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KINUYO TANAKA

KINUYO TANAKA, cinéma,

Je suis reconnaissante à mon cinéma CAMEO de m'avoir permis de découvrir cette réalisatrice japonaise sur grand écran en programmant les 6 films qu'elle a réalisés. Carlotta films édite un coffret de cette intégrale (s'ils veulent m'en envoyer un je ne suis pas contre).

Kinuyo Tanaka (1909 - 1977) fut actrice dès le muet et  sa carrière d'un demi siècle compte plus de 250 films. Elle réussit la transition vers le parlant et tourne avec les plus grands réalisateurs de son temps tels que Ozu ou Naruse et 15 films avec Mizoguchi. Lorsque sa carrière décline, elle s'oriente vers la télévision et ne tourne plus au cinéma que dans des seconds rôles. Elle obtient néanmoins l'Ours d'argent de la meilleure actrice à la Berlinale de 1975 pour son retour au cinéma dans Sandakan N° 8 de Kei Kumaï.

En 1953, elle décide de passer derrière la caméra et devient la première femme cinéaste d’après-guerre. Elle déclare : "Maintenant qu'il y a également des femmes élues à la Diète du Japon (parlement japonais), j'ai pensé que ce serait une bonne chose qu'il y ait aussi au moins une femme réalisatrice". Son parcours de réalisatrice fut néanmoins semé d’embûches notamment à cause des réalisateurs avec lesquels elle avait travaillé et ne voyaient pas d'un bon oeil l'arrivée de cette femme sur leurs plates-bandes encore bravo les garçons. Et pourtant quel talent ! Comme en témoignent les 6 films qu'elle a réalisés. J'ai pu en voir 4 qui sont tous des portraits de femmes souvent tourmentées à cause de l'histoire, des traditions, de leur sexe ou de leur condition. Des histoires résolument féminines qui font la part belle aux actrices et à des thèmes majeurs.

En 1985, le prix Kinuyo Tanaka est créé et récompense chaque année une actrice pour l'ensemble de sa carrière. En 2010, un musée lui est consacré et ouvre dans sa ville natale de Shimonoseki.

Bette Davis qui l'a rencontrée aurait dit : "Je suis la Kinuyo Tanaka américaine".

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LETTRE D'AMOUR (1953) ***(*)

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L'affiche est en couleurs mais le film est en noir et blanc.

Avec Masayuki Mori, Yoshiko Kuga

Reikichi Mayumi, marin démobilisé vit chez son frère Hiroshi à Tokyo. C'est un homme taciturne marqué par la guerre au contraire de son jeune frère plein de vie et d'énergie qui gagne sa vie en achetant et revendant des livres et rêve d'ouvrir une librairie.

Reikichi est obsédé par Michiko son amour de jeunesse que ses parents ont obligée à épouser un autre homme. Par lettre, elle a avoué son amour à Reikichi et son désespoir d'en épouser un autre. Après la guerre, il apprend la mort du mari et depuis se rend chaque jour à la gare dans l'espoir de retrouver Michiko. C'est en errant dans les rues qu'il rencontre Naoto un camarade devenu écrivain public qui rédige des lettres en anglais pour de jeunes japonaises qui réclament de l'argent aux GIs américains qui les ont abandonnées. Il devient écrivain public à son tour jusqu'au jour où...

Inutile d'en dire plus si vous avez la chance de pouvoir découvrir ce film. J'évoquerais simplement une histoire qui m'a fait penser à la fois à Madame Butterfly l'opéra de Puccini et à Elle et lui de Leo McCarey. Vous l'avez compris, ce film est infiniment romantique et très cruel lors du scène nimbée de brume dans un beau parc de la ville, tout en évoquant le sort de ces femmes abandonnées par leurs amants après la guerre. Il bénéficie d'une réalisation terriblement élégante, d'une belle interprétation et est adapté d'un roman populaire de Fumio Niwa.

Commencer par ce film donne envie de découvrir tous les autres.

Lettre d'amour - Manifestations

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LA LUNE S'EST LEVEE (1955) **(*)

La Lune s'est levée - film 1955 - AlloCiné

Mokichi Asai vit près du temple bouddhique Todai-ji à Nara. Il est le père veuf de trois filles célibataires et en âge de se marier : Chizuru, Ayako et Setsuko.

C'est celui des quatre films que j'ai pu voir qui m'a le moins plu tout en restant une découverte très plaisante. Les trois soeurs sont très différentes et la plus jeune assez exubérante, envahissante est une écervelée plutôt agaçante. Elles ont comme préoccupation principale de se trouver un prétendant et ne cesse de se créer elle-même des problèmes en refusant d'accepter ou de voir leurs sentiments. C'est évidemment le moins politique et surtout le moins féministe des films de Tanaka mais ce qui lui donne une grande partie de son intérêt est la beauté exceptionnelle des décors naturels et d'intérieur.

La réalisatrice démarre et achève son film sur les célèbres biches de Nara qui fut la capitale du Japon avant Tokyo. C'est doux, calme et bucolique.

EastAsiaEN SALLES - La Lune s'est levée de Tanaka Kinuyo - EastAsia

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MATERNITE ETERNELLE (1955) ***

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Avec Yumeji Tsukioka, Ryôji Hayama, Masayuki Mori

A Hokkaido, au nord du Japon, Fumiko est malheureuse avec son mari qui la traite comme un larbin. Heureusement ses deux enfants lui donnent davantage de satisfactions et plus encore peut-être le club de poésie auquel elle participe et lui permet d'échapper au quotidien. Elle y retrouve son amie d'enfance et son mari Taku Hori dont elle est secrètement amoureuse et qui la soutient dans sa création littéraire. Lorsqu'elle découvre que son mari la trompe, elle demande le divorce et participe de plus en plus au cercle littéraire.

Lorsqu'elle est hospitalisée pour un cancer du sein, elle subit une mastectomie. C'est à l'hôpital qu'elle apprend que certains de ses poèmes sont publiés. Un critique veut la rencontrer. Elle le rejette d'abord et devant son insistance accepte. Ils vont tomber amoureux à l'hôpital.

L'histoire s'inspire de celle de la poétesse japonaise Fumiko Nakajo qui vécut une vie tumultueuse jusqu'à sa mort à 31 ans.

La réalisatrice évoque frontalement la maladie, l'ablation du sein de son héroïne et l'approche de la mort. Elle va encore plus loin ici dans la mélodrame que dans Lettre d'amour. Mais le titre est mal choisi et aurait été plus évocateur en parlant de Féminité éternelle puisque c'est à l'hôpital qu'elle redécouvre l'amour.

L'image est toujours aussi belle et envoûtante.

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LA PRINCESSE ERRANTE (1960) ****

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Adapté des mémoires de Hiro Saga épouse du frère de Pujie le dernier Empereur de Chine, publiées en 1959.

En 1937, alors que le Japon occupe la Mandchourie, Ryuko, jeune fille insouciante de bonne famille qui se destine à une carrière de peintre, apprend qu’elle a été choisie sur photo pour épouser le jeune frère de l’empereur de Mandchourie. La voilà contrainte de quitter le Japon et de s’acclimater à sa nouvelle vie de princesse. Une petite fille naît, et Ryuko est heureuse au Palais car contre toute attente les deux jeunes gens sont tombés amoureux l'un de l'autre. Mais bientôt les troupes soviétiques débarquent. Ryuko est obligée de prendre la fuite à pied, accompagnée de son enfant mais aussi de l’impératrice elle-même.

Ce film, en couleurs, est le plus romanesque de la réalisatrice qui n'a pas éludé et réussi admirablement les scènes spectaculaires d'invasion et d'exactions de l'armée. Il retrace la vie et le sort d'une jeune fille sacrifiée à la raison politique. Ce mariage entre une japonaise et un chinois devait apaiser les tensions. Il n'en fut rien mais le couple fut heureux. Lors de l'invasion en 1945 Futetsu (le mari) est fait prisonnier par les soviétiques et la vie de Ryuko se transforme en cauchemar. Obligée de fuir avec sa fille, l'impératrice et son entourage pour se rendre en Corée, elle entreprend une marche qui dure dix-sept mois. Plusieurs fois incarcérée, privée de nourriture, battue elle réussit à retourner au Japon où elle vit avec sa fille et entame une correspondance avec son mari toujours vivant.

J'ai trouvé ce film magnifique. Les couleurs sont resplendissantes. La vie bouillonnante et ponctuée de drames de Ryuko est marquée par les scènes intimes et celles plus mouvementées de foule et de combats. La réalisatrice maîtrise ces deux extrêmes.

Mon préféré des 4.

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Commentaires

  • Je n'ai rien contre moi non plus pour Carlotta Films (j'ai même une adresse postale à leur fournir s'ils veulent, même si je ne vois pas ce qu'ils y gagneraient) ;-)
    Je ne connais pas en fait... Tout comme le cinéma de Ozu ou Naruse mais toutes tes étoiles font envie...
    Il y a très très longtemps, j'ai peut-être du voir un ou deux Mizoguchi. Il est vrai que mon éveil cinématographique japonais n'a démarré principalement qu'avec Kurosawa...

  • J'ai remercié Carlotta et leur ai fait part de mon article (et mon intérêt) pour les films. J'attends qu'ils me demandent mon adresse postale. L'heure est à la rêverie...
    La princesse errante et Lettre d'amour sont vraiment EXTRAS.
    J'ai vu plein de films japonais mais j'ai honte de le dire, je me mélange les pinceaux entre les Ozu, Mizo, Kuro

  • Je crois que tu as arrêté de rêver depuis ce matin :-)
    Dommage pour eux, Carlotta ne se rend pas compte de l'influenceuse que tu es... Sur la route du ciné est devenue une institution médiatique, je ne vais voir aucun film sans avoir eu ton aval avant...

  • Pareil pour moi.

  • Oui t'as vu ça comment ils m'ont renvoyée dans mes 18 mètres ?

  • Non mais les garçons vous avez bu trop de sake ou bien ? C'est pour vous rattraper de vous être fichus de moi d'avoir confondu Pierre et Jean !!!
    Si j'étais influenceuse je vous écrirais de Dubaï et vous proposerais l'eau de mon bain (50 balles le flacon de 20 ml).
    En tout cas, vous avez fait ma soirée :-)

  • Pfiou ! Voilà qui fait envie ! Sinon, comme le Bison, j'ai dû m'initier au cinéma du Japon en commençant avec le grand Kurosawa. J'ai désormais vu pas mal d'autres classiques et ne peux que vous encourager, l'une et l'autre, à poursuivre vos explorations. Ce pays a vraiment apporté de très belles choses au septième art.

    Se mélanger les pinceaux n'est pas très grave, tant qu'on a comme toi la curiosité d'aller voir ce qui se passe de ce côté de la planète. Plusieurs films tournés là-bas sont inscrits dans mon Panthéon personnel (et pas forcément les plus connus).

  • Le cinéma japonais est tellement particulier dans le meilleur sens du terme.
    Je continue mon festival Naruse. Un bonheur.

  • Tu trouves toujours une bonne raison de caser "Elle & Lui" quelque part ! ;-)
    Elle ne manque pas d'air la Bette Davis en tout cas, elle en a réalisé combien des films elle ?
    Moi je vois plus Kinuyo Tanaka comme la Ida Lupino japonaise. Mais toi qui as vu ses films, tu seras peut-être d'un autre avis.
    Je suis très tenté par "la princesse errante". Tant que tu y es, tu peux demander à Carlotta de me faire parvenir un coffret également...

  • Ah mais si tu voyais Lettre d'amour tu comprendrais...
    La Bette a dû rencontrer la Kinuyo quand elle était l'actrice adulée et la plus populaire du Japon. Elle n'a été réalisatrice qu'à partir de 55. Mais oui on la compare à Ida.
    Je suis tellement contente d'avoir vu ses films au cinéma et triste de ne pas avoir vu les 2 autres.
    Je crois que pour ratisser large il faut voir Lettre d'amour (Strum en parle) et La princesse errante tant ils sont différents. L'un intimiste et en noir et blanc, l'autre spectaculaire et en couleurs.
    Elle avait un sens du cadre exceptionnel et ses décors naturels sont époustouflants.

  • Merci pour tes textes. Tu me donnes envie de découvrir La Princesse errante (quel beau titre !) que je n'ai pas vu. J'ai vu (et chroniqué) Maternité Eternelle, Lettre d'amour, et La Lune s'est levée. J'ai trouvé Maternité Eternelle remarquable (le meilleur des trois à mon avis), Lettre d'amour beau et touchant, La Lune s'est levée intéressant mais un peu moins bien. J'aime beaucoup le cinéma japonais qui est en réalité assez varié. Il y a beaucoup de différences entre Kurosawa, Mizoguchi et Ozu, par exemple, sans compter tous les autres. Les plus beaux films dans lesquels Kinuyo Tanaka a tournés sont ceux qu'elle a faits avec Mizoguchi.

  • Merci mais je suis loin de faire tes belles analyses. J'essaie modestement de donner envie :-)
    Comme toi j'ai moins aimé La lune s'est levée malgré des images à tomber.
    La Princesse errante est mon préféré suivi de près par Lettre d'amour et Maternité éternelle.
    Dans la Princesse j'ai été impressionnée par ce changement : scènes de guerre, d'invasion... du grand spectacle.
    J'espère pouvoir voir les deux autres.
    J'ai suivi ton conseil et reçu Contes de la lune vague après la pluie. Je le regarde dès que possible.
    Le cinéma japonais est une mine, encore actuellement.

  • Merci. Alors Les Contes de la lune vague, as-tu aimé ? J'en avais parlé. Tu pourras ensuite voir tous les autres grands Mizoguchi, car il a fait quantité de chefs-d'oeuvre. Kinuyo Tanaka est notamment formidable dans L'Intendant Sancho et Miss Oyu, tous deux sublimes.

  • Non pas encore. Je t'en parle dès que je l'ai vu.
    Et je verrai pour la suite des Mizoguchi.
    J'ai encore en haut de ma pile l'Heure suprême.
    De belles heures en perspective.

  • Merci d'avoir attiré l'attention de vos fidèles sur ce coffret: il y a tant de nouveautés qu'il aurait pu passer inaperçu... Comme je n'ai pas l'oreille de Carlotta, je crois que je vais casser ma tirelire...
    ^___^

  • Avec plaisir. Carlotta est sourde à mes appels également. Il faut effectivement casser sa tirelire.

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