibilité, elle intègre instantanément un groupe d'étudiants trente ans plus jeunes qu'elle et devient l'amie de l'un d'entre eux, l'homosexuel de la bande ("surtout ça reste entre nous"... !!!) interprété par Vincent Dedienne. Ils sont amis, il faut l'admettre car ce ne sont pas les trois pauvres conversations qu'ils ont qui peuvent le démontrer. L'épisode avec le prof d'allemand se soldant par un fiasco, elle s'inscrit sur des sites de rencontres et fait des rencontres. Un comptable ne lui plaît pas, elle lui préfère un saxophoniste mystérieux (et Yannick Choirat dans le rôle sera à l'origine des rares scènes réjouissantes du film) puis un groupe de russes (des caricatures de mafieux)... Et là on touche le fond d'un scenario bancal et invraisemblable où à de multiples reprises Margaux doit se sortir de situations au moins humiliantes et au pire vraiment dangereuses. On y croit pas. Je n'y ai pas cru. La fin, assez symptomatique de pas mal de films est la cerise sur le gâteau qui s'effondre.
L'étoile revient à Emmanuelle Béart qui sort à quelques moments le film de l'ennui et de l'invraisemblable car c'est finalement quand elle est seule à l'écran, qu'elle pleure en marchant solitaire dans les rues, qu'elle danse, chante et rit comme une gamine que le film s'illumine un peu, très provisoirement.
Commentaires
Je ne comptais pas aller le voir. Maintenant je sais mieux pourquoi.
Franchement ce film... c'est n'importe quoi. Et j'ai vu Slalom... guère plus emballée.
Je n'étais pas tentée, donc pas de déception .. Mes salles ont réouvert, je vais peut-être aller voir "le garçon chiffon".
Ah tant mieux, mais je n'en garde pas un souvenir ébloui. J'aime beaucoup ce garçon chiffon mais le film est un peu fatigant.
Béart a un physique de cinéma muet. Malheureusement, dans les films qu’elle tourne, elle parle. ;-)
Evidemment j'adore sa voix.
Bonjour Pascale, comme je fais une allergie à Emmanuelle Béart, je passe mon tour. Bonne après-midi.
Bonsoir dasola.
Les allergies je comprends et le film ne mérite pas de se faire du mal
La bande annonce ne m avait déjà pas très emballé. Ta chronique a eu raison de mon peu d'enthousiasme. Comme Aifelle ce sera garçon chiffon surtout pour la spontanéité de l'acteur car apparemment le film ne t a pas emballé à 100 %……?
Ah zut, mais difficile de dire beaucoup de bien de ce film.
La personnalité de Nicolas Maury est attachante mais le film... assez pénible.
Ce sera peut-être différent de le voir en présence du réalisateur.