ANIMAL
de Cyril Dion ***(*)
Avec Bella et Vipulan
Cyril Dion emmène deux jeunes gens de 16 ans (qui en paraissent 13 ou 14) faire un tour du monde et un état des lieux de la Planète Terre.
Passé le reproche du bilan carbone de l'affaire qui contrarie d'ailleurs beaucoup Bella et Vipulan, j'ai trouvé ce film passionnant. Le petit couple rencontre des pointures et se mettent à l'écoute de militants et de scientifiques (Jane Goodall qui parle depuis 60 ans à l'oreille des chimpanzés, Claire Nouvian lauréate du Prix Goldman pour l'environnement, Afroz Shah avocat et activiste environnemental en Inde ou Baptiste Morizot philosophe et exceptionnel pédagogue) qui n'en doutent pas, la 6ème extinction de masse des espèces est en route.
Ce film démontre une fois de plus que nous sommes les habitants de la Terre mais qu'elle ne nous appartient pas. L'homme pourrait disparaître, les fourmis ne s'en apercevraient pas mais pas l'inverse. A chacun d'agir en colibri, de faire sa part.
Comme dans son autre film A demain qu'il avait coréalisé avec Mélanie Laurent, Cyril Dion ne cherche pas à culpabiliser mais délivre encore un message d'espoir malgré l'imminence de la catastrophe et l'obstination de l'humain à régler son existence sur la surproduction et la surconsommation. Rencontrer des gens qui croient encore à l'avenir peut paraître naïf mais finalement redonne confiance, surtout aux deux jeunes gens ici présents, et encore plus à Bella qui déclare à la fin du film qu'elle cesse de détester l'être humain.
Sauver la nature, les espèces et en conséquence les êtres humains, quel beau projet. Bella et Vipulan y consacrent une partie de leur temps et se désolent de voir des milliers de manifestants et aucun acte, aucun engagement des gouvernements à l'issue des manifestations. Bella est londonienne et milite pour les droits des animaux, la conservation de la faune et les questions environnementales. Elle est ambassadrice de la fondation Born Free et de la Jane Goodall Foundation. Elle a travaillé avec le gouvernement britannique pour lutter contre le braconnage de l’ivoire et collabore avec la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animal (RSPCA). Vipulan poursuit des études scientifiques à Versailles et est un jeune militant écologiste engagé initialement dans les grèves pour le climat. Il est l’un des membres de Youth for climate Paris et est aujourd’hui investi dans les luttes locales en région parisienne. Il poursuit des études scientifiques pour travailler ensuite dans la Recherche.
Les réactions sont parfois naïves car les personnages ont les questions de leur âge (mais pas sûre que j'en pose des plus élaborées...) mais leur détermination, leur appel à la solidarité est vibrant, sincère et contagieux. Il faudrait voir ce film en famille, pas pour faire peur aux enfants mais au contraire prendre conscience ensemble comment (apprendre à) vivre avec son environnement.
De la France à la Suisse, du Kenya à l'Inde et au Costa Rica dont le Président super écolo à "reforesté" intégralement son pays, les images sont parfois superbes et les actions inspirantes comme le nettoyage d'une plage à Bombay de plusieurs centaines de tonnes de déchets réalisé par de simples militants ou citoyens. Insoutenables au début du film, lorsqu'il s'agit de la pêche industrielle et plus tard lorsqu'on rencontre un éleveur de lapins français qui, pour 345 €uros par mois est complètement pris dans l'engrenage de la production et du surendettement. Malgré sa façon d'élever ses lapins entassés dans des cages qui ne voient jamais la lumière du jour, il parvient à émouvoir.
Les questions sont et demeurent : "Comment arrêter de tout détruire et, en particulier, les espèces animales ? Comment habiter cette planète différemment ? Sans en perturber les équilibres, en cohabitant respectueusement et intelligemment avec les autres formes de vie. À quoi servons-nous, nous les humains ? Est-ce que nous sommes juste là pour jouir et tout dégrader ou avons-nous une fonction, un rôle à jouer dans « l’orchestre du vivant" ? Vous avez quatre heures.
Commentaires
Il ne passe pas dans mes salles art et essai et très peu dans un multiplexe. Je voudrais pourtant arriver à le voir (Cyril Dion était assez déçu hier du peu d'entrées que son film fait, en tout cas par rapport à ses attentes de départ. Il n'a peut-être pas assez de salles).
"Animal" est sorti avec une combinaison de 161 copies, presque autant que "Le Calendrier" et deux fois plus que "Le Diable n'existe pas"... mais environ deux fois moins que le dernier Almodovar, quatre fois moins que le nouveau "SOS Fantômes"... et presque six fois moins que "Les Tuche IV" cette semaine. Je pense que ce n'est pas idéologique, c'est juste "la loi du marché "cinématographique. Le film de Cyril Dion n'est pas jugé "à haut potentiel". Là où il est sorti, il a attiré en moyenne 390 personnes par copie. C'est plus que "Le Calendrier", "Le Diable n'existe pas", "Les Choses humaines" et "La pièce rapportée", mais beaucoup moins que "Madre paralelas" et "Encanto".
Ah dommage, c'est un film à voir je trouve.
Bravo pour les stats.
Je n'ai jamais entendu parler du calendrier...
Henri Golant, merci pour les précisions !
J'aimerais aller le voir, j'avais adoré "Demain" mais je me demande si nous sommes suffisamment nombreux à faire notre part pour changer quoi que ce soit. Est-ce qu'on ne se culpabilise pas en vain ? J'hésite encore, mais si , comme tu le dis, il y a de l'espoir, pourquoi pas ! Car j'en ai un peu marre de vivre dans un éco-anxiété étouffante.