de Fabien Gorgeart **(*)

Avec Mélanie Thierry, Lyes Salem, Félix Moati, Gabriel Pavi, Dominique Blanc

Anna et Idriss vivent avec leurs deux enfants et un troisième, Simon, qui est placé chez eux depuis qu'il a 18 mois. Lorsqu'il atteint ses 6 ans, son père biologique qui n'a jamais perdu tout à fait le contact avec son fils, souhaite en récupérer la garde. Un tsunami pour cette famille et surtout pour Anna que Simon a toujours appelé maman.

J'avais moins aimé le précédent film de Fabien Gorgeart Diane a les épaules qui interrogeait sans le faire vraiment sur la GPA. Ici on assiste impuissants et quasiment révoltés aux aberrations et incohérences du système de service social à l'enfance qui demande aux familles accueillantes de s'attacher aux enfants qu'elles accueillent... mais pas trop. A ce titre, Anna n'est pas faite pour ce travail devenu un métier, tant elle sur-investit l'affection qu'elle porte à cet enfant qui n'est pas le sien mais qu'elle couve, protège, materne quasiment plus que les siens propres.

Difficile de ne pas être sensible au sort réservé à cet enfant qui vit depuis qu'il est bébé dans cette famille aimante qu'il considère comme la sienne. On est plutôt habitué à voir des familles dysfonctionnelles et c'est justement ce qui m'a un peu gênée dans ce film. C'est que cette famille enveloppante, soudée est quasiment parfaite si ce n'est l'ado qui pique quelques crises car il est rarement au centre de l'attention. Désolée de me plaindre que la mariée est trop belle mais j'ai fini par ne plus croire en cette vision idyllique de la famille où tout n'est que fête, joie et compréhension.

Impossible de ne pas avoir le coeur serré quand on commence à comprendre que le pauvre petit Simon va devoir revivre avec un père qu'il connaît à peine. La réaction d'Anna qui n'est absolument pas prête ni préparée à cette séparation sans transition va redonner un peu de dynamisme au film qui s'enfermait un peu dans une sorte de format "famille Ricorée".

Malgré une interprétation parfaite des enfants comme des adultes, Lyes Salem est formidable et le petit Gabriel Pavi ferait fondre la banquise avec ses beaux yeux et sa petite voix implorante, je suis restée sur ma faim.

C'est l'interprétation irréprochable et bouleversante de Mélanie Thierry qui rend ce film marquant. Elle fait défiler sur son visage toutes les émotions qu'un être humain peut éprouver. Elle peut aussi être inquiétante quand elle se met à défier la loi.

Mais une fois encore la bande-annonce dit tout ou presque tout du film. Seul le dernier quart d'heure est une demi surprise. C'est vraiment pénible ces bandes-annonces qui en révèlent trop.