MES FRÈRES ET MOI
de Yohan Manca ***(*)
Film de clôture - France - Sortie 5 janvier 2022
avec Maël Rouin Berrandou, Judith Chemla, Dali Benssalah, Sofian Khammes, Moncef Farfar
Synopsis : Nour a 14 ans. Il vit dans un quartier populaire au bord de la mer. Il s’apprête à passer un été rythmé par les mésaventures de ses grands frères, la maladie de sa mère et des travaux d’intérêt général. Alors qu’il doit repeindre un couloir de son collège, il rencontre Sarah, une chanteuse lyrique qui anime un cours d’été. Une rencontre qui va lui ouvrir de nouveaux horizons…
Les grands frères jouent au foot sur la plage pendant que Nour les observe et essaye d'entrer en contact avec une fille de son âge qui ne lèvera pas les yeux de son portable. Dès les premières images, allez savoir où la magie du cinéma se faufile, on s'attache à Nour (Maël Rouin-Berrandou irrésistible). C'est une fratrie qu'on n'a pas envie de quitter, un film qu'on voudrait pouvoir prolonger après la dernière image. Par sa belle lumière, sa belle histoire, sa simplicité, le réalisateur nous embarque, nous émeut et nous fait rire dans ce premier film (précédé de plusieurs courts métrages).
Ces quatre frères sont confrontés à de sérieuses difficultés et survivent grâce à des magouilles dans un quartier populaire qui ressemble très fort à Marseille sans que la ville soit jamais nommée. Le père n'est plus là et la mère est mourante, sous assistance respiratoire depuis des mois au domicile familial car malgré l'insistance d'autres membres de la famille, les garçons veulent que leur mère meurt chez elle. L'agitation permanente autour du lit de la mourante commence par surprendre voire choquer et finalement on s'attendrit d'imaginer que c'est leur façon à eux de continuer à intégrer cette mère adorée dans leur quotidien.
Ce quotidien n'est pas brillant. L'aîné (le magnifique Dali Benssalah présent avec un oeil de verre ici) se débrouille en vendant des équipements de foot et tente avec beaucoup d'impatience et de brutalité parfois de jouer le chef de famille, le second (l'épatant Sofian Khammes) joue les Aldo Maccione au bord des piscines pour draguer des touristes âgées (mais pas seulement...) et friquées, le troisième (Moncef Farfar) est une tête brûlée impliqué dans des trafics dangereux. Quant à Nour, il effectue un TIG (Travail d'intérêt général) sans qu'on en connaisse la raison. C'est en repeignant les murs de l'école (on n'ose imaginer le résultat !) qu'il entend de la musique s'échapper d'une classe. A sa grande surprise, Sarah (Judith Chemla irrésistible) qui dispense des courts de chant lyrique pendant l'été, découvre que Nour connaît Pavarotti et les paroles de certains airs de La Traviata. C'est ainsi que Nour intègre, d'abord en cachette, le cours et démontre ses talents de chanteur. Et franchement, on est parfois parcouru de frissons lorsque le petit se met à chanter ou que simplement la musique de Verdi envahit l'écran.
Banlieue et musique classique, ce n'est banal mais Yohan Manca maîtrise son sujet et évite certains clichés sans les éluder totalement.
Là encore, je vous inviterai à vous rendre en salle lorsque le film sortira le 5 janvier 2022 (le lendemain du 4 donc), ce film épatant va vous surprendre, vous faire rire et vous émouvoir.
Les frangins à Cannes :