L'HISTOIRE DE MA FEMME
d'Ildiko Enyedi ***
Avec Léa Seydoux, Gijs Naber, Louis Garrel, Sergio Rubbini, Jasmine Trinca
Jakob capitaine au long cours sans attache parcourt les mers. Lors d'une escale à Madère il croise un ami et lui assure qu'il épousera la première femme qui franchira le seuil du café où ils se sont retrouvés. L'ami s'amuse de cette idée, s'en va et Lizzy entre ou plutôt apparaît et s'assoie.
Jakob propose sans trop y croire à la belle, car la chance veut qu'elle soit belle, souriante et drôle, de l'épouser. Et contre toute attente Lizzy accepte non sans avoir éconduit un prétendant qui la rejoignait au café. Cette attitude cavalière aurait dû alerter Jakob sur le comportement de sa future femme. Ils se marient donc. La nuit de noces est une totale réussite et Jakob reprend la mer pour plusieurs mois, Lizzy lui assure de ne pas s'inquiéter, elle va l'attendre.
Après le très déplaisant Corps et âmes, je me suis quand même laissée tenter par le nouveau film de cette réalisatrice hongroise et j'ai bien fait. Dès les premières images magnifiques et qui le resteront jusqu'au bout, j'ai été embarquée par cette histoire peu commune qui le restera aussi. Les quelques réserves viennent de la durée du film découpé en sept chapitres sensés nous éclairer sur les états d'âme du héros. Car le pauvre va vivre un enfer parfois interrompu par quelques embellies suivant les humeurs changeantes de madame. Mais le film piétine un peu et ne nous fournit aucune clé pour comprendre cet amour tumultueux. Plus Lizzy se fait distante, déconcertante, infidèle, plus elle devient indispensable à Jakob comme si tous les obstacles qu'elle mettait à leur amour le nourrissait, le motivait.
Il s'agit de l'adaptation d'un roman de Milan Füst, best-seller de la littérature hongroise. Peut-être que sa lecture m'éclairerait davantage sur l'opacité de la personnalité de Lizzy dont on ne comprend pas toujours les ruses, les bassesses, les tromperies qui feront à peine réagir Jakob. Il la trompera à son tour, sans conviction et sans joie et lui reviendra toujours et encore. Et elle le rassurera dans un sourire : "tu t'inquiètes trop mon beau marin". Ce colosse tendre, délicat, cultivé, amoureux est totalement sous l'emprise de cette femme mystérieuse qui semble vouloir mettre du piment dans cet amour partagé en se montrant insaisissable mais cruelle. En un mot, l'amour c'est compliqué.
La réalisation élégante séduit autant que cette relation chaotique dans laquelle un géant néerlandais s'éprend d'une parisienne frivole. Le titre est trompeur. Il ne s'agit pas vraiment de l'histoire de cette femme mais des états d'âme d'un homme à la dérive. C'est romanesque et dramatique et le couple embrase l'écran. J'aime de plus en plus Léa Seydoux et son sourire insaisissable. Face à elle Gijs Naber impose un charisme XXL.
Commentaires
Complètement d'accord avec toi, ni plus ni moins, un très beau moment cinéma :)
Un film, une histoire très différents et un couple charismatique.