MUSASHI
de Hirochi Inagaki ***(*)
Avec Toshiro Mifune
Musashi est une trilogie composée des films La Légende de Musashi (1954), Duel à Ichijoji (1955) et La Voie de la lumière (1956) et interprétés par l'immense et magnifique Toshiro Mifune.
Il fallait là encore prévoir du temps (3 séances d'1 h 40 environ à chaque fois) pour voir toute la trilogie. Je m'étais dit : j'essaie le premier et rien ne m'oblige à continuer. Sauf que lorsque le premier film s'achève et que Musashi s'éloigne sur la route, je n'ai eu qu'une envie, poursuivre le voyage. Après le deuxième volet qu'il conclut par ces mots : "Et puis j'ai renoncé à l'amour des femmes", je n'avais qu'une hâte le retrouver enfin.
Hirochi Inagaki, bien qu'il ait sans doute réalisé plus d'une centaine de films, qu'il soit un réalisateur majeur au Japon et qu'il ait obtenu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1956 pour cette légende de Musashi, est sans doute le plus méconnu des réalisateurs nippons ici. C'est également lui qui a permis à Toshiro Mifune le magnifique d'accéder au rang de star internationale et à faire connaître le cinéma japonais à travers le monde. Gloire à lui donc !
J'espère aujourd'hui pouvoir découvrir un autre film de ce réalisateur, L'homme au pousse-pousse qui semble être le plus connu et peut-être accessible.
La légende de Musashi nous permet de faire la connaissance de Takezo dans le Japon des années 1600. Jeune homme fruste rejeté par les siens, Takezo rêve de devenir samouraï pour recueillir gloire et honneurs. Avec son ami Matahachi, il part au combat mais se retrouve rapidement du côté des vaincus. Contraints de fuir, les deux hommes trouvent refuge chez la veuve Oko et sa fille Akemi. Alors que Matahachi décide de rester auprès d’elles, abandonnant sa promise Otsu, Takezo retourne seul au village où il sera très mal accueilli...
L'histoire s'inspire de celle de Musashi Miyamoto un samouraï et philosophe qui a réellement existé et c'est un grand film d'aventure d'une beauté flamboyante, tournée en Eastmancolor (la petite sœur de Techni plus connu). Les images, les couleurs, l'énergie, la beauté des costumes et les rebondissements en font une épopée spectaculaire. Mais c'est aussi, c'est surtout Toshiro Mifune le splendide que l'on admire dans ses exploits. On le découvre grimpé dans un arbre comme un garnement, plus tard il montera un cheval à cru, séduira tous les kimonos (je comprends) qui passent à sa portée, les rejettera, poursuivra ses adversaires et réciproquement. Car plus tard, Takezo devenu Musashi deviendra plus grand que sa légende qui circule et tout samouraï digne de ce nom voudra l'affronter.
Mais je me suis emballée car avant d'en arriver là, il faut suivre le parcours de ce gosse des rues du Japon féodal qui devient une gloire nationale, partout précédé par sa légende. Pour endosser le rôle Toshiro Mifuse le splendide n'a pas besoin de quitter le costume somptueux de Kikuchiyo, l'un des Sept Samouraï de Kurozawa.
Admirez ce profil parfait.
Dans Duel à Ichijoji, deuxième épisode, Takezo est rebaptisé Musahsi Miyamoto et est devenu un samouraï hors pair qui anéantit ses adversaires en moins de temps qu'il n'en faut pour crier Kiaïïïïï. Pour les non initiés, dont je suis, la brièveté des échanges est impressionnante. Tous ces succès valent à Musashi une grande admiration mais aussi beaucoup de haine. Il parcourt le Japon à pied, ne rejetant aucun défi mais semble se désoler de la violence qu'il déchaîne. D'autant qu'avec la maturité, le garçon amorce une quête initiatique qui le conduira peu à peu vers une forme de sagesse. Mais cette quête est contrariée par deux femmes (assez niaiseuses reconnaissons-le... elles s'évanouissent dès qu'apparaît la merveille, pleurnichent beaucoup mais se montrent plus agressives quand elles doivent s'affronter). Otsu et Akemi poursuivent Musashi de leur assiduité quitte à tout abandonner, travail, famille, pour partir à sa recherche. Mais comme je le disais plus haut, ce deuxième épisode se conclut par ces mots : "Alors j'ai renoncé à l'amour des femmes". Menteur, va !
La conclusion de cette trilogie est La voie de la lumière. Musashi devenu sage, mène une vie simple accompagné d'une petite canaille en totale pamoison devant le maître. Dès lors, le samouraï ne se bat plus à tour de sabre, s'excuse quand on le provoque mais un sabreur de talent entend bien l'affronter et le battre. Le combat sans cesse repoussé finira par avoir lieu. Avant cela, le samouraï se pose dans un village, cultive son lopin de terre (moite et torse nu), défend les paysans des brigands. Le triangle amoureux est étrange à observer avec nos yeux d'occidentaux du 21ème siècle et on se demande comment Toshiro le magnifique... euh Musashi pourrait être attiré par l'une de ces pleureuses, surtout que lorsqu'il s'élance vers Otsu pour conclure, elle qui le poursuit de sa constance depuis des années, se jette à son cou, à ses pieds dès qu'il apparaît, elle se refuse à lui, non pas tout de suite, pas comme ça, pas maintenant...
La scène finale sur fond de soleil levant en bord de mer est magnifique.
J'insiste d'ailleurs sur le fait que ces films méritent le coup d'œil ne serait-ce que parce que justement ils sont visuellement exceptionnels. La nature, notamment dans le deuxième volet, est d'une beauté à couper le souffle qui invite à la contemplation et à la méditation. Les costumes, notamment ceux des samouraïs sont eux aussi d'une incroyable beauté.
Et l'élégant Toshiro Mifune les porte à ravir.
P.S. : j'ai vu ces films dans mon cinéma en copies restaurées.
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P.S. : rien ne m'attire vraiment cette semaine au cinéma. C'est assez rare pour le signaler. Je me laisserai peut-être tenter par Gogo l'histoire de la plus vieille écolière du monde et aussi sans doute par Les chers camarades d'Andrey Konchalovsky, mais l'histoire sensuelle des ados sur fond de littérature érotique arabe et le reste... Non. J'ai eu le tort d'aller voir Un triomphe... Je ne sais si ça en sera un, en tout cas, je suis désolée pour les 5 acteurs qui incarnent les détenus qui deviennent comédiens car ils sont vraiment formidables. Mais Kad Merad en mode cabotinage, dos voûté, j'ai la misère du monde sur les épaules, personne ne m'aime... c'était INSUPPORTABLE. Les autres ne sont là que pour lui servir la soupe, c'est désagréable et j'ai eu envie de le baffer, de lui dire de se taire.
Commentaires
Un grand merci pour cette découverte, Pascale. Je ne connaissais effectivement pas ce réalisateur !
Ce soir, je serai au Japon aussi, en mode rattrapage de "True Mothers". J'attends "Délicieux" et, dans une moindre mesure, "Boîte noire".
Belle journée à toi !
Je me suis régalée avec ces 3 films.
Tu vas aimer True mothers.
J'attends en plus des 2 que tu cites, Supernova pour le beau casting.
Et moi, j'en profite pour insister sur les romans qui ont inspiré ces films (que d'ailleurs je n'ai pas vu).
Deux tomes de Eiji Yoshikawa :
1. La Pierre et le Sabre.
2. La Parfaite Lumière.
Ce sont deux bijoux de la littérature japonaise, deux œuvres que je considère comme essentiels et intemporelles. Indispensables même pour celles et ceux qui s'aventurent dans la littérature japonaise.
Mais arrête !!!
Si tu voyais ma PAL tu aurais pitié.
Et en plus le 1er salon du livre français commence jeudi dans ma ville...
Mais je note ton insistance. D'autant que de littérature japonaise... purée comment j'ai commencé cette phrase... bref, j'ai pas dû lire beaucoup de japonaiseries.