de Shannon Murphy ***(*)

Avec Eliza Scanlen, Toby Wallace, Ben Mendelsohn, Essie Davis, Emily Barclay, Eugene Gilfedder

Titre original : Babyteeth (dent de lait)

Gracieuse ado au visage d’ange, Milla tombe amoureuse de Moses, loubard beaucoup plus âgé qu'elle, SDF, charmant mais givré et toxicomane – voilà bien la dernière chose que souhaitaient Henry et Anna pour leur fille adorée atteinte d’un cancer. 

Le père de Milla  est un psychiatre surprotecteur et sa mère une pianiste dépressive (sans doute depuis que sa fille est malade) la plupart du temps abrutie de médicaments. Ce ne sont pas des parents parfaits, mais ils veulent le meilleur pour leur fille condamnée. Quitte pour cela à accepter Moses, véritable cyclone dissonant dans cette famille parfaite en apparence mais fragilisée par un drame à venir. Ils pensent que Moses, plus âgé que Milla, n'est que le caprice d'une ado amoureuse. Leur rencontre sur un quai de gare est un choc dans tous les sens du terme. Malgré leurs efforts pour repousser le garçon qu'ils considèrent comme un danger pour leur fille délicate, ils devront se rendre à l'évidence et iront bien au-delà de ce que les deux jeunes gens auraient osé souhaiter.

Babyteeth (Dent de lait, l'explication de ce titre est donné dans le film) est donc sorti enfin en France sous le titre Milla. Dommage pour ce changement mais tant mieux pour sa sortie car ce film lumineux malgré son sujet lourd est aussi déconcertant qu'enthousiasmant. Il est triste bien sûr, mais jamais larmoyant et drôle aussi et terriblement vivant. Rien n'est mièvre (à l'inverse de Nos étoiles contraires, à peu près sur le même thème, que j'ai vu récemment à la télé et trouvé particulièrement gnangnan). Et puis, il est beau, la lumière est belle la réalisation fluide et ne verse jamais dans le sentimentalisme ou le chantage affectif. Même si on s'attache TRES fort aux personnages. Le film se compose de chapitres qui illustrent le quotidien d'une ado forcément différente puisque confronté à un drame. Milla est constamment lumineuse et ses parents l'observent, surpris d'eux-mêmes d'envoyer valdinguer la norme voire la morale pour accompagner leur fille.

Et l'interprétation particulièrement soignée pour les 4 premiers rôles. Eliza Scanlen dans le rôle de Milla (elle était l'une des filles du Docteur March) est merveilleuse, on ne quitte pas des yeux son visage encore marqué des rondeurs enfantines. Toby Wallace, le bad boy, finit par imposer son charisme. Les parents de Milla sont eux aussi exceptionnels. La mère (Essie Davis) est une révélation, de beauté, de douceur, de loufoquerie et de douleur. Et le père nous montre un Ben Mendelsohn craquantissime, débarrassé de tous ses rôles de vilain, il est le père (bouleversant) qu'on rêve d'avoir.