FREAKS OUT
de Gabriele Mainetti ****(*)
Avec Franz Rogowski, Claudio Santamaria, Aurora Giovinazzo, Pietro Castellitto
En 1943, Rome est occupée par les nazis. C'est là qu'Israël possède le cirque Mezzapiotta.
S'y produisent Matilde la fille électrique que personne ne peut toucher sous peine de recevoir une décharge, Cencio l'albinos qui peut contrôler tous les insectes, Fulvio l'homme-bête couvert de poils (hypertrichose pour les intimes), loup-garou à la force surhumaine et le nain Mario au corps aimant qui attire tous les objets métalliques et peut les faire se déplacer. Le conflit s'aggrave, le cirque est détruit. Les 5 amis se retrouvent à la rue. Israël leur propose de s'embarquer pour l'Amérique alors que Fulvio pas d'accord souhaiterait plutôt qu'ils travaillent tous au somptueux Zircus un cirque grandiose et réputé dirigé par Franz, un pianiste allemand nazi virtuose grâce à ses six doigts à chaque main. Il a le pouvoir de voyance et prédit le suicide d'Hitler et l'arrivée de quatre êtres aux pouvoirs surnaturels qui pourraient sauver le Troisième Reich. Franz est à la recherche frénétique de ces 4 fantastiques.
Vous souvenez-vous de On l'appelle Jeeg Robot du même Mainetti et d'un idiot de critique qui avait dit à son propos : "Si même les Italiens se mettent à faire des films de super-héros, où va le monde ?" J'avais pensé exactement le contraire évidemment et qu'enfin le film superhéroïque avait l'espoir de se sortir des omnipotentes marvèleries (que je ne renie pas). Je suis heureuse qu'on ait pas encore coupé les ailes de Gabriele Mainetti. Il passe ici à la vitesse supérieure avec ce cocktail de Monstrueuse parade, de super héros aux pouvoirs inédits, de tarantinade sous occupation nazie, mâtiné des cauchemars de Guillermo Del Toro et des monstres féliniens pour enfanter pourtant une oeuvre enthousiasmante, à part, hors normes et totalement personnelle.
Nul doute que le titre est un hommage aux Freaks de Tod Browning et le film en a parfois son ambiance onirique et merveilleuse. Je ne crains pas de dire que le réalisateur avec une ambition et une audace peu communes place son film à la frontière entre le film d'auteur et le blockbuster. A la fois divertissement, film d'aventure, fantastique et uchronie, Freaks out démontre que les monstres en apparence sont des êtres attachants plus qu'humains, que leur différence ne doit pas les exclure même s'ils peuvent considérer leurs super pouvoirs comme un handicap. Notamment celui de Matilde toujours empêchée de pouvoir étreindre ses amis au risque de les brûler. Alors que l'humain en apparence est un super méchant interprété par le génial Franz Rogowski. Lui-même doté de pouvoirs il n'a que la seule ambition de voir le Troisième Reich s'éterniser quitte à se séparer de ce qui faisait de lui un virtuose. La première scène magique où il reprend au piano le merveilleux Creep de Radiohead donne une idée de la féérie baroque dans laquelle on va être entraîné. Franz se lance à la recherche de ces mutants qui l'aideront à éviter la défaite de l'Allemagne.
Et alors qu'Israël demande à ses amis de lui confier leurs économies pour qu'il aille se procurer des passeports et quitter le pays, il disparaît. Il ne fait pas bon s'appeler Israël à naziland et les amis, sauf Matilde, croient à une trahison du vieil homme. Ils partent néanmoins à sa recherche, et leur errance en territoire nazi va être pour eux l'occasion de mille aventures dangereuses où ils côtoieront et tenteront d'échapper à toutes les horreurs propres à cette époque maudite, la déportation, les camps. Et tout ceci dans une orgie de sons, de musique et d'images flamboyantes. Avec une scène où sous l'emprise de sa drogue favorite, l'éther, Franz cauchemarde ses pires visions.
Cette ambition et cette audace formelles n'interdisent pas la profondeur du propos et nous permettent malgré tout de nous attacher fort à cette famille qui s'est choisie, monstrueuse, recomposée parfois très drôle et souvent très émouvante. La bataille finale, homérique, un peu bordélique est un sacré foutoir qui finit par bouleverser.
Commentaires
Même si j'ai trouvé la scène de bataille finale un peu longue, rencontrer ces 4 freaks à été une belle rencontre. De jolis moments magiques notamment avec les lucioles et les ampoules. Les monstres ne sont pas toujours des monstres et les humains... Beaux extraits musicaux et générique de fin
Oui la bataille est un peu longue, pour le reste j'ai été emballée, fascinée.
Je n'aurais pas dis mieux, quel beau film ! je l'ai trouvé un poil tarantinesque par moment (ça m'a un peu rappelé inglorious bastard ou Jango les scènes de mitraille sanglantes). Et j'avais beaucoup aimé jeeg robot que j'avais vu dans une salle vide !
Oui ça peut être violent mais qu'est-ce que c'est beau et doux par ailleurs !
Jeeg robot était tellement beau, j'aimerais le revoir.
J'avais adoré "... Jeeg Robot" donc forcément séduit, il y a bien quelques maladresses ou incohérences mais ça reste d'une générosité folle, référencé fortement mais parfaitement digéré et personnalisé par Mainetti. Un très bon et très beau moment
J'y pense encore.
Je regrette que si peu ait vu ce si beau film.