de Jean-Jacques Annaud ***

Avec Samuel Labarthte, Chloé Jouannet, Elodie Navarre, Pierre Lottin, Vassili Schneider, ANNE HIDALDO...

Le 15 avril 2019 la cathédrale Notre Dame de Paris, joyau du patrimoine français subissait un terrible incendie. Le sinistre détruit la toiture de la cathédrale et sa charpente du XVIIIème siècle, la flèche de Viollet le Duc et plusieurs voûtes formant le plafond.

Le film retrace heure par heure le combat des pompiers, hommes et femmes et l'invraisemblable enchaînement de calamités qui ont émaillé ce sauvetage.

On a beau connaître plus ou moins précisément le déroulement des opérations, Jean-Jacques Annaud nous plonge quasiment au coeur de brasier et réussit un formidable film d'aventures spectaculaire et intègre un suspense qui n'était pas évident tant l'événement a été amplement relayé. On peut regretter l'absence d'émotion car le réalisateur colle au plus près de l'héroïsme sans faille et de l'humilité de ces soldats du feu, je trouve quant à moi que l'absence d'hystérie et de pathos est très bienvenue.

Jean-Jacques Annaud nous ressert sa guerre du feu et franchement, ma Poupée et moi sommes restées agrippées à notre fauteuil pour suivre l'évolution des opérations. Notons qu'il n'y a eu absolument aucune victime alors que la cathédrale était pleine de monde qui assistait à une messe et de visiteurs qui recevaient des informations contradictoires sur l'histoire de l'église. Bien qu'on sache que personne n'est mort, on tremble d'un bout à l'autre et c'est le résultat d'une narration très bien menée. C'est captivant et sans temps mort.

Tout commence ce matin de printemps très doux et ensoleillé où Moumet tout nouvellement nommé gardien de la cathédrale prend son poste après avoir reçu quelques indications de son chef et être laissé devant la console des alarmes. Lorsque l'une d'entre elles se déclenche, sa (bonne) réaction est immédiate. La personne en charge de vérifier l'information (un homme asthmatique qui doit monter 300 marches) se trompe d'endroit. Le temps passe avant que les premières flammes soient visibles et les pompiers prévenus. Anne Hidalgo (dans son propre rôle mais elle n'aura pas d'Oscar pour cette prestation là non plus), "rejoue" le moment où elle aperçoit de la fumée depuis son bureau. La suite, je vous la laisse découvrir : l'incroyable périple des pompiers pour rejoindre l'édifice, circulation, embouteillage, travaux puis échelles trop courtes, lances incendie sans pression ; l'encore plus abracadabrante expédition du régisseur de Notre Dame, le très touchant Laurent Prades pour rejoindre Paris alors qu'il se trouve à Versailles : il rate son train, prend le RER, puis un vélib (le premier est crevé, le deuxième cassé, il les remet en place avant d'en trouver un troisième), est empêché d'entrer par les flics... il est le seul en possession de la clé magique qui ouvre le coffre où est conservée la Sainte Couronne et a la charge des nombreuses oeuvres d'art de la cathédrale. C'est haletant.

Le réalisateur ne tranche pas pour connaître l'origine du feu : mégot pas éteint d'un ouvrier sur place ou court-circuit provoqué par un pigeon. On peut noter que l'obsolescence de certaines installations, l'étroitesse des escaliers en colimaçon, le nombre de portes condamnées dont il faut chercher les clés (manifestement en construisant Notre Dame, Victor Hugo, je plaisante, n'a pas pensé aux normes de la sécurité incendie). Le moment drôle est une bouffée d'oxygène, lorsque le Président Macron se rend sur place (images d'archives parfaitement intégrées au film) et qu'on le met face à un leurre de l'organisation de l'intervention des pompiers pour ne pas en entraver la bonne marche.

Et puis vient le moment où se pose la question cruciale : jusqu'où des hommes peuvent-ils aller pour sauver des pierres ? Et l'on apprend que les pompiers peuvent accepter des missions suicides pour sauver des vies.

On a le droit de chipoter mais c'est palpitant.