BENEDETTA
de Paul Verhoeven ***
Avec Virginie Efira, Charlotte Rampling, Daphné Patakia, Olivier Rabourdin, Lambert Wilson
Au 17ème siècle, alors que la peste se propage en Italie, la très jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Dès son plus jeune âge, certains actes de Benedetta sont considérés par certains comme des miracles.
Sa rencontre avec Bartolomea, une jeune femme exploitée sexuellement par son père recueillie au couvent, va encore davantage transformer sa vie.
Benedetta est une mystique, dévote, illuminée, entièrement dévouée à Jésus son époux, qu'elle voit en rêve ou en transe. Parfois c'est la vierge Marie qui lui sert d'incarnation de sa foi ardente, quitte à détourner sans vergogne l'usage d'une statuette de la Sainte...
C'est un peu long et finalement assez simpliste dans la dénonciation du clergé rongé jusqu'à la moëlle par l'hypocrisie mais le tout donne un film plutôt réjouissant sur ce microcosme planétaire qu'est la religion. Parmi les donneurs de leçons un évêque sans doute bientôt père, un nonce qui ne croit pas un instant aux miracles de Benedetta mais les utilisent pour son ascension personnelle, la cupidité de la mère supérieure qui marchande la dot que les familles des novices doivent payer en entrant. C'est jouissif. Comme plein de détails amusants comme par exemple la Vierge (en statue) qui s'écroule sur Benedetta sans lui faire le moindre mal mais lui offre son sein à sucer
Benedetta est exaltée et sujette à la transe qui lui fait rencontrer en vrai l'homme de sa vie : Jésus en personne. Complètement possédée depuis l'enfance par l'assurance que la Vierge fait ce qu'elle lui demande et que Jésus est son mari, elle ne connaît rien aux choses du sexe mais se révèlera une élève modèle et appliquée. La très jeune Bartolomea, sexuellement très expérimentée va initier Benedetta aux plaisirs malgré une main trop petite... Verhoeven se fait plaisir aussi en filmant la sublime Virginie qui s'offre sans retenue sous tous les angles.
Suivant le sens du vent la hiérarchie ecclésiastique peut transformer les miracles en hérésie. La sainte qu'on idolâtre peut devenir sorcière qu'il faut brûler. Le fanatisme de Benedetta n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui de Jeanne d'Arc et le réalisateur s'en donne à cœur dans cette petite charge subversive qui devrait déplaire aux croyants et ravir les mécréants.
Virgine Efira tour à tour angélique puis démoniaque laisse planer le doute et nous fait constamment hésiter entre simulation et possession. Sa voix et son visage pur peuvent devenir effrayants. Elle ne recule devant rien pour habiter ce rôle. Autour d'elle, Charlotte Rampling semble incarner la foi réelle et Lambert Wilson toutes les contradictions de l'Eglise à lui seul qui impose la pauvreté à ses ouailles et vit dans le luxe et l'opulence. Ils sont excellents.
Commentaires
Je me range sans hésitation dans le rang des mécréants !
Encore une bien belle chronique qui semble prêcher hélas dans le désert... Pauvre sœur Benedetta.
Ce rang est le seul que je comprenne :-)
Merci de ne pas me laisser seule dans le désert.
Un film où Virginie Elfira se met à nu et jouit du plaisir de la chair, forcément, en bon mécréant, j'ai eu l'oeil d'aller la voir... On ne s'ennuie pas (qui s'ennuierait d'ailleurs à voir Virginie nue, pas moi), un film très caustique qui donnerait envie de rentrer sous les ordres si toutes les nonnettes étaient faites de cette même plastique et de ce désir enflammé (et je ne parle pas de bûcher).
Virginie, on a envie de lui faire plaisir, point barre :-) je peux même trouver une statuette de la Marie pour aider.
Sans nier les qualités du film, je suis moins enthousiaste que toi. Je trouve la charge anticléricale lourde... et certaines scènes ratées. Franchement, le coup de la statue qui tombe sur Benedetta, lui flanquant le sein à portée de bouche, est ri-di-cule. Heureusement que les actrices sont excellentes... et très engagées dans leur rôle. Virginie Efira aurait peut-être elle aussi mérité le prix d'interprétation.