d'Aurélia Georges **(*)

Avec Lyna Khoudri, Sabine Azéma, Maud Wyler, Laurent Poitrenaux

Nélie est chassée de la place qu'elle occupait dans une maison bourgeoise accusée à tort d'un comportement déplacé.

Elle se retrouve à la rue, contrainte à se prostituer. Littéralement ramassée par une "sœur" de la Croix Rouge elle devient brancardière sur le front en 1914 puis rapidement assistante d'un médecin. Elle croise la route de Rose Juillet, jeune fille peu dégourdie qui a une lettre de recommandation pour entrer au service d'Eléonore une riche veuve. Rose meurt dans une explosion. Nélie prend sa place auprès d'Eléonore à Nancy. Les deux femmes s'attachent rapidement et profondément l'une à l'autre. L'une orpheline en manque de mère et l'autre qui développe un fort attachement maternelle envers la première.

Ce film est d'abord et hélas trahi par sa bande-annonce qui en dit beaucoup trop. Pendant une bonne moitié du film on ne peut que suivre le parcours linéaire de Nélie (devenue Rose) sans la moindre surprise. Je me suis donc attachée à profiter de l'interprétation très convaincante de Lyna Khoudri (et son visage de poupée) et de Sabine Azéma (excellente en bourgeoise un peu raide). On se demande bien sûr comment le mensonge et l'usurpation vont tenir sur la durée puisque l'on sait (grâce à l'odieuse bande annonce) que Rose n'est pas morte et qu'elle va chercher à reprendre sa place. Ce "rebondissement" est de toute façon parfaitement prévisible même si l'on a pas vu la bande annonce je pense.

Lorsqu'enfin la jeune femme refait irruption, le sort, le scenario et/ou la réalisatrice en ont fait une personne terne, amère et antipathique. Evidemment ce qu'elle a vécu n'a pas dû être réjouissant et sa situation ne va pas s'améliorer. Ce qui est gênant c'est qu'au-delà de toute morale on prend fait et cause pour l'usurpatrice et sa bienfaitrice en se désintéressant totalement de la position de cette pauvre Rose qui est pourtant dans son droit et ne cessera de se retrouver confrontée aux affres d'un destin peu enviable.

Par intermittence la réalisation un peu plate dans une atmosphère réaliste (souvent à la bougie) tient la route grâce à la connivence et l'alchimie entre les deux actrices  principales et évoque aussi par petites touches la condition féminine désespérante de l'époque. Mais un souffle, une âme, une énergie, une flamme font défaut au film sauf lorsque la fausse Rose et Eléonore sont ensemble, mais là encore la grande économie de dialogues est frustrante.

Dommage.