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JULIE (en 12 chapitres)

de Joaquim Trier ***

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Avec Renata Reinsve, Anders Danielsen Lie, Herbert Nordrum

Julie aura bientôt 30 ans et elle est d'une indécision quasi pathologique. Ses décisions s'avèrent au fil du temps pour la plupart être de mauvais choix.

Elle entreprend des études de médecine, puis découvre qu'elle s'intéresse davantage à l'esprit qu'au corps humain. Après avoir débuté des études en psychologie, elle se découvre attirée par la photographie pour devenir finalement vendeuse dans une librairie. Et, détail important, elle aime les "demi-molles"... Sur le plan sentimental, c'est le jour où Aksel, de quinze ans son aîné, lui annonce qu'il vaut mieux pour elle qu'ils se séparent, que cette différence d'âge sera un handicap pour son avenir à elle, qu'elle décide en être amoureuse. Ils vivent ensemble et Julie rencontre Eivind lors d'une soirée.

Ce film n'est pas le GRAND film que j'attendais si j'en crois la critique qui l'encense mais il m'a plu. Il passe de la comédie au mélodrame et il m'a émue, j'ai versé ma larme et je ne me suis pas ennuyée un instant même si j'ai parfois eu du mal à comprendre Julie. Il faut dire que Julie, jeune femme aussi attachante qu'agaçante est le prototype même de la trentenaire systématiquement et éternellement insatisfaite. La fameuse génération Y qui prône l'individualisme et l'autonomie. Un film générationnel donc, ce qui explique peut-être mes légères réticences.

Mes réserves vont sans doute à la partie centrale du film. J'ai eu beaucoup de mal à comprendre et à admettre comment Julie pouvait renoncer à Aksel, être de lumière, beau, intelligent, tolérant, drôle, au profit d'Eivind, d'une fadeur exceptionnelle avec sa coiffure de moine, fade également intellectuellement. Evidemment si elle se rendait compte à quel point Aksel est fait pour elle, à quel point ils rient ensemble, ont les plus belles conversations du monde... il n'y aurait pas de film. Mais se tromper à ce point, est-ce humain ? En gros, ils s'aiment, ils sont beaux, leurs parents sont d'accord, so what ? Julie tâtonne.

Je valide par contre la première demi heure belle et drôle et la dernière bouleversante. Entre les deux, les acteurs, excellents, font le job de maintenir l'attention. Quant au réalisateur, il a de jolies fulgurances : la scène de drague sans consommation entre Julie et Eivind qui refusent de "tromper" leur conjoint respectif et celle, incroyable où Julie appuie sur un interrupteur et fige tout autour d'elle. Elle court alors rejoindre son nouvel amoureux seul capable de la voir. La voix off, souvent inutile dans les films est ici plutôt intelligemment utilisée et presqu'inutile puisqu'elle dit à peu près en même temps ce que le personnage dit à l'écran. J'explique mal mais vous verrez c'est original.

Il y a une forme de désenchantement et d'humour Woody Allenien dans la peinture de cette génération qui veut des enfants, ou pas, et puis si, et puis non, qui veut s'accomplir sans entrer dans le moule, qui tente, hésite. Julie trouve-t-elle la liberté finalement ? Je ne sais pas. Je trouve qu'elle stagne. Je ne suis pas de celles qui applaudissent à tout rompre à ces valses hésitations permanentes. Elles auraient plutôt tendance à me fatiguer. 

Renata Reinsve, Ok, elle joue bien, très bien même et est particulièrement impliquée dans son rôle. Est-ce son omniprésence, son temps de présence considérables dans le film qui lui ont valu son Prix d'interprétation à Cannes ? Le prix je l'aurais bien donné à Anders Danielsen Lie (toujours médecin dans le civil, il a oeuvré pendant la pandémie). On lui doit les meilleures scènes du film, sa présence, son charisme, sa sobriété en imposent je trouve. La scène où il est interviewé pour parler de son oeuvre (il est auteur de BD) est formidable.  La dernière demi heure qui lui est en partie consacrée est la plus belle, la plus forte, la plus intense. Bien que très chargée dramatiquement. Essayez de ne pas pleurer quand il dit : "Je veux vivre dans mon appartement, seul avec toi, tu es l'amour de ma vie". Moi je n'ai pas pu.

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Commentaires

  • Un peu comme toi j'attendais LE coup de coeur vu les critiques. Mais ça reste quand même un très beau film, je suis tout à fait de ton avis. Et oui, j'ai lâché une petite larme sur cette réplique moi aussi.

  • Aksel est plus attirant et émouvant que Julie et oui, ce n'est pas le film grandiose qui nous a été vendu.
    Et j'ai pratiquement entendu cette réplique dans ma vraie vie d'avant...

  • Par contre, sur ce film je ne suis pas aussi enthousiaste. Ce chapitrage tombe dans l'écueil du film à sketchs, et donc avec des segments trop différents, disparates tant au niveau du fond que de la forme ce qui donne trop de baisses de régime et, surtout, donne des parties inintéressantes et superflues. La dernière partie est trop tirée en longueur, et donc devient tire-larmes. Une déception pour ma part malgré une actrice étincelante.

  • Je suis d'accord, je n'ai pas vu non plus l'intérêt des chapitres avec des titres comme si on était des couillons. L'épisode champignons hallucinogènes : SANS INTERÊT. Je trouve l'acteur plus étincelant que l'actrice qui est très bien aussi. Mais un prix d'interprétation !!!

  • Dommage... J'avais beaucoup apprécié Oslo, 31 août... Et j'aurais été curieux de découvrir ce nouveau Trier J.

  • Et bien qui t'en empêche ? :-) Anders est éblouissant et émouvant.

  • Ce qui m'en empêche ? J'imagine pas grand chose, peut-être le fait qu'il ne passe pas forcément dans mon coin à des horaires adaptés, qu'il n'est pas le GRAND film que tu attendais ou espérais... les réserves que tu lui mets...

  • Aïe si c'est un peu moi qui empêche ça me désole.
    Mais je confirme, c'est un petit film emporté par Anders que tu as aimé dans Oslo.

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