d'Anders Thomas Jensen ***(*)

Avec Mads Mikkelsen, Nicolaj Lie Kaas, Andrea Heick Gadeberg, Rolland Moller

Cinétrafic en collaboration avec l'éditeur M6 Vidéo m'ont permis de voir ce film en m'envoyant le DVD et je suis contente de mon choix car hélas il n'a pas eu l'honneur des salles de cinéma. Le film est sorti en DVD et Blu-Ray depuis le 2 février et en EST (je n'ai pas la moindre idée de ce dont il s'agit) depuis le 1er février chez M6 Vidéo (page Facebook et Twitter de l'éditeur).

Markus est un militaire danois en poste en Afghanistan. Alors qu'il pense rentrer chez lui il annonce à sa femme qu'il est obligé de rempiler pour trois mois. Mais le métro que prennent sa femme et sa fille Mathilde est victime d'un accident dans lequel sa femme meurt. Markus rentre donc au pays pour prendre soin de sa fille. Rapidement, Otto qui avait cédé sa place assise à la femme de Markus prend contact avec lui et lui annonce qu'il ne s'agit en rien d'un accident mais d'un attentat. D'après Otto, survivant du drame et statisticien surdoué, l'explosion serait liée à la présence dans le wagon d'un témoin clé dans le procès contre le chef du gang des Riders of Justice. Vous vous en doutez, Markus et Otto vont s'allier pour prouver cette thèse. Otto est par ailleurs indissociable de deux amis geeks paranos qui ne s'entendent pas mais sont des cracks dans leur domaine de compétence, les statistiques, la psychologie ou l'informatique.

Le réalisateur est l'auteur des déjà très déjantés Men and chicken ou Bouchers verts et reste fidèle à ses deux acteurs de prédilection qui se prêtent avec beaucoup de jubilation à ses folies, Mads Mikkelsen en militaire bas de plafond et violent incontrôlable et Nicolaj Lie Kaas doux rêveur accro aux statistiques. On se réjouit aussi de les voir incarner ces personnages au tout premier degré sans une once de recul ou d'introspection. Ils sont et restent ce qu'ils sont quoique Mads/Markus subit une petite transformation lorsqu'il accepte enfin de céder au chagrin  d'avoir perdu sa femme avec des torrents de larmes.

Ce qui change un peu des films précédents c'est l'émotion qui finit par se dégager grâce à ces personnages tous fêlés, différents mais également fragiles. Notamment la fille fragilisée par la perte de sa maman et pas aidée par un père rustaud qui lui conseille pour s'endormir de partir de 500 et de compter à reculons. Il assure que ça fonctionne (j'ai presqu'envie d'essayer).

Ce qui séduit encore dans ce scenario implacable et sans temps mort c'est l'humour noir, féroce. Entendre ces énergumènes se traiter de noms de fromages (suprême insulte), les voir se transformer en psy pour la petite Mathilde, s'excuser presque d'avoir reçu un bourre-pif par Markus qui cogne avant de discuter ou de réfléchir, c'est franchement drôle. Lorsqu'interviennent le touchant émigré ukrainien utilisé comme bête à plaisir par encore plus bas du front que les autres et le cruel Kurt interprété par l'inquiétant Rolland Moller, le film prend encore une autre dimension.

Le film est visuellement très soigné, bien rythmé et sans temps mort.

Et puis privilégier les rapports humains qui s'adoucissent parfois c'est la cerise sur le gâteau de cet excellent film imprévisible qui aurait vraiment mérité le grand écran.