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JEAN-MARC VALLÉE

9 mars 1963 - 25 décembre 2021

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J'ai vu la plupart des films de Jean-Marc Vallée et au moins cinq ont été chroniqués ici (C.R.A.Z.Y., Café de FLore, Dallas Buyers Club, Victoria les jeunes années d'une reine, Demolition) et une série Big little lies. On parle surtout de lui comme du réalisateur de Dallas buyers club qui avait valu de multiples récompenses à ses deux acteurs principaux Matthew McConaughey et Jared Leto. Mais le film que je retiens moi, qui m'a bouleversée au-delà du possible c'est Café de Flore. Il est vrai que je l'avais vu dans de merveilleuses circonstances, à la Mostra de Venise en présence de l'équipe du film. Mais je ne peux que vous encourager à voir tous ces films qui valent tous qu'on s'y attarde. En commençant par le plus drôle, étonnant et aussi fou que son titre : C.R.A.Z.Y.

 

Jean-Marc Vallée réussissait ces choses que je préfère au cinéma : me raconter des histoires, me faire aimer des personnages. Il est mort soudainement dans la nuit du 25 décembre. On n'a pas d'autre explication mais peu importe, il n'avait que 58 ans et c'est bien triste.

CAFÉ DE FLORE de Jean-Marc Vallée *****

 

Café de Flore : photo Jean-Marc ValléeCafé de Flore : photo Jean-Marc Vallée

Café de Flore : photo Jean-Marc Vallée

Antoine vit de nos jours à Montréal avec Rose sa femme adorée et ses deux filles. Tout est lumineux, beau et sourit à ce "remixeur" canadien qui parcourt le monde avec son étrange musique. La musique d'ailleurs est au centre de sa vie depuis toujours et il a partagé cet amour depuis l'adolescence avec une fille aimée à la folie, Carole, la mère de ses deux petites. Tout n'est donc pas si rose et éclatant que la lumière éblouissante qui baigne le film le laisse supposer. Car Carole souffre, gravement, durablement. Elle ne parvient pas malgré les années qui passent à se remettre de la séparation d'avec l'irremplaçable et irremplacé Antoine qui lui non plus ne l'oublie pas...

A Paris dans les années 60, Jacqueline donne naissance à Laurent un enfant différent, un petit trisomique et il n'y avait d'autre choix dans ces années là que de placer directement ces enfants dans un centre pour handicapés. Jacqueline refuse, se débarasse du père qui ne se sent pas de taille à élever un tel enfant et elle va se battre jour après jour pour tenter de faire de l'enfance de son fils un véritable enchantement.

Quel rapport entre les deux histoires ? Chut ! Jean-Marc Vallée met pratiquement une heure et demi à amorcer un début de réponse. Avant d'en arriver là, il nous balade au son et au rythme d'un film d'une ambition folle et démesurée, totalement déstructuré

Malgré la difficulté qu'on a à faire le lien entre les deux histoires, les deux époques, les deux styles du film (la lumière et les couleurs à Montréal, les tons froids et la tristesse à Paris) on est embarqué. Le réalisateur s'empare du spectateur et ne le lâche plus. Comment réussit-il ce miracle ? C'est indicible, insensé et intraduisible un miracle. Mais on s'attache avec passion aux quatres personnages principaux. On les comprend, on partage leurs joies et leurs peines, on tremble pour eux et on a qu'une envie : les voir heureux enfin et pour toujours. Evidemment ces gens sont beaux, intelligents, chaleureux, compréhensifs, sensibles mais il n'est pas interdit de regarder un film comme on rêve. Et puis, ils nous parlent de sentiments comme c'est rarement arrivé au cinéma et il y  a dans ce film au moins deux déclarations d'Amour tellement sublimes que je vous mets au défi bande de sans coeur de ne pas écraser une larmichette.

Jean-Marc Vallée vous avait emballés, surpris et amusés avec C.R.A.Z.Y., il va vous bouleverser avec ce "Café de Flore". C'est un film d'amour comme je vous assure vous n'en avez jamais vu, qui fait frémir d'émotion. La douceur, l'intelligence, le charme des personnages sont époustouflants. Ils évoquent l'amour éternel, l'âme soeur, l'amour maternel, le pardon, la réconciliation et c'est magique. On frissonne jusqu'aux dernières secondes pleines de rage, de tristesse et d'apaisement et on reste envoûtés par l'atmosphère planante, volatile, touchés en plein coeur par ces histoires, bercés et agités par la musique (bande orginale GRANDIOSE !).

Les acteurs ? Des merveilles (même les enfants) ! Vanessa Paradis mère courage dénuée du moindre attrait physique, amoureuse de son fils, est LA mère. Elle est exceptionnelle. Les autres, inconnus chez nous, Kevin Parent, Hélène Florent, Evelyne Brochu sont inoubliables.

N'écoutez pas ces pisse-froids qui parlent d'artifice et de manipulation. Ecoutez-moi qui vous dis qu'un film aussi beau, intelligent, inventif, à la construction tellement exigeante, qui aborde la réincarnation, frôle le mysticisme sans y sombrer, vous affirme que chacun d'entre nous a sa "flamme jumelle" qui brille quelque part, sans être jamais ridicule, c'est une aubaine, un bonheur, un frisson. C'est pour ce genre de films rares et précieux qui nous rappelle qu'au cinéma tout est possible qu'on endure des navets sans âme. Ce genre de films est une récompense.

Je l'avais vu à Venise il y a une éternité (septembre 2011) en présence de l'équipe du film, acteurs et réalisateur.

Commentaires

  • J'avais particulièrement aimé C. R. A.Z.Y avec la musique de Bowie. Bien jeune pour mourir.

  • Oui c'était un film fou. Il y avait aussi Sympathie for the devil où Zacharie s'envole...
    Bien triste oui.

  • Oh Oh ! Il y a aussi et surtout Pink Floyd :-))
    Shine on your crazy diamond, si je me souviens bien...

  • Je vérifierai, je l'ai mis à mon programme de ce soir.

  • Une bien sombre nouvelle, effectivement, que j'ai appris hier matin, en me réveillant. Bonjour la tristesse avec un café...

    JMV, pour moi, c'est avant tout, C.R.A.Z.Y.. Un film culte que j'adore, et regarde et regarde encore et encore avec toujours la même envie, le même entrain, la même joie (une joie aussi intense que de pelleter la neige devant chez soi). CULTE. Pour sa bande son, effectivement, pour sa drôlerie et ses accents...

    Et tu ne parles pas de Demolition. Un film que j'ai aussi beaucoup aimé et que je vais regarder à nouveau, mon petit hommage à ce réalisateur...

  • Tu crois qu'un jour on pourra à nouveau déjeuner en paix ?
    J'ai ajouté Demolition à la liste, je l'ai vu aussi bien sûr.
    J'aimais beaucoup ce réalisateur. Tous ses films sont différents.
    Et toi aussi tu pellettes ???

    http://www.surlarouteducinema.com/archive/2016/04/12/demolition-de-jean-marc-vallee-5787681.html

  • Je n'ai vu aucun de ses films. J'espère que la télé va en rediffuser. (pour le film avec Glenn Miller, je me demande si ce n'est pas "tu seras mon mari" de H. Bruce Humberstone)

  • Je ne sais plus si tu aimes l'accent québécois. C.R.A.Z.Y. est un régal.
    Apparemment aucune déprogrammation pour lui rendre hommage.

    J'ai effectivement cherché c'est bien Tu seras mon mari. ça doit être une mignonette comédie.

  • A ton tour d'ouvrir la rubrique nécrologique, je ne suis pas assez calé en Vallée pour le faire. Je n'ai vu aucun de ses films, pas vraiment attiré, c'est un tort. Je note ce C.R.A.Z.Y. qui semble doté d'une BO d'enfer.

  • La rubrique "mes chers disparus" ne date pas d'aujourd'hui.
    Et en effet n'avoir rien vu de Jean Marc Vallée ne fait pas de toi un spécialiste :-)
    Il faudrait que tu te penches sur sa filmo. C.R.A.Z.Y. c'est DEMENT !

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