Je rassemble ces deux films car ils donnent tous les deux une vision de l'Amérique mais comme vous pouvez l'imaginer en regardant les affiches, ils ne sont pas tout à fait l'un et l'autre dans le même esprit. Deux salles deux ambiances en quelque sorte. Le second est interdit aux moins de 12 ans.

NOS ÂMES D'ENFANTS de Mike Mills ***

Avec Joaquin Phoenix, Gaby Hoffmann, Woody Norman

Johnny est journaliste pour la radio. Le reportage qu'il prépare l'amène à interroger des jeunes à travers le pays sur leur vision du futur. Il rend visite à sa soeur avec qui il n'entretient pas de relation très sereine et fait pratiquement la connaissance de son neveu Jesse. Sa soeur doit se rendre auprès de son ex mari (bipolaire qui doit se faire hospitaliser) dont elle vient de se séparer et Johnny lui propose de garder Jesse. La cohabitation entre le jeune garçon et son oncle qui n'a pas la moindre idée de comment se comporter avec un enfant va se transformer en road movie car Johnny décide d'emmener Jesse dans son périple à travers différentes villes du pays, de Detroit à New York en passant par la Louisiane,

Le voyage est entrecoupé d'interviews d'enfants qui doivent évoquer leurs joies, leurs craintes et leurs espoirs. Il semble que ces scènes soient de véritables entretiens et que les jeunes interrogés n'aient pas tous reconnu l'interprète du Joker. Ces moments sont parmi les plus intéressants du film dédié à Devante Bryant, un enfant de 9 ans de la Nouvelle-Orléans tué par une balle perdue dans son quartier. 

J'ai trouvé Jesse, le petit garçon assez agaçant. Bien sûr, la séparation de ses parents le rend triste on peut le comprendre. Mais son côté petit singe savant, très en avance sur son âge, ses réactions parfois incontrôlables ne le rendent pas très sympathique et rarement touchant. C'est dommage. J'ai cru à un moment qu'un des thèmes du film était le TDAH (trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité) tant il peut se montrer imprévisible et ingérable, mais non.

Ce détail mis de côté et bien que ce garçon soit essentiel dans le duo qu'il forme avec Johnny, c'est encore une fois Joaquin Phoenix qui vampirise le film et l'histoire, mais tout en délicatesse. Comme toujours l'attention se focalise sur lui, sa voix, sa présence, sa démarche et pour une fois il n'est que douceur, tendresse et d'une patience avec le loustic !!! ce qui lui va très bien. Et alors que le projet du film est sans doute d'évoquer et d'explorer l'enfance, c'est l'adulte qui captive en faisant l'apprentissage d'une forme de paternité.

J'ai lu que le noir et blanc du film était "trop voyant". J'ai bien compris que ce n'était pas un compliment. Je l'ai trouvé magnifique, lumineux. Comme Joaquin Phoenix qui démontre une fois de plus ce qu'est un grand acteur.

De ce réalisateur, j'ai déjà parlé du très rare et très subtile 20th century women et du bouleversant Beginners qui faisait parler un chien ainsi : "dis-lui que les ténèbres nous engloutiront si rien de radical n'advient sur le champ...". Décidément ce réalisateur est à suivre de près.