de Mathieu Amalric **

avec Vicky Krieps, Arieh Worthalter, Anne-Sophie Bowen-Chatet

Synopsis : ça semble être l'histoire d'une femme qui s'en va.

Difficile de comprendre le synopsis. Pour moi ça ne "semble" pas être l'histoire d'une femme qui s'en va, C'EST l'histoire d'une femme qui s'en va, au petit jour quand tout le monde dort. Avant de partir, elle regarde et écoute son mari dormir, elle borde son fils, s'arrête devant sa fille. Et part. Il n'est pas interdit de penser qu'ils ont le sommeil bien lourd pour ne pas l'entendre agiter ses clés, ouvrir et fermer les portes, sortir la voiture du garage etc, mais c'est ainsi, on est au cinéma. Dès lors pour moi, ça a coincé et j'ai rapidement compris ce qui se passait. Lorsqu'à peu près au premier tiers du film on est certains de ce qui se passe, le mystère qui planait vaguement sur le film est totalement anéanti.

Puis la vie reprend. Celle du père seul avec ses deux enfants, une pré-ado qui martèle sans grand talent sur un piano La Lettre à Elise de Beethoven et un gamin à peu près uniquement là que pour emmerder le monde autour de lui et surtout sa sœur. Et celle de la mère, seule sans sa famille qui lui manque. Mais elle au moins, est au volant d'une somptueuse voiture rouge (une AMC Pacer) et il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec cette autre voiture rouge de collection. Décidément, les réalisateurs se donnent bien du mal pour trouver des automobiles qui donnent envie de prendre la route.

Mais autant certains films peuvent m'emporter très loin, autant celui-ci m'a clouée au sol sans jamais me faire décoller. Je me suis même dit : "m...., j'ai lu qu'il fallait emporter des mouchoirs !", et je me suis embarquée sans mouchoir. Comment vais-je faire ? Et puis pleurer dans le masque avec le nez qui coule en mode Adèle, ça risque d'être compliqué ! Hélas, mes yeux sont restés secs. Alors, est-ce à cause du fait que je n'avais pas de mouchoir que je n'ai pas été émue ? J'ai sans doute dû résister pour ne pas que mon rimmel coule !

L'histoire de ce couple et de leurs enfants est absolument bouleversante, abominable même, mais là, devant l'écran, je n'ai rien ressenti. Elle est tirée d'une pièce de théâtre (jamais jouée) de Claudine Galea : Je reviens de loin. Il semble que l'acteur réalisateur ait été anéanti par cette histoire. Il en a fait un film tarabiscoté qui zigzague entre passé, présent, rêve et réalité sans qu'on sache si on est dans le passé, le présent, le rêve ou la réalité. Le gros travail sur le montage, la narration, les voix off, la musique est certes impressionnant. Mais au final il pourrait se résumer par : c'est l'histoire d'une femme qui attend le dégel. Et sur moi, ça n'a pas pris et j'avais hâte que le printemps arrive. Je n'ai été ni émue ni touchée et je me suis énormément ennuyée. Et je ne parle pas des scènes abracadabrantesques : celle où Clarisse enlève la veste et ouvre la chemise d'un inconnu (bien sûr dans la vraie vie, le gars se laisse faire en souriant), celle de l'audition au piano...

Quand mystère finit par être synonyme de confusion, qu'un réalisateur n'en finit plus de malaxer ses images pêle-mêle, cela peut devenir agaçant pour le spectateur. Ce fut mon cas.

Alors évidemment, il y a les acteurs (adultes). Vicky Krieps et Arieh Worthalter sont très agréables à regarder les yeux ouverts... et l'AMC Pacer rouge.