Lorsqu'elle affiche ses talents de chanteuse dès son plus jeune âge, elle n'a plus qu'une idée en tête : chanter. Aidée, couvée, épaulée par sa famille puis par son producteur Guy-Claude qui deviendra son mari et le père de ses enfants, Aline devient une star planétaire.

Je vais vous révéler un scoop (ne me remerciez pas) : ce film est librement inspiré de la vie d'une chanteuse québécoise qui est un trésor national en son pays, Céline Dion. Il ne s'agit donc pas d'un biopic mais d'une fantaisie rêvée et mise en images par une fan. Ici Aline s'appelle Dieu et c'est normal, elle est vénérée comme une déesse. Lorsque Guy-Claude la rencontre pour la première fois, il doute que cette voix puisse sortir de cette gamine qu'il commence par appeler Céline.

Valérie Lemercier est drôle et son film l'est aussi. J'aime ses petites trouvailles humoristiques.
- Le choix des prénoms de la fratrie par exemple. Je ne résiste pas, les voici : Jean-Bodin, Jean-Claudin, Jean-Sylvain, Jean Christin, Jean-Damien, Jean-Colin pour les garçons, Jeannette, Antoinette, Bernadette, Josette, Lucette, Pierrette, Claudette pour les filles. Vous pouvez compter, il y en a 13. Le Jean-Bobin est particulièrement savoureux je trouve.
- Le "au Vat'can" répété au moins 5 ou 6 fois lorsque toute la famille découvre qu'Aline est célèbre au Vatican.
- Le mini sketche lorsque bien plus tard, son fils Junior lui demande l'orthographe du mot ascenseur. Sa réponse : "Tu sais maman n'est pas allée beaucoup à l'école. Ecris escalier et dis à l'instituteur que ça arrive au même endroit". ça marche sur moi. Je souris. Valérie ne se moque pas, elle sourit avec nous.

Je ne m'attendais pas à prendre autant de plaisir devant ce film mais j'étais curieuse malgré mon aversion pour les voix de hurleuses dont Céline, la vraie, est sans doute le mètre étalon (avec Barbra, Whitney, Maria etc...). C'est Victoria Sio (chanteuse de comédies musicales) qui se colle au play-back et au fameux fa de 8 secondes de All by myself. La chanteuse n'imite pas mais sa voix puissante est du même registre.

Valérier Lemercier est touchante et son film l'est aussi. On est bien sûr pas obligé de s'émouvoir sur le destin hors normes d'une fille multi millionnaire qui parvient à se perdre dans sa propre maison. Mais ce qui touche c'est qu'Aline n'est pas un "produit" fabriqué, manipulée par sa famille ou son mari. Ils sont au contraire son soutien infatigable. Elle aime ce qu'elle fait et ne veut/sait rien faire d'autre. Elle y travaille d'arrache coeur quitte à s'imposer un rythme et un style de vie faits de paillettes mais finalement marginale qui la tiennent totalement éloignée de la réalité. Jamais elle n'est sortie seule dans la rue. Cela donne lieu à une belle échappée dans Las Vegas, ville des sosies d'Elvis et des shows de Céline, au son mélancolique de la voix envoûtante de Rufus Wainwright. Mais elle est entourée d'une famille et d'un mari qui sont le socle de sa solidité et sans doute de sa longévité. La réalisatrice développe tout ça avec énormément d'empathie et de, allez je lâche le mot, de bienveillance et sans doute aussi d'admiration. Ce n'est jamais méchant et c'est ce qui fait un bien fou.

Valérie Lemercier est une midinette qui aime les jolies histoires d'amour. Alors elle place celle d'Aline et Guy-Claude au centre de ce faux biopic. Et l'idéalise peut-être. Jamais il n'y a l'ombre d'un accrochage dans ce couple et c'est beau. Il n'y a pas, au coeur du film, une querelle sous la pluie suivie d'une réconciliation. Ils ne font qu'un.

J'ai moins apprécié que Valérie Lemercier soit elle-même l'interprète d'Aline à 4 ans puis adolescente. C'est bizarre et ça a dû être un véritable challenge artistique et d'effets spéciaux mais ce n'est pas très heureux. Pour le reste c'est un sans faute. Dès qu'Aline est adulte, c'est absolument bluffant. La voix, le physique, les attitudes... on retrouve le "modèle" et Valérie a encore l'intelligence d'être moins exubérante que Céline. Et puis elle s'entoure d'un casting ébouriffant dominé par Sylvain Marcel et Danielle Fichaud dans les rôles du mari et de la mère omniprésente, inconnus chez nous mais absolument époustouflants.

Je proposerais bien une ovation pour Valérie Lemercier, interprète phénoménale d'un rôle en or. Et réalisatrice d'un film rose bonbon dépourvu de méchanceté qui s'attache plus à l'environnement proche inébranlable qu'à la carrière de la star. Bravo.