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BRUNO REIDAL, CONFESSION D'UN MEURTRIER

de Vincent Le Port ***

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Avec Dimitri Doré, Jean-Luc Vincent, Roman Villedieu

Voici l'histoire vraie de Bruno Reidal, jeune séminariste qui, le 1er septembre 1905, étrangle puis décapite (au couteau) un enfant de 12 ans.

Après son acte il se constitue prisonnier sans la moindre résistance. Le médecin chargé de tenter de comprendre son geste, le Docteur Laccasagne et deux autres spécialistes demandent à Bruno Reidal de relater sa vie depuis son enfance jusqu'au jour du crime. "Je suis pas fou. Je veux pas l'être" affirme de sa voix douce et calme le meurtrier. La violence et la cruauté de son acte contrastent avec son physique fragile et sa voix enfantine mais fait aussi ressortir la beauté et le mystère de la nature qui est filmée ici.

Si le film s'ouvre sur le crime pour ne laisser aucun doute sur la culpabilité de Bruno, on n'en voit que le résultat sur son visage sur lequel le sang de la victime gicle. La même scène sera reprise à la toute fin avec plus de détails et d'insistance, et donc assez insupportable.

Pour son premier film, le réalisateur Vincent Le Port nous emmène dans la paysannerie du Cantal au tout début du XXème siècle. Sans vouloir justifier ou expliquer le geste abominable et impossible à légitimer, le réalisateur s'appuie sur le récit du meurtrier pour dérouler son histoire. Né dans une famille paysanne désargentée, il a 6 frères et soeurs, une mère brutale et sans tendresse qui bat ses enfants et un père, plus tendre mais alcoolique. Contre toute attente, il est un élève brillant et commence à développer de la jalousie vis-à-vis des autres écoliers qui ne subissent pas la même dureté dans leur famille. Et par la suite envers ses compagnons de séminaire beaux et fiers alors qu'il est frêle, timide et voûté.

Sa mère toujours de mauvaise humeur et violente, une agression sexuelle et surtout l'égorgement d'un cochon auront sur lui un impact décisif. Mais ce n'est bien sûr pas suffisant pour expliquer ces envies de meurtre qui le tourmentent depuis l'âge de six ans. Et il reconnaît : "Quoi que je fasse, les scènes de meurtre sont pour moi pleines de charme” et il se trouve particulièrement désemparé après être passé à l'acte que le plaisir ressenti qu'il identifie au plaisir sexuel, soit de si courte durée, qu'il le mène directement à la culpabilité et à la haine de lui-même.

Le film m'a inévitablement fait penser à cet autre film Moi, Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère de René Allio et à celui de Nicolas Philibert qui revenait de façon admirable sur les lieux du crime dans Retour en Normandie (deux films que je vous recommande grandement, trois avec celui-ci). Pierre Rivière comme Bruno Reidal nous font explorer sans les comprendre le mal et ses origines. Tous les deux ont également le point commun d'être des paysans mais loin de l'illéttrisme qu'on aurait pu attendre d'eux, ils ont relaté leurs crimes dans une langue magnifique.

L'interprétation de Dimitri Doré, jeune homme au parcours personnel atypique, révèle un talent époustouflant. Je suis sûre qu'on le reverra vite, je l'espère en tout cas.

Commentaires

  • Evidemment on pense à Pierre Rivière etc .. etc .. Je n'ai pas trop envie de voir ce genre de thème, j'attendrai une prochaine occasion pour le jeune acteur.

  • Oui c'est fou ces deux "cas" à quelques années d'intervalle.
    Je peux comprendre qu'on ne se précipite pas.

  • J'ai entendu beaucoup de bien sur ce film à priori très réussi, ton avis me conforte. Hélas, j'ai déjà une liste longue comme le bras donc je vais passer.

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